Pour l’heure, « l’ampleur et la vitesse de cette récession sont sans précédent » dans l’histoire moderne.
Le patron de la Banque centrale américaine a appelé mercredi les élus à tout faire, même si cela s’avère coûteux, pour éviter une longue récession dont les effets délétères frapperaient une fois encore les populations les plus fragiles.
« Un soutien budgétaire supplémentaire pourrait être coûteux, mais il en vaut la peine s’il permet d’éviter des dommages économiques à long terme et nous permet d’avoir une reprise plus forte », a estimé Jerome Powell lors d’un échange virtuel avec le Peterson Institute, un centre de réflexion de Washington.
« Le ralentissement actuel est unique en ce qu’il est attribuable au virus et aux mesures prises pour limiter ses retombées », a souligné le patron de la puissante institution financière.
A ce jour, le Congrès a fourni quelque 2 900 milliards de dollars de soutien budgétaire aux ménages, aux entreprises, aux prestataires de soins de santé ainsi qu’aux Etats et collectivités locales, « soit environ 14 % du produit intérieur brut », a-t-il rappelé.
Dans la mesure où la « reprise pourrait prendre un certain temps avant de s’accélérer », il estime que des aides supplémentaires seront probablement nécessaires pour combattre l’impact du coronavirus.
Pour l’heure, « l’ampleur et la vitesse de cette récession sont sans précédent » dans l’histoire moderne, « bien pire qu’aucune autre depuis la Seconde Guerre mondiale », a-t-il commenté.
Les gains en matière d’emplois accumulés lors de la dernière décennie ont déjà été effacés, a-t-il souligné en particulier.
En moins de deux mois, ce sont ainsi plus de 20 millions d’emplois qui ont été détruits.
Le taux de chômage a grimpé à 14,7 % en avril, son niveau le plus haut en 80 ans et un niveau comparable à ceux de la récession des années 30. En février, à 3,5 %, il était à son plus bas historique.
Les plus pauvres aussi les plus touchés
Jerome Powell a en outre fait état d’une enquête de la Fed qui sera publiée jeudi montrant que ce sont les ménages à plus faibles revenus qui souffrent le plus : parmi les personnes qui avaient un emploi en février, « près de 40 % de ceux des ménages gagnant moins de 40 000 dollars par an ont perdu leur emploi en mars ».
La vie de tous ces gens a basculé d’un seul coup et l’incertitude quand à leur avenir est grande, a-t-il souligné.
De son côté, la Banque centrale américaine a pris toute une série de mesures pour soutenir l’économie, les ménages ainsi que les entreprises : baisse des taux quasiment à zéro, assouplissement en urgence des réglementations pour permettre aux banques de prêter, injection de liquidités dans le système financier.
Reprise lente et difficile
Interrogé sur la possibilité de taux négatifs, Jerome Powell a écarté cette idée, relevant que les études sur l’efficacité d’une telle mesure étaient « partagées ».
Il a en revanche martelé que la Fed continuerait « à utiliser (ses) outils au maximum jusqu’à ce que la crise soit passée et que la reprise économique soit bien engagée ».
Pour l’heure, il estime que les mesures déployées sont les bonnes.
Cependant, il a averti que la Fed ne « dispos(ait) que de pouvoirs de prêt, pas de pouvoirs de dépenser », laissant entendre une fois de plus que le Congrès ne devrait pas hésiter à trouver davantage de moyens pour soutenir l’économie contre les problèmes à plus long terme soulevés par la paralysie de l’économie.
« Le coronavirus a laissé sur son passage un bilan humain et économique dévastateur », a-t-il également dit.
L’économie américaine devrait néanmoins se remettre « en grande partie » une fois la pandémie passée.
Mais, a-t-il admis, « on a de plus en plus l’impression que la reprise sera plus lente que nous ne le souhaitons », répétant que les élus ne devaient pas regarder en ce moment à la dépense.
Le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis a reculé de 4,8 % au premier trimestre, la baisse la plus importante depuis le quatrième trimestre 2008, époque où les États-Unis s’enfonçaient dans la Grande récession.
La chute devrait être sans précédent au deuxième trimestre, de 30 % et 40 %, selon des économistes.
Se tournant vers l’avenir, Jerome Powell a consenti qu’il faudrait revenir à des politiques budgétaires plus sages, « quand l’économie sera totalement rétablie ou du moins bien remise ».
Les États-Unis sont le pays le plus touché par la maladie Covid-19 avec un bilan de plus de 82 000 morts mardi soir.