Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

La Fed prête à réduire son soutien, l’inflation dans le viseur

AFP|Publié le 03 novembre 2021

La Fed prête à réduire son soutien, l’inflation dans le viseur

La Fed craint que redresser les taux directeurs de façon précoce ne nuise à la reprise du marché de l'emploi. (Photo: 123RF)

Washington — La banque centrale américaine (Fed) devrait annoncer mercredi la réduction progressive de son soutien à l’économie, une mesure très attendue maintenant que la reprise semble solide et que l’inflation apparaît plus forte et tenace que prévu.

La réunion du Comité de politique monétaire (FOMC), qui a débuté mardi midi, «a repris (mercredi) à 9h00, heure du Québec comme prévu», a indiqué un porte-parole de la Fed.

La décision est attendue mercredi à 14h00, avec la publication d’un communiqué de presse. Le président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell tiendra ensuite une conférence de presse à 14h30.

«La Fed devrait voter à l’unanimité pour réduire ses 120 milliards de dollars américains par mois d’achats d’actifs», a commenté l’économiste Diane Swonk, de Grant Thornton, dans une note.

Ces achats avaient permis d’éviter qu’une crise financière ne vienne se superposer à la crise économique liée à la COVID-19, en fluidifiant le crédit et poussant les taux longs à la baisse. Mais la reprise économique semble désormais solide.

Pour ramener à zéro ces injections de liquidités dans le système financier d’ici mi-2022, la Fed pourrait réduire ses achats à hauteur de 15 milliards $US par mois: 10 milliards pour les bons du Trésor, et 5 milliards pour les MBS (produits financiers adossés à des prêts immobiliers).

 

«Accélérer le calendrier»

Elle pourra alors envisager de commencer à relever les taux directeurs, abaissés dans une fourchette de 0 à 0,25% en mars 2020, face à l’expansion de la pandémie de la COVID-19.

La Fed craint que redresser les taux directeurs de façon précoce ne nuise à la reprise du marché de l’emploi.

En octobre, 571 000 emplois ont été créés par le secteur privé, un indicateur en hausse, ce qui est de bon augure pour le rapport sur l’emploi qui sera publié vendredi. Le taux de chômage est attendu en léger recul, à 4,7%.

Certaines banques centrales ont déjà relevé leurs taux: Norvège, Nouvelle-Zélande, Brésil, etc. L’Angleterre pourrait aussi annoncer une hausse jeudi.

La Banque centrale européenne (BCE) a en revanche appelé à la patience. Sa présidente Christine Lagarde a jugé mercredi «très improbable» une hausse des taux directeurs en 2022, estimant que, malgré la poussée inflationniste actuelle, les perspectives «à moyen terme restent modestes».

Et la Fed devra «peut-être accélérer (son) calendrier si l’inflation ne se modère pas assez rapidement», soulève Diane Swonk. En septembre, lors des dernières prévisions de la Fed, une hausse des taux n’était pas envisagée avant 2023.

L’inflation américaine a, en septembre, accéléré à 4,4% sur un an, au plus haut depuis 1991, mais est restée stable sur un mois, à 0,3%, selon l’indice PCE.

Cette hausse des prix s’annonce plus forte et durable que prévu, à cause des perturbations sur les chaînes mondiales d’approvisionnement couplées à une forte demande des consommateurs.

 

2% d’inflation en 2022

«La Fed sous-estime-t-elle l’inflation? Je pense que la réponse est oui», a souligné Dana Peterson, cheffe économiste du Conference Board, lors d’une conférence en ligne mercredi.

Elle s’attend à ce que le communiqué mentionne le sujet, et estime que «certains» responsables de l’institution «ont sous-estimé la persistance potentielle de l’inflation, mais reviennent maintenant là-dessus».

«La principale raison pour laquelle les prix augmentent est la COVID qui affecte la chaîne d’approvisionnement», avait déclaré mardi Joe Biden en marge de la COP26 sur le climat à Glasgow, pointant également du doigt les pays producteurs de pétrole qui rechignent à augmenter leur production, maintenant ainsi des prix élevés.

Sa secrétaire au Trésor, Janet Yellen, anticipe «que l’année prochaine s’estompent bon nombre des goulets d’étranglement actuels liés à la réouverture de notre économie», et «qu’au cours de la seconde moitié de l’année, nous voyions les taux d’inflation revenir autour des 2% que nous considérons comme normaux», a-t-elle déclaré mercredi matin sur la radio NPR.

Un autre sujet devrait être abordé lors de la conférence de presse: la succession de Jerome Powell. Son mandat de quatre ans expire en février, et il revient à Joe Biden de lui en accorder ou non un second, avant une confirmation du Congrès.

Le président américain a assuré mardi qu’il annoncerait «assez rapidement» sa décision, soulignant qu’il y avait «beaucoup de bons» candidats.