Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

La Fed réduit de nouveau son taux directeur

LesAffaires.com et AFP|Publié le 30 octobre 2019

Dans une décision qui n'a pas fait l'unanimité, la Fed a choisi d'abaisser son taux directeur entre 1,5% et 1,75%.

Dans une décision qui n’a pas fait l’unanimité, le comité de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine a choisi d’abaisser son taux directeur entre 1,5% et 1,75%.

La décision a été prise à huit voix contre deux. Les deux membres du comité de la politique monétaire dissidents, Esther L. George and Eric S. Rosengren, auraient souhaité que les taux restent stables entre 1,75% et 2%.

Dans une déclaration publiée sur son site Internet, la Fed soutient que le marché de l’emploi est demeuré fort et que l’activité économique a progressé à un rythme modéré depuis sa dernière réunion, qui a eu lieu en septembre.

Toutefois, la Fed ajoute que même si les dépenses des ménages ont progressé à un rythme soutenu, les investissements des entreprises et les exportations ont montré des signes de faiblesse.

«Sur un horizon de 12 mois, l’inflation globale et l’inflation en excluant les coûts de l’alimentation et de l’énergie évoluent sous la barre des 2%», lit-on dans un communiqué émis par la banque centrale.

Mais dans son communiqué, la Banque centrale ne promet plus formellement «d’agir pour soutenir l’expansion», ce qui pourrait signifier une pause dans l’évolution des taux à venir. 

Toutefois, une phrase-clé a disparu qui disait que la Fed «agirait de façon appropriée pour soutenir l’expansion».

Les marchés pourraient interpréter cette absence de promesse comme l’annonce que cet «ajustement de milieu de cycle», comme l’a apppelé le président de la Fed Jerome Powell, touche à sa fin.

La Fed indique désormais qu’elle «évaluera le niveau approprié des taux sur les fonds fédéraux». Jerome Powell, qui doit tenir une conférence de presse dans la foulée, pourrait répéter que la politique monétaire «n’est pas gravée dans le marbre» et que le Comité ajustera la politique monétaire au coup par coup, «réunion après réunion».

La croissance des États-Unis commence à ralentir alors qu’elle est dans sa onzième année d’expansion, signant la plus longue période de croissance de l’histoire moderne américaine.

Au 3e trimestre en rythme annuel, la croissance du PIB est tombée à 1,9%, selon la première estimation du gouvernement publiée mercredi. C’est un peu moins bien que les 2% réalisés au 2e trimestre et loin derrière les 3,1% du début de l’année.

 

Baisse des investissements

Si la croissance résiste mieux que prévu, puisque les analystes s’attendaient à pire, «on ne peut pourtant pas ignorer qu’elle s’affaiblit», a relevé Chris Low économiste pour FHN Financial.

La Fed «devrait s’inquiéter du fait que l’économie est très dépendante des ménages. Les entreprises ne contribuent plus», souligne encore M. Low alors que leurs dépenses d’investissements ont chuté pour le deuxième trimestre d’affilée.

Pour le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, «il n’y a pas de doute que la croissance mondiale ralentit» et cela tire légèrement à la baisse l’économie américaine, a-t-il affirmé lors d’un sommet économique à Riyad mercredi.

Plusieurs enquêtes auprès d’économistes américains montrent qu’environ un tiers d’entre eux craignent une récession dans les douze mois qui viennent.

Comme depuis plusieurs réunions d’affilée, le Comité monétaire est resté divisé vis-à-vis de ce nouvel assouplissement monétaire. Esther George de la Fed de Kansas City et Eric Rosengren de celle Boston s’opposent toujours à une baisse des taux d’intérêt estimant que l’activité actuelle n’en a pas besoin.

Au rang des risques pour l’économie mondiale surveillés par la Fed figurent les discussions commerciales et l’impact des tarifs douaniers.

Un accord partiel entre la Chine et les États-Unis pourrait être signé par le président Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping dans les semaines qui viennent. Mais des questions restent encore à résoudre dans les négociations avec Pékin.

La Maison Blanche a suspendu une augmentation des droits de douanes sur 250 milliards de dollars d’importations chinoises qui devait être appliquée le 15 octobre mais la possibilité d’instaurer en décembre de nouvelles taxes de 15% sur 150 milliards de dollars n’a pas été écartée.

En outre, depuis la mi-octobre, Washington a imposé, dans le cadre d’une dispute avec l’UE sur les aides à Airbus, des taxes punitives qui ont renchéri le prix de dizaines de produits agricoles importés d’Europe, comme des vins et des fromages.