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La Fed résiste à la tentation de baisser les taux

AFP|Publié le 19 juin 2019

Malgré les pressions de Donald Trump, la Fed a choisi de garder son taux directeur inchangé entre 2,25% et 2,5%.

La banque centrale américaine (Fed) a laissé mercredi les taux d’intérêt inchangés mais prévenu qu’elle était désormais sur le qui-vive pour soutenir l’économie en abaissant les taux si un ralentissement se profile. 

Dans une décision qui n’était pas unanime et alors que le président Donald Trump a fait pression pour une baisse des taux, la Fed a maintenu ceux-ci entre 2,25% et 2,50%.

Abandonnant son attitude de «patience» vis-à-vis d’un prochain ajustement des taux, le Comité monétaire (FOMC) a souligné l’aggravation «des incertitudes» économiques et «agira comme il le faut pour soutenir l’expansion», laissant entendre qu’il est prêt à assouplir sa politique monétaire.

Par rapport à début mai, la Fed a relevé que l’économie avait progressé à un rythme «modéré» au lieu de «solide» et surtout noté, dans une référence au conflit commercial avec la Chine notamment, que les incertitudes sur les perspectives avaient augmenté. 

«Vu ces incertitudes et l’atonie de l’inflation, le Comité va surveiller de près les implications des données économiques à venir» et se tient prêt à «agir», c’est-à-dire à baisser les taux.

La prochaine réunion monétaire est prévue les 30 et 31 juillet et déjà une écrasante majorité d’acteurs financiers prévoient une baisse des taux, d’après l’évolution des produits à terme.

Dès l’annonce de la Fed, les principaux indices de Wall Street se sont redressés tandis que le dollar reculait légèrement.

Le Dow Jones Industriel Average s’appréciait vers 14H10 de 0,11% tandis que le Nasdaq gagnait 0,27%. Le dollar reculait, quant à lui, d’environ 0,5% face à l’euro, à 1,1248 dollar pour un euro.

La Fed a par ailleurs abaissé sa prévision d’inflation pour cette année à 1,5% au lieu de 1,8% projeté en mars mais laissé sa prévision de croissance en l’état à 2,1%.

Un membre du FOMC, James Bullard de l’antenne régionale de Saint Louis (Missouri) a voté contre la décision car il aurait préféré baisser les taux d’un quart de point dès maintenant.

C’est la première fois depuis décembre 2017, qu’un participant s’oppose à la décision du Comité.

Pressions

Depuis quelques mois non seulement les marchés financiers et l’administration Trump font pression pour une baisse des taux, mais la première économie mondiale a montré des signes mitigés, notamment du côté de l’inflation qui ne parvient toujours pas à la cible de 2% que la Fed juge saine pour l’économie.

Aux yeux de nombreux économistes, comme ceux de JPMorgan Chase, il y a près d’une chance sur deux (45%) pour que la première économie mondiale entre en récession l’année prochaine. La Fed prévoit pourtant 2% d’expansion en 2020 au lieu de 1,9% il y a trois mois.

L’industrie manufacturière commence à montrer des signes de faiblesse, selon de récents indicateurs, et les créations d’emplois ont ralenti en mai. Mais surtout la guerre commerciale avec la Chine, avec sa menace de nouveaux tarifs douaniers punitifs, assombrit grandement l’horizon.

Le président Donald Trump a toutefois promis une reprise du dialogue avec son homologue chinois Xi Jinping au cours du sommet du G20, à la fin du mois au Japon, pour parvenir à un accord commercial.

À ces grandes tendances, s’ajoutent les invectives de Donald Trump vis-à-vis d’une banque centrale dont il conteste la politique monétaire depuis la fin de l’année.

Peu avant cette réunion monétaire, on a appris que la Maison Blanche avait activement exploré en février la possibilité de priver Jerome Powell de son titre de président pour en refaire un simple gouverneur. Un projet qui n’est «pas d’actualité maintenant», a assuré l’économiste en chef de Donald Trump, Larry Kudlow.

Mais mardi M. Trump a laissé planer le doute lorsque des journalistes lui ont demandé s’il avait l’intention de rétrograder M. Powell: «voyons ce qu’il va faire», a-t-il lancé.

Le président Trump a aussi reproché à la Banque centrale européenne (BCE) de faire chuter l’euro par rapport au dollar en projetant de stimuler à nouveau l’économie poussive, ce qui est, selon lui, «injuste» pour les États-Unis.

Le patron de la BCE Mario Draghi s’est immédiatement défendu de vouloir agir sur les taux de change.