L’institution a par ailleurs laissé ses taux d’intérêt inchangés, dans une fourchette comprise entre 0 et 0,25 %.
L’économie américaine commence doucement à se redresser, et devrait rebondir dès l’année prochaine, mais le chemin sera long, selon la Banque centrale américaine, qui a promis de laisser les taux à zéro pour un bon moment face à des incertitudes qui restent grandes.
« Nous voulons tous revenir à la normale, mais un redressement complet est peu probable jusqu’à ce que les gens soient certains de pouvoir s’engager dans une large gamme d’activités », a souligné le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) Jerome Powell, lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion monétaire.
La Fed a publié mercredi ses premières prévisions depuis le début de la pandémie qui a mis fin à plus de dix années de croissance et précipité l’économie américaine dans l’une de ses pires crises, faisant chuter le PIB de 4,8 % au premier trimestre, et sans doute encore de 20 ou 30 % au deuxième trimestre.
Le produit intérieur brut des États-Unis devrait ainsi chuter de 6,5 % en 2020, avant un fort rebond de 5 % en 2021 et une croissance plus modeste (3,5 %) l’année suivante, selon ces prévisions. En décembre, la Fed tablait sur une croissance de 2 % cette année et de 1,9 % l’an prochain.
« La crise sanitaire actuelle pèsera lourdement sur l’activité économique, l’emploi et l’inflation à court terme, et fait peser des risques considérables sur les perspectives économiques à moyen terme », a relevé la Fed dans un communiqué.
Quant au chômage, il devrait être de 9,3 % pour l’ensemble de 2020, puis reculer à 6,5 % en 2021 et à 5,5 % en 2022. Avant la pandémie, il était au plus bas en 50 ans, 3,5 %, mais avait grimpé à 14,7 % en avril avant de reculer en mai à la surprise générale.
Cette crise inédite rend difficile toute prévision, a expliqué Jerome Powell : « Nous surveillons avec attention, alors que nous apprenons et comprenons mieux le chemin de l’économie, nous allons évaluer quelle est la meilleure manière d’utiliser tous nos outils ».
Taux à zéro
La Banque centrale a maintenu ses taux dans la fourchette de 0 à 0,25 %, soit le niveau auquel elle les avait abaissés en mars lorsque le pays a commencé à instaurer des mesures de confinement face à la pandémie, mettant un coup d’arrêt brutal à l’activité économique.
Elle devrait les laisser à ce niveau très bas pendant un bon moment, au moins jusqu’en 2022. « Nous ne pensons même pas à monter les taux, nous pensons à soutenir l’économie », a encore indiqué Jerome Powell.
« Sans accès au crédit, les familles pourraient être contraintes de réduire leurs achats de première nécessité, voire de perdre leur logement. Les entreprises pourraient être contraintes à réduire la voilure ou à fermer, ce qui entraînerait de nouvelles pertes d’emplois et de revenus », a-t-il détaillé.
La Banque centrale américaine a mis en place depuis le début de la crise, qui a fait plus de 112 000 morts dans le pays, toute une palette de mesures, dont certaines inédites, pour permettre à l’économie de résister.
Elle a de nouveau promis de faire tout ce qu’elle pourrait pour soutenir la première économie du monde.
Jerome Powell a également évoqué les inégalités aux États-Unis, mises en lumière par les manifestations qui ont secoué le pays après la mort de George Floyd, un Afro-américain asphyxié par un policier blanc le 25 mai.
« Le retournement de l’économie n’a pas frappé de façon équitable. En particulier, la hausse du chômage a été particulièrement élevée pour les travailleurs avec les salaires les plus bas, pour les femmes, et pour les Afro-Américains et les Hispaniques », a-t-il déploré.
En mai, le taux de chômage a reculé à 13,3 % pour l’ensemble de la population américaine, mais a continué à augmenter, de 0,1 point, pour les travailleurs noirs, qui étaient 16,8 % à être au chômage.
Depuis le début de la crise, environ 43 millions d’Américains ont perdu leur emploi. La moitié touchait le chômage fin mai, les autres ayant retrouvé un emploi ou n’étant pas en mesure de toucher une allocation.
Le président de la Fed s’est inquiété des dommages permanents que la crise pourrait avoir sur l’économie, et in fine sur le chômage, estimant qu’« il s’agit d’un risque important (…) de dommages durables à la capacité de production des États-Unis ».