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La livre rebondit, les autorités britanniques temporisent

AFP|Publié le 27 septembre 2022

La livre rebondit, les autorités britanniques temporisent

Depuis le début de l'année, le plongeon de la livre face au dollar est vertigineux, à plus de 20%. (Photo: 123RF)

Londres — La livre sterling rebondissait mardi par rapport au dollar américain après avoir plongé lundi à son plus bas historique en réaction à un plan de dépenses massif du gouvernement conservateur de Liz Truss, les autorités britanniques promettant d’agir, mais plus tard.

«C’est le calme après la tempête», résume Russ Mould, analyste à AJ Bell, qui incite cependant à la prudence.

En montant de 0,65% à 1,0758 $ US vers 10h30, heure du Québec, la livre s’éloigne de son plus bas historique atteint la veille à 1,0350 $ US, mais reste en baisse de plus de 4% depuis vendredi et l’annonce des mesures gouvernementales.

Depuis le début de l’année, le plongeon de la livre face au dollar est vertigineux, à plus de 20%.

Témoignant de la défiance des marchés par rapport aux actifs britanniques, le rendement des titres de dette de l’État britannique à dix ans, qui monte quand la demande baisse, a atteint un nouveau sommet depuis 2008, dans la foulée de la crise financière, à 4,39%.

Le taux d’emprunt de l’État à plus court terme dépassait au Royaume-Uni celui de la Grèce, autre signe de l’inquiétude des investisseurs pour l’économie britannique.

Le gouvernement n’a pas changé de cap pour autant et tente de rassurer le marché: «le chancelier Kwasi Kwarteng a rencontré des gérants d’actifs et des assureurs et a réaffirmé son attachement à la viabilité budgétaire», a commenté le Trésor britannique dans un tweet mardi.

Sans action du gouvernement, le marché guette aussi une action déterminée de la Banque d’Angleterre (BoE).

Le chef économiste de la Banque Huw Pill a évoqué mardi la nécessité d’une «réponse conséquente de la politique monétaire», mais pas avant novembre.

La veille, le gouverneur Andrew Bailey avait déjà promis de relever les taux d’autant qu’il serait nécessaire pour juguler l’inflation, mais avait là aussi déçu le marché en indiquant que l’institut monétaire ne tiendrait pas de réunion d’urgence avant celle prévue en novembre, prônant une politique monétaire «mesurée et régulière».

 

Situation critique

Les marchés s’inquiètent d’un plan pharaonique d’aides aux factures à l’énergie et de baisses d’impôts évalué par les économistes à entre 100 et 200 milliards de livres, dont le financement et l’impact sur l’activité restent flous, et craignent un dérapage des finances publiques à l’heure où les taux d’intérêt s’envolent.

Le Trésor britannique s’est voulu rassurant dans un communiqué lundi en assurant que l’organisme public de prévisions budgétaires allait publier une évaluation «cette année».

Face à la situation critique de l’économie britannique, la Banque d’Angleterre avait relevé son taux de 0,50 point de pourcentage à 2,25% jeudi dernier.

Alors que l’inflation atteint 9,9% sur un an au Royaume-Uni, la plus élevée du G7, l’institution monétaire a aussi estimé que le Royaume-Uni était entré en récession pendant le troisième trimestre.

Ces incertitudes et les remous sur le marché obligataire se répercutent sur le marché des prêts immobiliers, des institutions comme Halifax, Virgin Money ou Skipton ayant confirmé à l’AFP avoir suspendu temporairement la vente de tout ou partie de ce type de produits pour les nouveaux clients, le temps de réévaluer leur gamme de prix.

Pendant que le gouvernement conservateur britannique de Liz Truss est à la peine, sa politique étant désavouée à la fois par les marchés et les sondages, le Labour commence à croire à un retour au pouvoir, son chef Keir Starmer accusant mardi ses rivaux d’avoir «perdu le contrôle de l’économie britannique».

Le dirigeant du parti travailliste de 60 ans présentait mardi son «plan pour une prospérité verte», qui vise à soutenir la croissance et lutter contre le réchauffement climatique, au cours du congrès annuel du principal parti d’opposition.