Ça n'empêche pas la SQDC de planifier trois nouvelles ouvertures d'ici l'été.
Trois mois après l’ouverture de ses premières succursales, la Société québécoise du cannabis (SQDC) dit avoir généré des ventes d’environ 40 millions $, mais les défis d’approvisionnement viennent mettre un frein sur l’expansion de son réseau.
Elle s’attend ainsi à ce que son réseau compte 40 points de vente en mars 2020, soit 20 pour cent de moins que les 50 évoqués dans le plan d’expansion original.
Peu de temps après la légalisation de la consommation du cannabis à des fins récréatives, le 17 octobre dernier, les tablettes des succursales de la SQDC se sont rapidement retrouvées dégarnies _ une situation qui a également été observée ailleurs dans le pays.
Rapidement, la filiale de la Société des alcools du Québec décidait de réduire ses heures d’ouvertures, ce qui faisait en sorte que ses 12 boutiques n’étaient ouvertes que quatre jours par semaine.
«Nous avons mis (l’expansion du réseau) un peu sur la glace, a expliqué le président de la SQDC, Jean-François Bergeron, au cours d’une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne. Le temps de tout relancer, cela explique la (révision) de 50 à 40 succursales.»
Celui-ci souhaite avoir du temps pour continuer à s’adapter aux recommandations du gouvernement Legault, qui a décidé d’interdire l’ouverture de boutiques à proximité des cégeps et des universités.
Même si l’offre continue de laisser des consommateurs sur leur faim, M. Bergeron estime que l’on devrait constater une amélioration d’ici la fin du printemps, lorsque de nouveaux volumes seront disponibles.
Il faudra toutefois faire preuve de patience avant que la situation soit totalement réglée, ce qui n’empêche pas la SQDC de planifier trois nouvelles ouvertures — Brossard, Joliette et Gatineau — d’ici l’été.
Le président de la SQDC n’a pas terminé sa réflexion, mais pour le moment, il compte aller de l’avant avec l’expansion du réseau même si les boutiques doivent continuer à fermer leurs portes quelques jours pendant la semaine.
«Je pense qu’il est plus judicieux pour la clientèle d’avoir un réseau plus étendu à quatre jours par semaine plutôt qu’un réseau restreint à sept jours, dit M. Bergeron. Lorsque les succursales sont ouvertes, c’est plus facile d’ajouter progressivement une journée d’exploitation.»
Le dirigeant de la SQDC n’a pas voulu se lancer dans les prévisions entourant les revenus et les profits à court terme, mais il a indiqué qu’il s’attendait à générer un surplus au terme du premier exercice complet, soit celui qui se terminera le 31 mars 2020. La filiale de la SAQ fera toutefois le point sur sa performance après six mois après le 31 mars.
M. Bergeron estime que les ventes de la SQDC ont représenté 35 pour cent du volume — soit environ 5,7 tonnes — vendu sur le marché légal canadien. Le prix moyen du gramme a été de 7,27 $, incluant les taxes, au Québec, alors que la moyenne canadienne a été de 9,70 $.
C’est toutefois sur le marché noir que le prix demeure le plus bas, à 5,50 $ le gramme, a indiqué M. Bergeron.
«Avec une offre inférieure à la demande, cela crée une pression énorme à la hausse sur les prix, a-t-il expliqué. Les producteurs savent que le marché n’est pas équilibré. Cela risque de créer une pression à la hausse à court terme.»
Le patron de la SQDC n’a pas voulu lancer la pierre aux producteurs en raison des difficultés entourant l’approvisionnement, affirmant que l’industrie était «nouvelle» et qu’elle n’existait officiellement que depuis trois mois.
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Jean-François Bergeron sur:
– Le nouvel appel d’offres:
«Il n’y a aucun producteur avec des volumes disponibles avant le printemps. Pour l’année en cours, nous voudrions aller chercher de sept à 10 tonnes de plus. Nous discutons avec 24 producteurs actuellement, mais seulement 14 ont obtenu leur autorisation de l’Autorité des marchés financiers (afin de pouvoir vendre au Québec).»
– Le processus de syndicalisation des succursales représentées par le syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce:
«C’est la prérogative des employés. Nous allons respecter le processus. Nous sommes au début de ce cycle. Les discussions viennent à peine de commencer avec les TUAC.»
– Les besoins de main-d’oeuvre de la SQDC alors qu’ailleurs, comme au Nouveau-Brunswick, il y a eu des mises à pied:
«Nous allons augmenter le nombre d’heures. Nous avons été en mesure de réorganiser les quarts de travail pour minimiser l’impact sur nos employés. Nous n’avons pas eu à faire de mises à pied et nous n’avons pas l’intention d’en faire.»