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Le bénéfice de Goldman Sachs chute

AFP|Publié le 17 janvier 2023

Le bénéfice de Goldman Sachs chute

La banque d’affaires a été touchée de plein fouet par la chute de ses activités de conseil aux entreprises. (Photo: 123RF)

New York — La banque d’affaires américaine Goldman Sachs, touchée de plein fouet par la chute de ses activités de conseil aux entreprises qui hésitent actuellement à engager de grandes opérations, a vu ses profits fondre au quatrième trimestre.

Son chiffre d’affaires a reculé sur la période de 16%, à 10,6 milliards de dollars et son bénéfice net a chuté de 69% à 1,2 milliard de dollars, des résultats inférieurs aux prévisions.

C’est le cinquième trimestre de suite que les profits de la firme de Wall Street reculent par rapport à l’année précédente.

Son action plongeait de près de 7% vers 11h20 à Wall Street.

La banque a déjà engagé des mesures d’économies pour tenter de redresser la barre: elle a annoncé en octobre une vaste réorganisation incluant une nette réduction de ses ambitions du côté des services aux particuliers et petites entreprises, a réduit ses bonus et a commencé, il y a quelques jours, à licencier 3 200 personnes.

 

«Perspectives incertaines»

Au quatrième trimestre, les revenus générés par les banquiers de Goldman Sachs accompagnant les entreprises dans les fusions-acquisitions, les entrées en Bourse ou les levées de fonds ont reculé de 48%.

Les autres grandes banques américaines ont fait face à un repli similaire de cette activité, les commissions des banquiers d’affaires ayant reculé de 58% chez Citigroup ou de 57% chez JPMorgan Chase.

«Nos clients réfléchissent beaucoup à la façon de gérer la complexité de la situation actuelle», a souligné le directeur général de la banque, David Solomon, lors d’une conférence téléphonique.

«Les patrons et les conseils d’administration me disent qu’ils veulent être prudents, particulièrement à court terme», a-t-il ajouté. «Beaucoup d’entreprises ont commencé à se préparer à des temps plus difficiles, se concentrant sur les éléments sous leur contrôle.»

Il n’y a pourtant pas encore «beaucoup de signes de détresse généralisée», «les bilans comptables des entreprises restent relativement sains», a assuré M. Solomon. «Mais il est clair que les perspectives pour 2023 restent incertaines.»

La banque a en conséquence mis plus d’argent de côté, provisionnant 972 millions de dollars au quatrième trimestre pour faire face aux éventuels impayés sur les sommes qu’elle a prêtées, notamment sur les cartes de crédit et à destination de l’immobilier.

Les autres grands établissements de Wall Street ont pris des mesures similaires: anticipant vendredi une «récession modérée», JPMorgan Chase, Citigroup et Bank of America ont augmenté leurs réserves de respectivement 1,4 milliard de dollars, 640 millions et 403 millions.

Autre source de faiblesse chez Goldman Sachs, les revenus tirés par la gestion d’actifs et de fortune ont, eux, baissé de 27%.

Les activités des courtiers se sont, en revanche, bien tenues dans le courtage des devises, matières premières et des obligations (+44%), mais ont baissé de 5% sur le marché des actions.

L’autre grande banque d’affaires américaine, Morgan Stanley, a annoncé mardi avoir dégagé des résultats meilleurs que prévu au quatrième trimestre grâce au courtage (+26%), qui a permis de compenser la baisse des revenus des banquiers d’affaires. 

Son bénéfice net a atteint 2,1 milliards de dollars sur la période, s’affichant en repli de 41% sur un an, mais au-dessus des attentes des analystes. L’action prenait environ 6%.

Quant à Goldman Sachs, sur l’ensemble de l’année, son chiffre d’affaires a reculé de 20% à 47,4 milliards de dollars tandis que son bénéfice net a été divisé par près de deux, à 10,8 milliards de dollars. Cela représente malgré tout sa deuxième meilleure performance depuis 2009, après les profits record dégagés en 2021.

Mais cette année-là «n’était pas normale», les aides de l’État attribuées aux entreprises et aux particuliers pour faire face à la pandémie ayant alors entraîné «un surplus d’activité», a estimé David Solomon.

Les résultats sur l’ensemble de l’année «ont bien résisté au regard des conditions difficiles du marché et des coûts élevés générés par les initiatives stratégiques» de la banque, a estimé David Fanger, de Moody’s.