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Le monde des affaires cible les portefeuilles de Trump

AFP|Publié le 12 janvier 2021

D’autres ont tourné leur attention vers les responsables politiques.

Après l’assaut du Capitole, plusieurs grandes entreprises américaines ont pris la décision de couper les ponts avec Donald Trump et ses plus ardents partisans, en touchant parfois directement à leurs finances.

De nombreuses figures du monde des affaires avaient rapidement dénoncé les violences après la violente intrusion de supporteurs du président américain au Congrès le 6 janvier.

Quelques-unes, comme le puissant syndicat AFL-CIO, l’investisseur milliardaire Nelson Peltz ou l’entreprise Ben & Jerry’s, ont même appelé au départ immédiat de Donald Trump.

Mais certaines entreprises ont décidé d’aller encore plus loin, au-delà des mots. 

Twitter a éjecté le président de sa plateforme de communication préférée en fermant définitivement son compte. La plateforme de vente en ligne Shopify a fermé des pages officielles vendant des articles à son effigie. Le service de paiement sur internet Stripe a décidé de ne plus gérer les transactions de son site de campagne. 

Deutsche Bank a décidé de ne plus faire affaire à l’avenir avec le président américain ou avec ses entreprises, qui représentent des clients importants, suite à l’intrusion violente de ses partisans au Congrès américain, selon le New York Times mardi.

La banque ne devrait toutefois pas complètement couper les ponts avec le locataire de la Maison Blanche puisqu’il doit encore à l’établissement financier plus de 300 millions de dollars, ajoute le quotidien. 

Deutsche Bank s’inscrit ainsi dans le sillage de nombreuses entreprises ayant décidé de ne plus avoir de liens financiers avec Donald Trump, accusé par certains d’avoir incité ses supporters à partir à l’assaut du Capitole le 6 janvier.

La dirigeante de la filiale américaine de la banque, Christiana Riley, avait sévèrement condamné l’attaque sur le réseau professionnel LinkedIn la semaine dernière, dénonçant « un jour sombre pour l’Amérique et (sa) démocratie ». 

« La violence n’a pas sa place dans notre société et les scènes qui se sont déroulées (mercredi) sont une honte pour la nation toute entière ». 

D’autres ont tourné leur attention vers les responsables politiques. 

Plusieurs sociétés comme le géant de l’hôtellerie Marriott, l’assureur-santé Blue Cross Blue Shield ou l’émetteur de cartes de crédit American Express ont indiqué qu’elles allaient cesser toute donation aux élus républicains s’étant opposés le 6 janvier à la certification des résultats de l’élection présidentielle.

Le patron d’American Express, Stephen Squeri, a souligné lundi dans un message à ses employés qu’une telle posture ne correspondait pas aux valeurs de son entreprise. 

Dans un souci de transparence, il a précisé qu’American Express avait par le passé contribué aux coffres de campagne de 22 des 139 parlementaires de la Chambre des Représentants ayant voté en faveur d’objections.

 

Pour combien de temps ?

D’autres grandes sociétés comme la banque JPMorgan Chase, le géant de l’informatique Microsoft, le réseau social Facebook ou le moteur de recherche Google ont, elles, décidé de suspendre toute activité de leur Comité d’action politique (PAC), aussi bien en faveur de républicains que de démocrates. 

Ces PAC collectent des dons versés par les employés pour les reverser à des candidats ou des partis politiques choisis par l’entreprise.

Mais il n’est pas certain que cette prise de distance du monde des affaires avec les politiques se perpétue. 

Suspendre les contributions politiques aux législateurs qui ont voté contre la certification de Joe Biden le 6 janvier « peut avoir un impact réel en envoyant le message clair que rompre avec les normes démocratiques et répandre de la désinformation ne sera pas toléré », a estimé Daniel Newman, le co-fondateur de l’organisation MapLight, qui étudie de près les financements des partis et responsables politiques.

Mais « nous avons besoin de plus qu’une autorégulation des entreprises pour réparer notre démocratie brisée », ajoute-t-il en plaidant pour une vaste réforme du financement de la politique et de la transparence gouvernementale. 

« C’est un vrai moment de vérité ? Changent-ils vraiment leur comportement ? Ou reviennent-ils à leurs habitudes après une certaine période ? » s’interroge pour sa part Bruce Freed, du Centre pour la responsabilité des politiques.

Chez JPMorgan Chase, la suspension des contributions du PAC a été décidée pour « au moins six mois », chez Facebook ce sera « pendant au moins trois mois ». 

Un porte-parole de Google a précisé que ce sera « le temps d’examiner et de réévaluer les politiques suite aux événements particulièrement perturbants de la semaine dernière », tandis que Microsoft a souligné que ce serait « le temps d’(en) évaluer les implications ».

Toutes ces entreprises peuvent aussi continuer à verser de l’argent en dehors de leur PAC, à leurs fédérations professionnelles par exemple, qui peuvent ensuite les reverser à des candidats favoris.

« Vont-ils aussi placer une limite sur ce genre de dépenses ? » s’interroge Bruce Freed.

Alors que le président élu Joe Biden a promis de relever les impôts sur les sociétés ou d’augmenter le salaire horaire minimum, les grandes entreprises vont probablement retrouver le chemin des bureaux des parlementaires dès que le nouveau Congrès sera mis en place. D’autant que les élections législatives se tiennent tous les deux ans et que les prochaines auront donc lieu dès 2022.