Le rachat de Neo Lithium n’est pas un enjeu de sécurité nationale
La Presse Canadienne|Publié le 20 janvier 2022Le site web de la société Neo Lithium présente la mine comme «l’actif de lithium de saumure prééminent dans le monde» pour répondre à la demande mondiale croissante de batteries de véhicules électriques. (Photo: 123RF)
Ottawa — La prise de contrôle imminente d’une société canadienne d’extraction de lithium par une société d’État chinoise ne soulève aucun problème de sécurité nationale, ont soutenu les libéraux fédéraux jeudi.
Le député libéral Andy Fillmore, secrétaire parlementaire du ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne, a déclaré à un comité de la Chambre des communes que le ministère de l’Industrie avait examiné l’automne dernier le projet de rachat de Neo Lithium (NLC.V, 6,42 $) par la société chinoise Zijin Mining Group (601899.SS, 10,27 $CNY).
Cet examen a conclu que Neo Lithium n’est «pas vraiment une entreprise canadienne», a-t-il déclaré au comité de l’industrie, la décrivant comme une entreprise argentine avec des administrateurs au Royaume-Uni et seulement trois employés canadiens «sur papier».
Il a soutenu que la seule raison pour laquelle Neo Lithium «avait une quelconque présence canadienne» était pour lui permettre d’entrer à la Bourse de Toronto dans le but de lever des fonds pour ce que M. Fillmore a appelé un projet de développement minier «d’apparence de plus en plus douteuse» en Argentine.
De plus, il a déclaré que le projet concernait le carbonate de lithium, et non l’hydroxyde de lithium utilisé pour fabriquer des batteries essentielles pour les véhicules électriques.
Pour ces raisons, M. Fillmore a affirmé qu’un examen officiel de la prise de contrôle en matière de sécurité nationale était jugé inutile.
«Ce sont les choses qu’ils ont trouvées, n’est-ce pas? Qu’en fait, ce n’est pas un lithium pertinent pour les intérêts de sécurité nationale du Canada et ce n’est pas vraiment une entreprise canadienne», a-t-il affirmé.
Un atout stratégique, dit Ed Fast
Cependant, le député conservateur Ed Fast, qui avait demandé la réunion d’urgence du comité pour savoir pourquoi aucun examen de sécurité formel n’avait été effectué, a déclaré qu’il était «tout simplement faux» de dire que Neo Lithium n’est pas une entreprise canadienne.
Et il a noté que le propre site web de la société présente la mine comme «l’actif de lithium de saumure prééminent dans le monde» pour répondre à la demande mondiale croissante de batteries de véhicules électriques.
«Il va sans dire, mais il convient de rappeler que les minéraux essentiels comme le lithium sont un atout stratégique, non seulement pour le Canada, mais pour le monde, et joueront un rôle essentiel dans la conduite de notre prospérité future et dans l’atteinte de nos objectifs environnementaux», a déclaré M. Fast.
Bien que la mine en question se trouve en Argentine, M. Fast a fait valoir qu’il incombe au Canada et à d’autres «alliés de libre-échange et respectueux des règles» de s’assurer que l’industrie mondiale des minéraux critiques n’est pas monopolisée par un pays, en particulier un pays dont les intérêts «sont parfois hostiles envers les nôtres».
La Chine domine actuellement l’approvisionnement mondial de lithium et de batteries.
La députée conservatrice Tracy Gray a en outre fait valoir que le carbonate de lithium peut être converti en hydroxyde de lithium pour être utilisé dans les batteries.
Mais M. Fillmore a rétorqué que le processus de conversion entraîne des coûts supplémentaires et des «implications environnementales importantes», et c’est pourquoi l’hydroxyde de lithium est privilégié.
«Je pourrais probablement fabriquer un chapeau passable avec mes chaussettes, mais je préfère de loin porter un chapeau», a-t-il déclaré.
La rencontre de jeudi a été convoquée pour examiner une motion de M. Fast, appelant le comité à tenir six réunions pour explorer la prise de contrôle de Neo Lithium et déterminer si un examen formel de la sécurité nationale aurait dû être mené.
Finalement, les membres du comité ont accepté à l’unanimité un compromis du Bloc québécois pour tenir deux rencontres sur le sujet la semaine prochaine. Le sous-comité directeur, qui doit également se réunir la semaine prochaine pour fixer l’ordre du jour du comité pour les mois à venir, pourrait décider de programmer davantage de réunions sur Neo Lithium.