Les produits des activités ordinaires ont bondi de 24%, passant de 752,7M$ l’an dernier à 933,3M$ cette année. (Photo: courtoisie)
L’action de CAE perd plus de 15% tandis que le spécialiste de la formation des pilotes et des simulateurs a pris le marché de court avec ses difficultés dans le segment militaire.
La société montréalaise a annoncé, mercredi, qu’elle inscrivait une charge de 28,9 millions de dollars (M$) liée à deux programmes militaires distincts aux États-Unis. «Les résultats dans la défense ont clairement été inférieurs à nos propres attentes», a dit le président et chef de la direction, Marc Parent, en conférence de presse.
Le secteur Défense a enregistré une perte de 30,3 millions $ au premier trimestre de son exercice 2023 (terminé à la fin juin), comparativement à un bénéfice de 22,6 M$ pour la période correspondante de l’exercice précédent.
En juin, la direction a été prise par surprise et s’est rendu compte de problèmes qui la forceraient à inscrire des charges sur deux programmes militaires aux États-Unis, raconte Marc Parent. Il assure que CAE a révisé l’ensemble de son portefeuille pour s’assurer que les charges à inscrire se limitaient à ces deux contrats.
Le premier contrat est lié à l’entraînement militaire et le deuxième contrat est lié à un simulateur «très complexe», a précisé le dirigeant.
Pour le programme de simulateur, les absences liées à la COVID-19 ont entraîné des coûts supplémentaires. «Plusieurs dizaines d’employés qui ont des qualifications de sécurité très haute et qui travaillaient en proximité rapprochée ont eu la COVID en même temps et ça a retardé la cédule de manière significative. Ça a occasionné des coûts que nous ne sommes pas capables de rattraper dans la période qui nous reste. On a aussi eu des retards significatifs de livraison de pièces.»
Pour le contrat d’entraînement, CAE avait prévu des moyens d’améliorer sa rentabilité au renouvellement, mais l’armée américaine n’a pas encore signifié son intention de le reconduire, ce qui force CAE à inscrire une charge, même si elle s’attend à ce que le contrat soit renouvelé.
Ces vents de face ont contraint CAE à réviser à la baisse ses prévisions financières. La direction anticipe désormais que le bénéfice d’exploitation augmentera de 25% au cours de l’exercice 2023 (terminé à la fin mars). Elle prévoyait une croissance de l’ordre de 35%, précédemment.
Lors d’une conférence avec les analystes, Marc Parent a précisé que la direction anticipait des difficultés liées à la chaîne d’approvisionnement, à la rareté d’une main-d’œuvre hautement qualifiée et la propagation plus rapide de la COVID-19.
«Même sans ces deux programmes, la rentabilité aurait été basse et ça aurait quand même été plus bas que nous aurions prévu. Si ça n’avait pas été des charges, je pense que nous aurions été capables de maintenir nos prévisions.»
L’annonce de mercredi devrait inciter à la prudence, juge l’analyste Tim James, de Valeurs mobilières TD. «Nous croyons que le changement aux prévisions et, ce qu’il implique pour la prévisibilité des bénéfices, justifie une plus grande prudence en ce moment.»
Les difficultés du secteur de la défense ont pris le marché de court. Pour l’ensemble de ses activités, le bénéfice net de CAE a chuté de 92% à 3,7 M$ au premier trimestre, comparativement à 47,3 millions $ au même moment l’an dernier.
Les revenus, pour leur part, ont bondi de 24%, passant de 752,7 M$ l’an dernier à 933,3 M$ cette année.
La société a dévoilé un bénéfice ajusté par action de 6 cents, contre 19 cents à la même période l’an dernier. Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 23 cents, selon la firme Refinitiv.
Malgré les difficultés du secteur de la défense, Marc Parent a réitéré que la demande dans la défense demeurait forte tandis que l’invasion russe en Ukraine et les tensions politiques à Taiwan rappellent l’importance du secteur militaire.
L’action de CAE perdait 5,86 $, ou 17,62%, à 27,39 $ à la fermeture de la Bourse de Toronto.