Transat a obtenu gain de cause contre le Groupe Mach devant le Tribunal administratif des marchés financiers.
Le Tribunal administratif des marchés financiers interdit à Groupe Mach d’acheter un important bloc d’actions de Transat A.T., bloquant ainsi les démarches du groupe immobilier visant à faire dérailler la vente du voyagiste à Air Canada – une transaction qui semble de plus en plus probable.
Rendue lundi, cette décision est intervenue au lendemain de la bonification de l’offre de la plus importante compagnie aérienne au pays, qui allonge 200 millions $ de plus. Cela a fait décoller le cours de l’action de la société mère d’Air Transat à la Bourse de Toronto, qui a clôturé à 16,75$, en hausse de 4,96$, ou 42,07%.
Air Canada propose désormais 18$ pour chaque action du voyagiste, comparativement à 13$ auparavant. L’offre totale atteint ainsi environ 720 millions $, par rapport à 520 millions $ précédemment.
Principal actionnaire de Transat A.T. avec une participation de 19,3%, Letko, Brosseau et associés avait signalé, plus tôt cet été, son intention de voter contre la transaction si le prix offert par Air Canada demeurait à 13$ par action. La firme a toutefois changé son fusil d’épaule à la suite de la nouvelle mouture de la transaction dévoilée dimanche, en soirée.
Mach souhaitait acquérir 19,5% des actions de catégorie B de Transat A.T. en proposant 14$ par titre dans le but de voter contre l’offre d’Air Canada – qui doit recueillir l’appui d’au moins les deux tiers des actionnaires du voyagiste – le 23 août.
La décision du tribunal, qui cite un «abus clair des marchés des capitaux» de la part de Mach, signifie que le groupe immobilier n’est pas autorisé à acquérir des actions dans le cadre de son plan et doit restituer rapidement aux actionnaires les actions déjà déposées.
Le directeur des affaires publiques chez Transat A.T., Christophe Hennebelle, a laissé entendre que l’offre bonifiée d’Air Canada était survenue à la suite de discussions avec les principaux actionnaires de la société, notamment le Fonds de solidarité FTQ, la Caisse de dépôt et placement du Québec et PenderFund Capital Management.
«C’est évidemment la décision d’Air Canada», a-t-il indiqué, au cours d’un entretien téléphonique.
Des critiques de Groupe Mach
Le président de Mach, Vincent Chiara, a quant à lui écorché de nouveau les dirigeants de Transat A.T. en raison de leur appui à la proposition d’Air Canada.
«Ils doivent encore rendre des comptes aux actionnaires sur les raisons pour lesquelles ils ont endossé cette offre de 13$ par action comme ils l’ont fait», a déclaré M. Chiara à La Presse canadienne, au cours d’une entrevue téléphonique. Si nous n’avions pas fait ce que nous avons fait, cet accord a été conclu à 13$. Il n’y avait pas d’autre offre. Air Canada allait payer 200 millions $ de moins.»
M. Chiara a déclaré avoir reçu des appels de parties intéressées pour faire une offre conjointe concurrente, mais a dit ne pas être «sûr que nous soyons prêts à y aller».
«Nous ne sommes pas encore prêts à prendre une décision, a-t-il déclaré. Mais je dois admettre que c’est une offre réelle (d’Air Canada). C’est finalement une offre réelle.»
Transat A.T. a accepté d’augmenter ses frais de rupture de 40M$.
L’analyste Doug Taylor de Canaccord Genuity a estimé que l’offre d’Air Canada présentait «un potentiel élevé afin d’obtenir le soutien nécessaire des actionnaires».
«L’accord n’est toujours pas acquis d’avance», indiqué l’analyste, dans une note.
Vote à venir
Les actionnaires de Transat A.T. devraient voter sur l’offre d’Air Canada le 23 août, qui devrait encore faire l’objet d’un examen minutieux de la part de Transports Canada et du Bureau de la concurrence.
Air Canada et le voyagiste détiennent ensemble une part du marché transatlantique de 60% depuis le Canada, se chevauchent sur certaines destinations soleil et maintiennent leur emprise sur les voyages aériens à Montréal.
Les pilotes d’Air Transat, représentés par l’Air Line Pilots Association, ont déclaré vendredi, avant l’apparition de la nouvelle offre, soutenir l’acquisition d’Air Canada, citant «une plus grande protection de la main-d’oeuvre et une sécurité de l’emploi».