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Les banques américaines en bonne santé, mais prévoyantes

AFP|Publié le 18 juillet 2022

Les banques américaines en bonne santé, mais prévoyantes

Les consommateurs dépensent certes plus à la pompe, le prix de l'essence ayant grimpé à un niveau record en juin aux États-Unis, mais aussi plus dans les restaurants et pour les voyages, a remarqué Brian Moynihan de Bank of America lundi. (Photo: 123RF)

New York — Les grandes banques américaines ont brossé à l’occasion de leurs résultats trimestriels le tableau d’une économie américaine résiliente et de clients, particuliers comme entreprises, plutôt bien armés pour faire face aux risques grandissants de turbulences économiques.

Inflation galopante, confiance des consommateurs en berne, guerre en Ukraine, incertitude sur la politique de la banque centrale américaine (Fed), persistance des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement: les dangers pour la croissance sont multiples, ont reconnu les patrons de ces établissements. 

Tous ces éléments «sont très susceptibles d’avoir des conséquences négatives sur l’économie mondiale à un moment donné», a relevé jeudi Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase.

Les entreprises doivent notamment faire encore plus attention à la «sécurité», a souligné vendredi son homologue chez Citigroup, Jane Fraser: énergétique, informatique et maintenant alimentaire.

Personne n’a de «boule de cristal» pour deviner ce que la Fed va décider pour tenter de contrôler l’inflation, mais «il ne fait pas de doute que les conditions économiques se resserrent» et que cela «va affecter la confiance des entreprises et l’activité des consommateurs», a aussi mis en avant le PDG de Goldman Sachs, David Solomon, lundi. 

Dans ce contexte, JPMorgan Chase, Citigroup, Wells Fargo et Goldman Sachs ont un peu augmenté les réserves mises de côté pour faire face aux éventuels impayés de leurs clients. 

Mais rien à voir avec la situation du début de la pandémie, quand les établissements de Wall Street gonflaient leurs coussins de sécurité à coups de milliards.

Bank of America a même légèrement diminué ses réserves, estimant que la réduction de l’incertitude liée à la pandémie et les faibles taux actuels de non-remboursement l’emportaient sur «l’impact de perspectives macroéconomiques moins solides».

Les banques américaines sont en effet d’accord sur un élément: leurs clients sont dans leur ensemble en bonne santé financière. 

 

Plus de restos et de voyages

Même sans les aides du gouvernement versées pendant la pandémie, les particuliers dépensent encore allégrement avec leurs cartes de crédit et de débit (+10% chez JPMorgan Chase comme chez Bank of America).

L’inflation au plus haut en plus de 40 ans aux États-Unis participe à cette progression. Mais pas seulement.  

Les consommateurs dépensent certes plus à la pompe, le prix de l’essence ayant grimpé à un niveau record en juin aux États-Unis, mais aussi plus dans les restaurants et pour les voyages, a remarqué Brian Moynihan de Bank of America lundi.

Ils déposent aussi plus d’argent sur leur compte et remboursent correctement leurs emprunts, a-t-il ajouté. 

Même si le sentiment général a changé, peu de données suggèrent pour l’instant que les États-Unis sont au bord d’une récession», a affirmé Jane Fraser vendredi. 

Si on s’en tient aux chiffres, «il n’y a aucune indication d’une faiblesse» de l’économie, avait relevé la veille le directeur financier de JPMorgan, Jeremy Barnum.

«Il faut vraiment creuser pour dénicher quelques signaux d’alerte», comme le fait que Wells Fargo a accordé un peu moins de prêts immobiliers au deuxième trimestre, estime Stuart Plesser, spécialiste du secteur bancaire chez S&P Global Ratings. 

«On entend parler partout d’une détérioration de l’économie, de la possibilité d’une récession, mais les résultats des banques ne reflètent pas ces inquiétudes», ajoute-t-il.

Même son de cloche pour Quincy Krosby, de LPL Financial, pour qui «les banques font preuve de précaution» sans toutefois dire que «l’économie est en récession».

La principale inquiétude à ses yeux concerne les personnes aux plus bas revenus, qui vont commencer à puiser un peu plus dans leurs économies, voire à utiliser leurs cartes de crédit, pour payer les factures. 

Côté purement financier, toutes les grandes banques ont vu leurs bénéfices chuter par rapport à un deuxième trimestre particulièrement lucratif en 2021.

Certaines, comme Goldman Sachs ou Citigroup, ont toutefois fait mieux que prévu par les analystes grâce en particulier à leurs activités de courtage sur des marchés très agités. 

Avec la remontée des taux engagée en mars par la Fed, les établissements ayant une importante activité de banque de détail ont aussi enregistré une nette hausse de leurs revenus nets d’intérêts, soit la différence entre les intérêts gagnés sur les prêts accordés et ceux versés aux épargnants. 

Toutes ont en revanche vu les commissions générées par leurs banquiers d’affaires, ceux qui conseillent les entreprises souhaitant racheter un concurrent, entrer en Bourse ou lever de l’argent, chuter au vu de l’incertitude sur l’économie mondiale et des turbulences sur les marchés.