En Bourse, les résultats étaient accueillis de façon contrastée. Wells Fargo grimpait vers 10h50, heure du Québec, de 4,6% tandis que JPMorgan reculait de 4,8% et Citi de 1,9%. (Photo: 123RF)
New York — Les grands établissements de Wall Street ont dégagé des bénéfices en forte hausse en 2021 grâce à un impact moins sévère que craint de la pandémie et les activités solides de leur banque d’affaires, même si quelques éléments se sont assombris en fin d’année.
JPMorgan Chase a gagné 48,3 milliards de dollars américains sur l’ensemble de l’année, un record. Citi a vu son bénéfice net doubler à 22 milliards tandis que celui de Wells Fargo a été multiplié par six, à 21,5 G$US.
La performance a toutefois été un peu moins bonne au quatrième trimestre pour JPMorgan Chase et Citi, leur bénéfice net reculant respectivement de 14% et 26% en raison de dépenses opérationnelles plus élevées.
Ces grandes banques ont réduit tout au long de l’année les sommes mises de côté au début de la pandémie pour couvrir les éventuels impayés des particuliers et entreprises.
Renfloués par les aides du gouvernement et les injections massives de la banque centrale américaine dans l’économie, leurs clients ont en fait majoritairement conservé une bonne santé financière.
«L’économie continue de bien se porter malgré les difficultés liées au variant Omicron, à l’inflation et aux goulets d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement», a souligné le patron de JPMorgan, Jamie Dimon, dans un communiqué.
Dans sa banque, les dépenses des particuliers sur leurs cartes de débit et de crédit ont encore augmenté de 26% au quatrième trimestre tandis que leurs dépôts ont progressé de 20%. Chez Citi, les volumes de dépenses sur les cartes de crédit ont aussi grimpé de 20%.
Leurs clients ont aussi moins emprunté, retirant une source de revenus aux banques.
Au quatrième trimestre, le montant total des prêts accordés aux particuliers et petites entreprises était encore en baisse de 1% chez JPMorgan tandis que les clients de Citi ont continué à rembourser plus activement qu’habituellement leurs dettes.
Sur l’ensemble de l’année, les banques ont aussi fait face à de bas taux d’intérêt, qui limitent l’argent qu’elles peuvent gagner sur les sommes qu’elles prêtent.
Les taux d’intérêt et les liquidités de la banque centrale ont en revanche incité de nombreuses entreprises à engager de grandes manœuvres.
Les banquiers apportant des conseils aux sociétés souhaitant lever de l’argent ou effectuer des opérations de fusions-acquisitions ont été particulièrement actifs. Au quatrième trimestre, leurs commissions ont encore bondi de 43% chez Citi, de 37% chez JPMorgan.
Inflation
Les activités liées aux marchés financiers, qui avaient été particulièrement volatiles en 2020, ont pour leur part baissé en fin d’année.
Sur l’ensemble de 2021, le chiffre d’affaires de JPMorgan a augmenté de 1% pour atteindre 121,65 milliards $US, celui de Citi a reculé de 5% à 71,9 milliards $US, et celui de Wells Fargo a progressé de 6% à 78,5 milliards $US.
Wells Fargo, plombée pendant plusieurs années par le scandale de la création de comptes fictifs, a aussi tiré son épingle du jeu au quatrième trimestre, avec un chiffre d’affaires en hausse de 13% et un bond de son bénéfice net de 86%.
En Bourse, les résultats étaient accueillis de façon contrastée.
Wells Fargo grimpait vers 10h50, heure du Québec, de 4,6% tandis que JPMorgan reculait de 4,8% et Citi de 1,9%.
C’est en partie un rattrapage après une remontée du secteur bancaire à Wall Street ces dernières semaines, alimentée par l’anticipation d’une hausse des taux d’intérêt par la banque centrale américaine en 2022.
Certains points ont aussi déçu les analystes, dont la baisse plus forte que prévu du courtage de produits financiers à revenus fixes comme les obligations, indique Gregori Volokhine, gérant de portefeuille chez de Meeschaert Financial Services.
La banque JPMorgan a par ailleurs prévenu qu’elle n’allait peut-être pas atteindre à court terme son objectif sur un élément clé de rentabilité (le retour sur fonds propres tangibles) en raison de plusieurs défis, dont une augmentation encore modérée des taux, une croissance des prêts inférieure à 10% et une hausse des dépenses plus forte que prévu à cause des pressions inflationnistes, sur les salaires notamment.
Pour le directeur financier de Citi, Mark Mason, l’inflation est un élément à surveiller de près, «surtout si cela se transforme en une envolée des salaires ou des prix». Mais pour l’instant, a-t-il ajouté lors d’un breffage avec des journalistes, la demande des consommateurs reste élevée. «Il est encore trop tôt pour prédire ce qui va se passer», a-t-il souligné.