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Les marchés se dirigent vers leur pire semaine depuis 2008

AFP|Publié le 27 février 2020

Tokyo a donné le la avec une chute de plus de 2 % face aux menaces grandissantes que fait peser la crise sanitaire.

Les indices boursiers mondiaux se sont enfoncés dans la dépression jeudi, se dirigeant vers leur pire semaine depuis 2008, tandis que l’épidémie de nouveau coronavirus s’étend à travers la planète. 

Tokyo a donné le la avec une chute de plus de 2 % face aux menaces grandissantes que fait peser la crise sanitaire sur l’organisation des Jeux olympiques.

Mis à rude épreuve depuis lundi, les marchés européens ont tous fini en baisse de plus de 3 % : de Paris (-3,32 %) à Londres (-3,50 %), de Francfort (-3,19 %) à Madrid (-3,55 %) ou encore Amsterdam (-3,75 %). La place milanaise a lâché 2,66 %.

En une semaine, l’Euro Stoxx, l’indice boursier rassemblant de grandes valeurs de la zone euro, affiche désormais près de 10 % de recul (-9,60 %).

Vers 13H00, Wall Street se repliait nettement : le Dow Jones, qui a abandonné plus de 10 % par rapport à son record atteint le 12 février, pliait de 2,23 %, le Nasdaq de 2,41 % et le S&P 500 de 1,57 %. 

Dans le même temps, le pétrole a poursuivi sa dégringolade jeudi, fléchissant de plus de 4 %.

« L’environnement de marché est assez déprimé. Il n’a pas encore cédé à la panique, mais il y a de premiers signes de capitulations d’investisseurs », observe auprès de l’AFP Andrea Tuéni, analyste de Saxo Banque.

« On est en train d’enregistrer la pire semaine depuis 2008 sur les marchés. En variation hebdomadaire et en vitesse du mouvement, c’est assez similaire à ce qu’on a pu connaître en 2008 », décrit le spécialiste.

Outre les inquiétudes croissantes liées au coronavirus, les marchés affrontent des « vents de panique sur des seuils techniques » qui entraînent « des ventes forcées », c’est-à-dire intervenant automatiquement en se basant sur des algorithmes, explique à l’AFP Laurent Gaetani, gérant chez Degroof Petercam.

L’anxiété des investisseurs grimpe à mesure que l’épidémie de Covid-19 se répand à travers la planète et « si jamais le coronavirus devait arriver vraiment aux États-Unis, il est possible que la chute s’accentue », même si le président américain Donald Trump s’est voulu rassurant mercredi soir, poursuit le spécialiste.

Le nouveau coronavirus a contaminé plus de 81 000 personnes et fait plus de 2 760 morts dans le monde. Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé a estimé jeudi que l’épidémie a atteint un « point décisif », appelant les pays à agir « rapidement » pour endiguer ce « virus très dangereux ». 

L’épidémie semble avoir atteint un pic en Chine où le nombre de décès quotidiens continue de diminuer. Mais l’épidémie de Covid-19 concerne désormais une quarantaine d’autres nations.

 

L’espoir de mesures de soutien

Face à cette diffusion, plus personne ne doute de l’impact de l’épidémie sur la croissance mondiale, même s’il est encore difficile à évaluer.

D’ores et déjà, nombre d’entreprises ont révisé leurs objectifs à la baisse ou fait montre de prudence en faisant sans aucune ambiguïté le lien avec le coronavirus, à l’instar de la banque Standard Chartered, du numéro un mondial de la bière AB InBev, ou du groupe aérien Air France-KLM.

Des plans d’urgence avec financement immédiat sont prêts à être déployés, notamment par le Fonds monétaire international, pour venir en aide aux pays qui ne parviendraient pas à faire face à une épidémie du nouveau coronavirus.

Dans l’UE, Bruxelles envisage de proposer dans un mois, si c’est nécessaire, « des mesures d’accompagnement » aux secteurs économiques fragilisés par le coronavirus, a indiqué jeudi le commissaire européen à l’Industrie, Thierry Breton.

« Une réponse de politique monétaire est possible, les marchés jouent avec l’idée de baisse des taux aux États-Unis » pour soutenir l’économie, écrit aussi La Banque Postale Asset Management dans une note.

Sur les indices, les secteurs technologiques ont été laminés : le TecDax des valeurs technologiques a lâché 3,33 % sur la séance et plus de 9 % en quatre jours.

À l’inverse les valeurs refuges faisaient le plein, à commencer par la dette des pays les plus solides. Le taux d’emprunt à 10 ans de l’Allemagne descendait nettement, signe d’une forte demande, tout comme celui des États-Unis.