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Les pilotes d’Air Canada acceptent l’entente

La Presse Canadienne|Mis à jour le 10 octobre 2024

Les pilotes d’Air Canada acceptent l’entente

L’Association internationale des pilotes de ligne (ALPA) a déclaré que les aviateurs ont voté à 67% en faveur de la ratification. (Photo: Christinne Muschi La Presse Canadienne)

Les pilotes d’Air Canada ont donné leur feu vert à un accord de principe avec la compagnie aérienne, dissipant ainsi toute crainte d’une future grève.

L’Association internationale des pilotes de ligne (ALPA) a déclaré que les aviateurs ont voté à 67% en faveur de la ratification.

L’entente accorde aux 5400 pilotes du transporteur une augmentation salariale cumulative de près de 42% sur quatre ans.

Cette augmentation dépasse les gains importants obtenus l’année dernière par les pilotes des trois plus grandes compagnies aériennes américaines, où les hausses de salaire variaient entre 34 et 40 % — bien qu’elles aient commencé à partir d’un niveau de base plus élevé.

Malgré la forte augmentation, le fait qu’environ un tiers des pilotes ont voté pour rejeter l’accord révèle une division sur des questions telles que les horaires de travail, la qualité de vie et un écart salarial important entre les nouveaux employés et les équipages plus expérimentés.

«Cela montre qu’il y a place à l’amélioration, a affirmé Charlene Hudy, qui préside le contingent d’Air Canada du syndicat. Il y a actuellement un contingent de mes pilotes qui ne sont clairement pas d’accord avec moi.»

«Ce n’est pas un accord parfait», a-t-elle indiqué aux journalistes lors d’une conférence téléphonique. 
Néanmoins, Mme Hudy a souligné qu’il s’agissait du plus gros contrat de travail des 87 ans d’histoire de l’entreprise, ajoutant 1,9 milliard de dollars de valeur à l’accord précédent. 

«Nous avons poussé Air Canada aussi loin que nous le pouvions pour en tirer le plus de valeur possible», a-t-elle fait valoir.

Air Canada a également salué l’approbation des pilotes.

«Il s’agit d’un accord avantageux pour les deux parties, grâce auquel nos pilotes continueront d’être les mieux payés au Canada et profiteront des améliorations qu’ils demandaient en matière d’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle, a déclaré le président et chef de la direction, Michael Rousseau, dans un communiqué. Par ailleurs, l’accord donne à notre société la souplesse dont elle a besoin, tout en lui permettant de créer un cadre pour sa croissance future et celle de son réseau.»

L’entente de principe, conclue à la mi-septembre après plus d’un an de négociations, a permis d’éviter une grève qui aurait entraîné l’annulation de 670 vols et affecté 110 000 passagers par jour.

Au cours des dernières semaines, le syndicat a organisé des tournées de présentation aux membres de l’accord potentiel.

Mme Hudy avait prévenu ses collègues lors d’une assemblée publique virtuelle le mois dernier qu’elle démissionnerait s’ils choisissaient de rejeter l’accord, augmentant les enjeux alors que les pilotes se demandaient s’ils devaient accepter les gains salariaux ou essayer de négocier un autre accord. La Presse Canadienne a obtenu une copie de sa déclaration et a confirmé son contenu auprès de deux pilotes.


Un plus grand pouvoir de négociation

Une pénurie mondiale de pilotes, une volonté de maintenir les réservations et une mise en garde du gouvernement fédéral selon laquelle il n’interviendrait pas en cas d’arrêt de travail ont toutes contribué à donner au syndicat un pouvoir de négociation plus important que celui dont il avait pu disposer lors des négociations une décennie plus tôt, a déclaré Jacques Roy, professeur de gestion des transports à l’école de commerce HEC Montréal. 

«Air Canada a probablement pensé qu’il serait préférable pour elle d’accorder l’augmentation et d’acheter un peu de tranquillité, une certaine stabilité dans ses opérations, même si cela signifie que ses coûts d’exploitation augmenteront», a-t-il affirmé. 

L’accord précédent comportait des augmentations de salaire de 2 % par an sur une période de 10 ans. 
Environ 99 % des pilotes admissibles ont voté lors de la consultation, a indiqué le syndicat.

Le contrat entre en vigueur immédiatement, rétroactif à septembre 2023 et expirant le 29 septembre 2027.

Les pilotes bénéficieront d’une augmentation de salaire de 26 % pour l’exercice financier qui vient de s’écouler et de hausses de 4 % en 2024, 2025 et 2026.

En vertu de la nouvelle convention et des précédentes, les pilotes gagnent beaucoup moins au cours de leurs quatre premières années au sein de l’entreprise avant de bénéficier d’une forte augmentation de salaire à partir de la cinquième année.

Certains employés avaient fait pression pour que soit complètement supprimée la disposition dite du «taux fixe», selon laquelle les revenus restent stables, quel que soit le type d’avion piloté. (En règle générale, les salaires augmentent avec la taille de l’avion.) Mais l’accord fraîchement signé ne ferait que réduire la période de quatre ans de salaire inférieur à deux ans, selon une copie de la convention obtenue par La Presse Canadienne.

Même au cours des troisième et quatrième années, les salaires seraient considérablement inférieurs à ceux de la cinquième année. Le taux horaire augmente de près de 40 % la cinquième année, une hausse bien plus importante que pendant toute autre période, indique l’accord.

En supposant que les pilotes travaillent environ 75 heures par mois — une base courante dans l’industrie — les nouvelles recrues gagneront désormais entre 75 700$ et 134 000$, contre près de 187 000$ la cinquième année et plus de 367 000$ pour un commandant de bord expérimenté aux commandes d’un Boeing 777.

Avec les récentes embauches, des experts affirment que plus d’un tiers des quelque 5200 pilotes actifs du transporteur pourraient actuellement gagner des salaires de premier échelon. Beaucoup d’entre eux ne sont pas fraîchement sortis de l’école, mais arrivent à Air Canada après de longues carrières dans d’autres compagnies aériennes.

Par Christopher Reynolds