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Les analystes revoient à la baisse les prévisions de réduction des taux d’intérêt de la Banque du Canada après la hausse de l’inflation
Le taux d’inflation annuel du Canada a grimpé à 2,0% en octobre, contre 1,6% en septembre, ce qui a incité les économistes à revoir à la baisse les prévisions d’une nouvelle réduction d’un demi-point du taux d’intérêt de la Banque du Canada.
Bien qu’ils soient supérieurs aux estimations des analystes qui tablaient sur une hausse de 1,9%, les derniers chiffres de l’inflation sont conformes à l’objectif de la Banque du Canada. La hausse de l’indice des prix à la consommation s’explique en grande partie par l’augmentation des prix de l’essence, une hausse substantielle des taxes foncières et d’autres coûts par rapport à l’année précédente, selon les dernières données de Statistique Canada.
Le rapport, la dernière mise à jour de l’inflation avant la décision de la banque centrale du 11 décembre, a modifié les attentes des économistes, la plupart d’entre eux penchant désormais pour une réduction de 25 points de base lors de la dernière réunion de l’année.
De combien la Banque du Canada va-t-elle réduire ses taux?
Le retour de l’inflation à 2% indique que l’ensemble de l’économie reste relativement stable. Toutefois, l’inflation de base (qui exclut les coûts volatils de l’alimentation et de l’énergie) s’est élevée à 2,6%, ce qui est supérieur à la plupart des estimations qui tablaient sur 2,4%. L’IPC d’octobre suggère que les pressions inflationnistes restent relativement fortes, selon Ben Jang, gestionnaire de portefeuille chez Nicola Wealth. «Cela diminuera probablement les chances d’une réduction des taux de 50 points de base en décembre et guidera la Banque du Canada vers une réduction plus conventionnelle de 25 points de base avec la normalisation de l’inflation», dit-il.
Royce Mendes, directeur général et responsable de la stratégie macroéconomique chez Desjardins, a réagi de la même manière, préconisant une réduction de 25 points. «Nous pensons que les acteurs du marché et les économistes qui s’attendaient à une deuxième baisse consécutive de 50 points de base [en décembre] se rallieront au camp du quart de point», déclare-t-il.
Les économistes se tournent à présent vers les prochains chiffres du PIB, le 29 novembre, et le prochain rapport sur l’emploi, le 6 décembre, à la recherche de tout indicateur qui pourrait nécessiter une nouvelle baisse importante des taux.
Le rapport de mardi sur l’IPC «devrait réduire encore un peu plus la pression en faveur d’une nouvelle réduction de 50 points de base du taux d’intérêt de la Banque du Canada en décembre», a écrit Douglas Porter, économiste en chef de BMO, dans une note aux investisseurs. Avec l’attente d’importantes révisions à la hausse du PIB [à venir], «nous devrons voir un rapport sur l’emploi [de novembre] vraiment difficile pour inciter à une autre réduction agressive», ajoute-t-il.
Dustin Reid, vice-président et stratège en chef des titres à revenu fixe chez Placements Mackenzie, continue de pencher «[vers une réduction] de 50 points de base avant quelques autres données clés avant la réunion de décembre de la Banque du Canada». La banque centrale canadienne a entamé son cycle d’assouplissement de la politique monétaire cette année en juin, et elle a depuis réduit le taux d’intérêt de référence à quatre reprises, dont une importante réduction lors de sa dernière réunion. «Actuellement à 3,75%, la banque centrale considérerait son taux directeur comme restrictif, et elle voudra probablement le ramener à l’intérieur de la fourchette neutre estimée entre 2,25% et 3,25% au cours des prochains trimestres», indique Dustin Reid.
Ce que les chiffres de l’IPC révèlent sur l’économie canadienne
Après la baisse de l’inflation du mois précédent, la plupart des économistes s’attendaient à un retour à une inflation plus proche de 2% d’une année sur l’autre. «C’est ce que nous avons constaté», déclare Ben Jang. «Le carburant continue d’être un frein, mais dans une moindre mesure, l’IPC hors carburant ayant augmenté de 2,2%.»
Le rapport sur l’inflation montre que le ralentissement de la hausse des prix du logement a été compensé par l’augmentation des prix des denrées alimentaires, en particulier des fruits et légumes. Cependant, le rythme de croissance des prix des logements pourrait avoir un impact surdimensionné sur l’économie canadienne. «Il est important de voir les prix du logement migrer lentement vers des niveaux plus normaux, car une accélération rapide serait plus problématique en termes de décision de taux de la Banque du Canada», explique Ben Jang.
Le logement — y compris les investissements résidentiels tels que la construction de nouveaux logements, les rénovations et les services immobiliers — représente une part importante du PIB canadien. Pas moins de trois sous-composantes du logement — les intérêts hypothécaires, les loyers et les taxes foncières — figurent parmi les cinq principaux facteurs d’inflation annuelle.
Selon Dustin Reid, si les données d’octobre sur l’inflation semblent indiquer que la demande globale dans l’ensemble de l’économie n’est peut-être pas aussi faible que certains le prévoyaient, «des informations supplémentaires sur le comportement des consommateurs au troisième trimestre doivent être publiées avant que nous puissions en avoir une idée plus précise».
Ce que le rapport sur l’IPC signifie pour les marchés
Il est peu probable que le dernier taux d’inflation modifie les perspectives à long terme des investisseurs canadiens. Les taux d’intérêt au Canada — tant le taux directeur de la banque centrale que les rendements obligataires pour les investissements à court et moyen terme — semblent encore trop élevés et doivent baisser, selon Dustin Reid. «Cela devrait être bénéfique pour les investisseurs canadiens à revenu fixe», dit-il, mais il prévient que cela signifiera probablement une baisse du dollar canadien par rapport au dollar américain dans les mois à venir.
Le huard n’a cessé de s’affaiblir par rapport au dollar américain cette année, une tendance qui, selon les analystes, pourrait se poursuivre. Cette évolution s’explique par les nouvelles baisses de taux anticipées par la Banque du Canada et par la divergence croissante entre les reprises économiques (et par conséquent, les monnaies) des pays voisins. «Le moteur le plus important pour les investisseurs canadiens restera l’évolution de la politique américaine, tant de la part de la Réserve fédérale que de la future administration Trump», affirme Dustin Reid.
Une baisse importante du huard pourrait offrir une lueur d’espoir aux investisseurs canadiens qui détiennent des actions ou des fonds étrangers. Lorsque ces investissements sont reconvertis en dollars canadiens, ils bénéficient d’un coup de pouce supplémentaire grâce à la faiblesse de la monnaie.
Ben Jang conseille de se concentrer sur les entreprises de qualité dont les bilans sont solides et qui se négocient à des valorisations attrayantes. «La Banque du Canada est toujours sur la voie de nouvelles réductions des taux d’intérêt, ce qui devrait soutenir les actions à dividendes avec un avantage relatif en termes de rendement», déclare-t-il. Il ajoute que des secteurs comme les télécommunications et les fiducies de placement immobilier se distinguent par leurs antécédents en matière de dividendes soutenus et croissants, ce qui en fait des options attrayantes dans le contexte actuel.