Les programmes de soutien du revenu freinent-ils la reprise?
Marie-Pier Frappier|Publié le 27 août 2021Depuis plus d’une décennie, dès que l’on entend le mot «pénurie», on y accole presque automatiquement le mot «main-d’œuvre». Au Québec, l’un ne va plus sans l’autre, surtout depuis le début de la pandémie de COVID-19.
Depuis 2009, rappelle la Financière Banque Nationale (FBN), la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante réalise un sondage mensuel auprès de ses membres sur la question de la pénurie de main-d’œuvre.
En juillet dernier, jusqu’à 30% des petites entreprises ont déclaré qu’une pénurie de main-d’œuvre non qualifiée était un obstacle à leur activité. Cette lecture est essentiellement au même niveau que le record enregistré en octobre 2018.
À cette époque, le taux de chômage n’était que de 5,9%, bien en deçà des 7,5% calculés par Statistique Canada il y a un mois.
Comme le montre le graphique préparé par l’équipe de Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale, lorsque le taux de chômage se situait autour du niveau actuel du cycle précédent, seulement 15 % des entreprises ont déclaré que les pénuries de main-d’œuvre étaient un problème. C’est la moitié moins qu’aujourd’hui.
La FNB reconnaît qu’une partie de la raison de cette anomalie peut être une inadéquation entre le type d’emplois proposés par les entreprises et le profil des travailleurs en marge.
À son avis toutefois, la générosité des programmes de soutien du revenu a été un frein au retour au travail. « Il est anormal qu’il y ait une difficulté à recruter de la main-d’œuvre peu qualifiée alors que ce sont les emplois à bas salaires qui n’ont pas encore été récupérés, mentionne Matthieu Arseneau dans son étude. Alors que le gouvernement a commencé à réduire sa générosité en août et que les programmes sont censés se terminer en novembre, les entreprises devraient constater des améliorations dans le recrutement dans les mois à venir.»