Une image de l'entrée en Bourse de Lightspeed, à la Bourse de Toronto, survenue en mars dernier. (Photo: courtoisie)
BLOGUE INVITÉ. Lightspeed, un fournisseur de système de point de vente basé sur le nuage électronique, est récemment arrivé sur le marché boursier moyennant une valorisation de plus d’un milliard de dollars. Ce fut une grande victoire pour la communauté technologique montréalaise. Les produits de Lightspeed aident à remplacer les anciens systèmes encombrants que l’on trouve dans de nombreux restaurants et détaillants. Nous n’avons pas d’opinion sur le titre comme tel, mais les activités de la société font partie d’une tendance de plus en plus répandue, celle du logiciel offert comme service ou du SaaS (Software as a service).
Il y a deux décennies, lorsqu’un entrepreneur en technologie souhaitait créer une entreprise de technologie, il devait débourser un énorme coût initial pour les logiciels et les systèmes informatiques comme les serveurs et l’équipement de stockage de données. Avec l’introduction de services comme AWS (Amazon Web Services), les entrepreneurs peuvent maintenant se concentrer sur leurs opérations principales telles que le développement et la gestion de personnel, et laisser le stockage et la puissance de calcul aux fournisseurs de services de nuage informatique comme AWS, Google Cloud et Microsoft Azure. Ce qui était autrefois une dépense en immobilisation est maintenant une charge d’exploitation.
Une analogie de Jeff Bezos décrit bien la tendance actuelle. En visitant une brasserie luxembourgeoise vieille de 300 ans, il a remarqué une génératrice électrique installée il y a environ 100 ans. De tels systèmes étaient courants à l’époque, car le réseau électrique n’était pas encore complètement établi. Le fait que la brasserie produit sa propre électricité n’améliore en rien le goût de la bière. Et il serait complètement fou aujourd’hui de voir une start-up générer sa propre électricité. Au fil du temps, il deviendra de plus en plus bizarre de voir les entrepreneurs technologiques «produire» leur propre puissance de calcul alors qu’ils peuvent simplement se concentrer sur la création de produits de qualité.
La réduction d’investissements en informatique libère des ressources pour attaquer plusieurs anciennes industries et transformer la vente de biens en services. Prenez Spotify par exemple et son service de diffusion de musique en continu. Avant son arrivée, il y avait l’iPod. Bien qu’il s’agisse d’une avancée numérique, il fallait acheter et télécharger la musique et l’utilisateur était limité par la capacité de stockage sur son appareil. Auparavant, nous étions contraints par de volumineux lecteurs CD et les Walkmans. Avec les services de musique en continu, la majorité de la musique sur la planète est à portée de main, et ce pour seulement 9,99$ par mois! Une innovation vraiment merveilleuse quand on y pense.
Il existe d’autres exemples de cette tendance. Shopify, une autre compagnie canadienne, fournit un service d’abonnement qui permet aux entrepreneurs de démarrer et d’exploiter leur entreprise. Pour seulement 29,99$ par mois, Shopify permet aux entrepreneurs de démarrer leur boutique en ligne, et de gérer certains aspects du marketing, de l’expédition et des paiements. La popularité du service auprès des entrepreneurs a fait de Shopify la société SaaS ayant atteint le plus rapidement le chiffre d’affaires du milliard de dollars US.
En conclusion, nous pensons qu’une vague de transformation est amorcée et les investisseurs doivent s’assurer à ne pas se faire prendre du mauvais côté!
Nous prendrons une pause de blogue la semaine prochaine, à l’occasion de l’assemblée annuelle de Barrage Capital.
Patrick Thénière, CIM, Associé Barrage Capital