Les revenus des ménages ont eux enregistré une plus forte croissance en mars qu’en février. (Photo: 123RF)
Washington — L’inflation a rebondi en mars aux États-Unis, selon l’indice PCE, privilégié par la banque centrale américaine, la Fed, et publié à quelques jours de sa prochaine réunion, ce qui devrait l’encourager à attendre avant de commencer à abaisser les taux.
La hausse des prix a accéléré à 2,7% sur un an en mars, contre 2,5% en février, selon l’indice PCE publié vendredi par le département du Commerce.
Les analystes tablaient sur une accélération à 2,6% seulement, selon le consensus de MarketWatch.
Sur un mois seulement, en revanche, l’inflation est comme attendu restée stable, à 0,3%.
L’inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l’alimentation et de l’énergie, reste elle aussi stable, à 0,3% également sur un mois, et 2,8% sur un an.
«Alors que l’inflation a chuté de plus de 60% par rapport à son sommet», la publication de ces chiffres «renforce l’importance de nos efforts continus pour réduire les coûts», a déclaré Lael Brainard, principale conseillère économique de Joe Biden, dans un communiqué de la Maison-Blanche.
À 6 mois désormais de l’élection présidentielle, le rebond de l’inflation prend une tournure politique.
Lael Brainard a ainsi assuré que «le président Biden se bat pour réduire les plus grosses factures auxquelles les familles sont confrontées. […] Cela contraste fortement avec les républicains du Congrès».
Inflation «élevée»
Les revenus des ménages ont eux enregistré une plus forte croissance en mars qu’en février, +0,5% contre +0,3%. Mais la hausse des dépenses est restée identique, à +0,8% sur un mois.
Ces chiffres signalent «que l’économie continue de se développer et que l’inflation est élevée», commente Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics.
L’indice PCE d’inflation est celui que la banque centrale américaine (Fed) veut ramener à 2%. Ce rebond devrait l’encourager à la patience, et à maintenir «plus longtemps» ses taux à leur niveau actuel de 5,25-5,50%, au plus haut depuis plus de 20 ans, pour éviter de voir les prix flamber de nouveau, ajoute l’économiste.
Une autre mesure de l’inflation, l’indice CPI, sur lequel sont notamment indexées les retraites aux États-Unis, avait également continué à accélérer le mois dernier, à 3,5% sur un an.
Cela avait conduit le président de la Fed, Jerome Powell, à avertir qu’il faudrait sans doute «plus longtemps que prévu» pour avoir confiance dans le retour durable de l’inflation vers l’objectif de 2%.
Les marchés qui, il y a quelques semaines encore, tablaient sur une première baisse des taux dès le mois de juin, l’attendent désormais plutôt pour septembre, voire même novembre, selon l’estimation de CME Group.
D’autant plus que le marché de l’emploi reste vigoureux, et le taux de chômage très bas, à 3,8% en mars.
La croissance a ralenti
La Fed se réunit mardi et mercredi, et les analystes guetteront toute indication qu’elle pourra donner sur ses intentions.
Un chiffre, cependant, est venu jeudi montrer que les actions de la Fed pour faire baisser l’inflation ne sont pas vaines: celui de la croissance économique au premier trimestre, qui a fortement ralenti.
À 1,6% en rythme annualisé, contre 3,4% au 4e trimestre 2023, la croissance du produit intérieur brut (PIB) est même tombée à son plus bas niveau depuis près de deux ans, après une année 2023 qui avait pourtant surpassé toutes les espérances.
Cela pourrait contribuer à faire pencher la balance de la Fed dans l’autre sens, et la convaincre de ne pas non plus attendre trop longtemps avant de commencer à abaisser ses taux. Car si elle agit trop tard, l’économie, et donc l’emploi, pourraient souffrir.
En avril, la confiance des consommateurs aux États-Unis est restée relativement stable, selon l’estimation finale de l’Université du Michigan publiée vendredi également, entre incertitudes liées à l’élection présidentielle de novembre, et rebond de l’inflation.
Le niveau de confiance s’est ainsi dégradé chez les ménages les plus âgés et les électeurs républicains, mais a connu une amélioration pour les plus jeunes, ainsi que chez les électeurs démocrates et indépendants.
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