«Trump prix bas, Kamala prix élevés», affichaient certains panneaux du candidat républicain. (Photo: Samuel Corum Getty Images)
Washington — L’inflation a rebondi en octobre aux États-Unis, pour la première fois depuis le mois de mars, à +2,6% sur un an contre +2,4% en septembre, le sujet étant l’une des principales préoccupations des électeurs américains, ayant contribué à l’élection de Donald Trump.
Sur un mois, la hausse des prix est de 0,2%, une hausse identique à celle du mois précédent, selon l’indice CPI publié mercredi par le département du Travail.
Cette évolution de l’inflation est conforme aux attentes des analystes.
L’indice mesurant les prix du logement a représenté «plus de la moitié de la hausse sur un mois, a précisé le département du Travail dans son communiqué.
L’inflation dite sous-jacente, qui exclut les prix volatils de l’alimentation et de l’énergie, est elle restée identique en octobre à celle de septembre, à 0,3% sur un mois et 3,3% sur un an, comme attendu.
« La reprise a été âpre, mais nous faisons des progrès pour les familles de travailleurs », a commenté la principale conseillère économique de Joe Biden, Lael Brainard, dans un communiqué.
« Nous continuerons à lutter pour réduire les coûts pour les familles dans des domaines clés comme le logement et les soins de santé, et contre les politiques qui compromettraient nos progrès dans la réduction de l’inflation », a-t-elle également assuré.
«Trump prix bas, Kamala prix élevés»
La flambée des prix aux États-Unis depuis 2021 a joué un rôle très important dans l’élection de Donald Trump. Les électeurs ont sanctionné le camp démocrate de Joe Biden et Kamala Harris, considéré comme responsable de cette inflation, de n’avoir pas su la faire baisser plus vite.
Les prix ont augmenté de plus de 20% depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, dans un contexte d’inflation internationale liée à la reprise économique post-COVID.
«Trump prix bas, Kamala prix élevés», affichaient certains panneaux du candidat républicain, plantés sur des pelouses.
Donald Trump a promis aux Américains de régler ce problème, à coup de baisses d’impôts notamment. Mais aussi de hausses généralisées de droits de douane, qui pourraient cependant, alertent de nombreux économistes, provoquer un rebond de l’inflation.
«Le programme de politique économique de M. Trump menace d’empêcher l’inflation (…) de revenir à l’objectif», fixé par la Réserve fédérale (Fed) à 2%, relève Samuel Tombs, chef économiste US pour Pantheon Macroeconomics.
Il a également évoqué également l’impact probable sur la main-d’œuvre des expulsions massives d’immigrés en situation illégale promises par Donald Trump, ainsi que les baisses d’impôts à partir de 2026 qui « pourraient aggraver un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande ».
«Fluctuations»
L’inflation a fortement reflué depuis son pic de 9,1% en juin 2022.
Et ces « fluctuations » de l’indice CPI « n’enlèvent rien au fait que les fondamentaux restent désinflationnistes », a commenté Greg Daco, chef économiste pour EY, dans une note d’analyste.
Ce rebond devrait cependant compliquer le travail de la banque centrale américaine, la Fed. À la manœuvre pour faire baisser l’inflation, elle avait relevé ses taux, afin de peser sur la demande et, in fine, desserrer la pression sur les prix.
L’inflation ayant fortement ralenti, la Fed a entamé un assouplissement de sa politique monétaire, pour éviter de trop faire ralentir l’activité américaine, ce qui risquerait de faire grimper le chômage.
Jeudi, elle a ainsi abaissé ses taux pour la deuxième fois d’affilée. Ceux-ci se situent désormais dans la fourchette de 4,50 à 4,75%, après avoir plafonné pendant plus d’un an à leur plus haut niveau depuis le début des années 2000, rendant l’accès au crédit difficile pour les ménages américains et pour les entreprises.
La prochaine réunion de la Fed aura lieu les 17 et 18 décembre, et une nouvelle baisse d’un quart de point est attendue par les acteurs du marché, selon l’outil de CME Group.
Le reste de l’économie américaine affiche une belle santé, avec une croissance du PIB un peu moins forte qu’espéré au troisième trimestre, à 2,8% en rythme annualisé, mais près de deux fois plus élevé que dans la zone euro.
Et le taux de chômage reste faible, à 4,1%, malgré des créations d’emplois très faibles en octobre, à cause d’ouragans et de grèves.