(Photo: Getty Images)
San Francisco — Meta (META), la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, a vu ses profits s’envoler au deuxième trimestre, portés par ses performances dans la publicité en ligne, et malgré la hausse continue des dépenses dans l’intelligence artificielle (IA).
Son bénéfice net a grimpé de 73% sur un an, à 13,5 milliards de dollars américains (G$US), pour un chiffre d’affaires de 39G$US (+22%), soit le haut de la fourchette de ses prévisions et au-delà des attentes des marchés.
L’action du groupe californien prenait plus de 2% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York mercredi.
Comme pour Google la semaine dernière puis Microsoft mardi, le marché s’intéresse avant tout aux dépenses des grands groupes technologiques dans l’IA générative — souvent jugées trop importantes — et aux potentiels retours sur investissement — pas assez rapides.
Mais «Meta a gagné la patience des investisseurs en investissant dans sa vision future», a réagi Jasmine Enberg de Emarketer.
«Ils digèrent plus facilement les dépenses liées à l’IA […] parce que l’activité publicitaire principale de Meta est solide», a-t-elle ajouté.
Le géant des réseaux sociaux, sanctionné en Bourse au premier trimestre à cause de la hausse des dépenses, a de nouveau relevé la fourchette de ses investissements en capitaux, désormais comprise entre 37 et 40G$US pour cette année.
Assistant IA
Depuis le succès de ChatGPT, les géants des technologies conçoivent et déploient à marche forcée des modèles et applications capables de produire des contenus de bonne facture sur simple requête en langage courant.
Mais ces modèles nécessitent de nouvelles infrastructures techniques, beaucoup d’énergie, des ingénieurs très qualifiés, etc.
Les groupes informatiques ne peuvent pas se permettre d’être « à la traîne », a déclaré Mark Zuckerberg, fondateur et patron de Meta, lors d’une interview récente à Bloomberg, sinon ils « ne sont pas en mesure de se positionner sur la technologie la plus importante des 10 à 15 prochaines années ».
Meta a dévoilé en avril la nouvelle version de Meta AI, son assistant qui répond aux questions des utilisateurs, comme ChatGPT. Il a gagné en visibilité sur les plateformes du groupe et en compétences grâce à Llama 3, la dernière version du modèle d’IA de Meta, comparable à GPT-4 (OpenAI) et Gemini (Google).
« Meta AI est bien parti pour être l’assistant d’IA le plus utilisé d’ici la fin de l’année », a indiqué Mark Zuckerberg, cité dans le communiqué de résultats.
En avril, il avait assuré vouloir devenir « la première entreprise d’IA au monde », tout en reconnaissant qu’il faudrait sans doute « plusieurs années » avant que les efforts en ce sens ne portent leurs fruits.
« Meta a peut-être commencé comme une société de réseaux sociaux, mais elle se rapproche de plus en plus d’une entreprise d’IA », estime Debra Williamson de Sonata Insights.
Publicité
Meta dispose d’un atout de taille: ses revenus massifs dans la publicité numérique.
« Et contrairement à Google, qui fait face à des changements qui auront un impact sur son activité principale de publicité, la plupart des investissements de Meta dans l’IA visent soit à améliorer le fonctionnement de la publicité sur ses plateformes, soit à créer de nouvelles fonctionnalités qui pourront à terme devenir des sources de revenus », a-t-elle précisé.
La capacité des modèles à répondre aux questions des utilisateurs, voire à converser avec eux, promet en effet de bouleverser la recherche en ligne. Google a lui-même lancé au printemps « AI Overviews » (« Aperçus IA »), et OpenAI vient d’annoncer tester un moteur de recherche qu’il aimerait intégrer à ChatGPT.
Meta a de son côté lancé de nouvelles fonctionnalités pour générer des revenus sur WhatsApp et via les Reels, ces courtes vidéos divertissantes copiées à TikTok.
« L’introduction prudente de publicités sur les Reels a conduit à un alignement des planètes entre l’augmentation des possibilités pour les marques et la hausse du prix moyen des annonces », a commenté Max Willens de Emarketer.
« Avec des marges aussi saines qu’elles le sont, les investisseurs de Meta devraient être à l’aise avec les investissements vigoureux de la société dans ses projets d’avenir. »
Même si la branche Reality Labs, chargée du développement d’appareils et de logiciels pour le métavers (mélange des univers réels et virtuels via des lunettes et casques high tech), a de nouveau creusé ses pertes à 4,5G$US ce trimestre.