Sept titres technologiques, dont Meta Platforms, dominent complètement le S&P 500 depuis le début de l'année. (Photo: Getty Images)
Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) a dégagé 5,7 milliards de dollars de bénéfice net au premier trimestre, en baisse de 24% sur un an, mais meilleur qu’attendu par le marché, après des licenciements massifs et dans un contexte économique défavorable.
D’après son communiqué de résultats publié mercredi, le groupe californien a vu son chiffre d’affaires progresser légèrement sur la période, à 28,65 milliards de dollars, après trois trimestres consécutifs de baisse.
Son titre prenait environ 10% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.
« Meta a commencé à se remettre du désastre qu’a été 2022, mais elle reste en mauvaise posture », a commenté Debra Aho Williamson, analyste d’Insider Intelligence. « C’est l’ombre d’elle-même comparé avec la société qui s’est imposée en tant que leader numérique ces 15 dernières années. »
En 2022, le groupe californien a connu deux premières depuis son entrée en Bourse en 2012: ses recettes publicitaires ont décliné et Facebook a perdu des utilisateurs (avant d’en regagner).
Des employés découragés
Les revenus de Meta souffrent de la diminution des budgets des annonceurs publicitaires à cause de l’inflation (et de la hausse des taux d’intérêts), de la concurrence de TikTok et des changements règlementaires d’Apple, qui brident les capacités des réseaux sociaux à récolter les données des utilisateurs leur permettant de vendre des publicités ultra ciblées.
Sans compter Amazon, souligne Debra Aho Williamson.
« Les annonceurs veulent communiquer avec les consommateurs là où ils font leurs achats, pour plus d’efficacité. Les espaces publicitaires sur les sites de ventes en ligne sont parfaits pour cela. Meta doit réagir face à cette menace », explique l’analyste.
Selon son cabinet d’études, Meta détiendra 20% du marché mondial de la publicité numérique en 2023, soit sa plus petite part du gâteau depuis 2018.
« En plus, ses efforts de réorganisation et de réductions des coûts sont de plus en plus désordonnés. Les employés sont découragés. Meta risque de perdre son sens de l’innovation qui l’a propulsé à ce niveau », relève Debra Aho Williamson.
Face aux contraintes macro-économiques, Mark Zuckerberg, le patron du groupe, a déclaré en début d’année que 2023 serait « l’année de l’efficacité » et que la société deviendrait ainsi un lieu de travail « plus agréable » pour les employés, car « ils pourront accomplir plus de choses ».
Meta a donc lancé de nouveaux licenciements en mars, soit une réduction des effectifs de près de 25% en moins de six mois. L’entreprise n’avait jusqu’ici jamais lancé de plan social en 20 ans d’existence.
Nouveaux revenus
En parallèle, le groupe doit investir dans l’intelligence artificielle, coqueluche actuelle de la tech, alors que Reality Labs, sa branche chargée de développer le métavers, a perdu près de 4 milliards de dollars au premier trimestre. Elle a déjà enregistré des pertes nettes de 13,7 milliards en 2022.
Mark Zuckerberg avait rebaptisé le groupe Facebook en Meta fin 2021 pour donner une nouvelle direction à la société, vers plus de réalités augmentée et virtuelle, mais l’enthousiasme est retombé en 2022.
Les réseaux Facebook et Instagram cherchent de leur côté à diversifier leurs sources de revenus avec « Meta Verified », un abonnement à partir de 12 dollars par mois, lancé en mars pour authentifier son compte sur ces plateformes et bénéficier d’autres privilèges.
Meta travaille en outre sur un nouveau réseau social, dont la description évoque Twitter, en plein bouleversement sous Elon Musk.
« Nous réfléchissons à un réseau social décentralisé et indépendant permettant de partager des messages écrits en temps réel », avait confirmé Meta à l’AFP le mois dernier, après une information du site spécialisé Platformer.
Plus de 3 milliards de personnes dans le monde se servent chaque mois d’au moins une des plateformes du groupe: Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp.