«Des pharmacies telles que Walmart ont joué un rôle indéniable dans la perpétuation de la destruction provoquée par les opiacés», a commenté la procureure générale de New York, Letitia James, dans un communiqué séparé. (Photo: 123RF)
New York — La chaîne américaine de supermarchés Walmart va verser 3,1 milliards de dollars américains aux États-Unis pour mettre fin à des poursuites engagées par des États et des collectivités pour son rôle dans la crise des opiacés dans ce pays.
L’action bondissait de près de 6% à l’ouverture de la séance de Wall Street.
Comme les chaînes de pharmacies CVS et Walgreens, qui ont accepté début novembre de payer chacune 5 milliards de dollars dans des accords similaires, l’entreprise est accusée d’avoir distribué massivement des antidouleurs aux opiacés sans s’émouvoir du nombre élevé de prescriptions.
«Des pharmacies telles que Walmart ont joué un rôle indéniable dans la perpétuation de la destruction provoquée par les opiacés», a commenté la procureure générale de New York, Letitia James, dans un communiqué séparé.
La surprescription d’opiacés, qui a débuté à la fin des années 1990, a conduit à une crise qui a fait plus de 500 000 morts en 20 ans.
Même si la tendance s’est inversée depuis 2016, ces médicaments ont créé des dépendances et poussé certains patients à se tourner vers des drogues comme l’héroïne ou le fentanyl.
Cette crise a donné lieu à des myriades de procédures contre les entreprises, qui se résolvent peu à peu.
Le laboratoire Purdue, considéré par beaucoup comme le déclencheur de la crise des opiacés en raison de la promotion agressive de son médicament antidouleur OxyContin, a ainsi déposé le bilan tandis que les fabricants de médicaments Johnson & Johnson (J&J), Teva ou Allergan, ainsi que les distributeurs, McKesson, AmerisourceBergen ou Cardinal Health, ont accepté de verser plusieurs milliards.
Walmart conteste les accusations sur son rôle dans cette crise et souligne que l’accord n’inclut aucune admission de responsabilité. Mais le groupe estime que solder les poursuites est «dans le meilleur intérêt de toutes les parties».
En plus de l’argent versé, l’entreprise s’est engagée à mieux surveiller les prescriptions pour éviter les fraudes et les ordonnances suspicieuses.
Repas de l’Action de grâce
L’accord sur les opiacés, annoncé mardi en même temps que ses résultats trimestriels, s’est traduit par une charge de 3,3 G$US dans les comptes de l’entreprise, ce qui a conduit à une perte nette de 1,8 G$US pour la période allant d’août à octobre.
Son activité s’est toutefois bien tenue et, en ne prenant pas en compte cet élément exceptionnel, la chaîne de supermarchés a dégagé des résultats supérieurs aux attentes. Son chiffre d’affaires a notamment augmenté de 8,7% pour atteindre 152,8 G$US.
Cette progression «montre clairement que le positionnement de l’entreprise autour des prix bas attire les clients», remarque Neil Saunders du cabinet GlobalData. Selon ses données, Walmart gagne des parts de marché auprès de tous les ménages, y compris aux revenus les plus importants.
«Le coût des articles du quotidien restant obstinément élevé dans trop de catégories, de plus en plus de clients nous choisissent pour nos prix et notre éventail de produits», a souligné le patron de l’entreprise, Doug McMillon, lors d’une conférence téléphonique.
Aux États-Unis, le groupe s’est notamment arrangé pour proposer des prix similaires à l’an dernier pour le traditionnel repas de Thanksgiving, fin novembre.
Encouragé par cet afflux de clients attirés par les prix bas dans ses magasins en cette période d’inflation, le groupe a relevé ses prévisions pour l’année.
Walmart s’attend désormais à une hausse de son chiffre d’affaires de 5,5% pour son année comptable, qui se termine fin janvier, contre 4,5% auparavant.
La société table parallèlement sur une baisse de son bénéfice opérationnel de 6,5% à 7,5%, ce qui est moins que le repli de 9% à 11% prévu jusqu’à présent.
Walmart avait prévenu cet été que ses marges seraient rognées cette année par l’inflation, qui pèse sur le budget de ses clients. Ces derniers dépensent en conséquence plus pour l’alimentation et l’essence et moins pour les autres marchandises, aux marges généralement plus élevées.
Pour réduire ses stocks, le groupe a annulé des commandes et proposé des rabais importants dans les magasins sur les vêtements et autres gros articles. Fin octobre, ses inventaires n’étaient plus en hausse que de 13% sur un an contre +26% fin juillet.