Postes Canada a déclaré avoir perdu 315M$ avant impôts au troisième trimestre, contre une perte avant impôts de 290M$ un an plus tôt. (Photo: La Presse Canadienne / Christinne Muschi)
Postes Canada a vu des centaines de millions de dollars s’envoler de ses coffres au cours du dernier trimestre, en grande partie en raison de la diminution de sa part du marché des colis, tandis qu’une grève en cours continue de nuire à ses résultats financiers.
Postes Canada a déclaré vendredi avoir perdu 315 millions de dollars (M$) avant impôts au troisième trimestre, contre une perte avant impôts de 290M$ un an plus tôt.
«La concurrence de plus en plus exacerbée du marché de la livraison des colis du cybercommerce a continué de peser sur les résultats du secteur des colis au troisième trimestre de 2024», a déclaré Postes Canada. Le nombre de colis a chuté de six millions, soit près de 10 pour cent d’une année à l’autre.
Les volumes de courrier postal ont également continué de diminuer, bien que les revenus aient légèrement augmenté en raison d’une hausse du prix des timbres, a indiqué la société d’État.
Les résultats financiers difficiles mettent Postes Canada sur la voie d’une «autre perte importante» en 2024, ce qui marquerait la septième année consécutive dans le rouge.
Les résultats financiers surviennent alors que Postes Canada doit faire face à l’arrêt de ses activités en raison d’une grève d’environ 55 000 travailleurs à travers le pays.
Les deux parties négocient entre autres sur les salaires, la sécurité d’emploi et les conditions de travail.
En raison de l’arrêt soudain des livraisons (les chèques de prestations gouvernementales font partie des rares exceptions), les activités d’autres entreprises d’expédition ont augmenté.
«Nous avons constaté une augmentation à deux chiffres des volumes d’une semaine à l’autre, alors que nous continuons de répondre aux besoins des Canadiens en cette période chargée», a déclaré Purolator, détenue majoritairement par Postes Canada, dans un courriel envoyé mardi.
FedEx a mis en place un «plan d’urgence» pour gérer des volumes plus élevés, a indiqué le porte-parole James Anderson plus tôt cette semaine.
Des plateformes d’expédition, comme Chit Chats, ont aussi signalé des volumes plus élevés en raison de la grève.
Les marges bénéficiaires des expéditeurs pourraient également s’élargir, du moins temporairement.
Le fabricant montréalais de collants Sheertex a affirmé cette semaine que les expéditeurs de rechange, surchargés de commandes, ont mis en place des «tarifs de pointe importants» sur les livraisons.
Les petites entreprises ont particulièrement ressenti les effets de la grève, car les propriétaires de magasins et les entrepreneurs cherchent frénétiquement des solutions de contournement pour faire parvenir les commandes aux clients rapidement et à moindre coût.
Mais même les grandes entreprises sont confrontées à des obstacles.
«Les clients qui expédient vers des boîtes postales et des zones plus rurales pourraient subir des retards», a souligné la porte-parole de Walmart Canada, Stephanie Fusco, dans un courriel. Cependant, elle a soutenu que la plupart des consommateurs qui effectuent des achats en ligne directement auprès de l’entreprise ne verraient qu’un «impact minimal».
Le précédent arrêt de travail postal a eu lieu à partir de la fin octobre 2018, lorsque les employés ont mené des grèves tournantes durant 31 jours.
Ces grèves ainsi qu’une autre en 2011 ont pris fin lorsque le gouvernement fédéral a adopté une loi forçant le retour au travail.
Postes Canada a signalé plus de 3G$ de pertes depuis 2018, les Canadiens envoyant moins de lettres et les concurrents accaparant encore plus le marché des colis.
Les ménages recevaient en moyenne sept lettres par semaine en 2006, mais seulement deux par semaine l’an dernier, selon le dernier rapport annuel de Postes Canada, qui a qualifié cette tendance de «grand déclin du courrier».
Le syndicat et la société d’État ont tous deux fait pression pour une expansion des livraisons de colis afin d’augmenter les revenus, mais ils diffèrent sur la façon de procéder. Le syndicat affirme que les employés à temps plein devraient livrer les colis les week-ends au taux des heures supplémentaires, tandis que Postes Canada espère embaucher des travailleurs contractuels.
Selon le rapport annuel de l’an dernier, la part du service postal sur le marché des colis est passée de 62% avant la pandémie de COVID-19 à 29% l’an dernier, alors qu’Amazon et d’autres concurrents ont profité de la demande croissante de livraisons à domicile en un jour.
Rédigé par Christopher Reynolds