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Résultats des banques au T4: l’opinion des analystes

Morningstar|Publié à 15h45

Résultats des banques au T4: l’opinion des analystes

MONTREAL, CANADA - NOVEMBER 5, 2018: Logo of the National Bank of Canada on their branch for the gay district le Village, with LGBT rainbow flag. Banque Nationale is one of largest Canadian banks Picture of a sign with the logo of Banque Nationale du Canada on their branch for the Gay disctrict of Le Village Montreal, Quebec, Canada. The National Bank of Canada is the sixth largest commercial bank in Canada. It is headquartered in Montreal, and has branches in most Canadian provinces

Les grandes banques canadiennes s’apprêtent à publier leurs résultats du quatrième trimestre et, compte tenu du ralentissement de l’économie, l’accent sera mis sur la croissance des revenus, la performance des prêts et l’impact des réductions de taux sur les marges d’intérêt nettes.

Ces résultats s’inscrivent dans un contexte de gains importants en 2024 pour de nombreuses actions bancaires canadiennes. Les actions de RBC (RY), de la CIBC (CM), de la Banque Scotia (BNS) et de la Banque Nationale du Canada (NS) ont toutes surperformé les gains de 17 % de l’indice composé S&P/TSX Banques et de l’indice Morningstar Canada. Les valeurs marginales parmi les actions des banques canadiennes couvertes par Morningstar sont la Banque de Montréal (BMO), en hausse de seulement 1 % jusqu’à présent en 2024, et la Banque TD (TD), en baisse de 8 % cette année.

Les excellentes performances des actions des banques canadiennes se sont produites en dépit des nombreux vents contraires auxquels le secteur est confronté. Parmi les défis à relever, citons le ralentissement de la croissance économique, la faiblesse des dépenses de consommation, la hausse du chômage, l’augmentation des créances douteuses, les tensions sur le crédit et l’accroissement des provisions.

Ces problèmes ont suscité l’inquiétude des investisseurs quant à la résistance du secteur et à ses perspectives de croissance. La bonne nouvelle, c’est que le tableau n’est pas aussi sombre que le marché pourrait s’y préparer, explique Michael Miller, analyste bancaire chez Morningstar.

«D’une manière générale, je m’attends à un trimestre satisfaisant pour les banques canadiennes», assure-t-il.

Pour les investisseurs dans les actions des banques canadiennes, les bénéfices du trimestre arrivent à un moment où de nombreuses actions se négocient à des valorisations élevées. La RBC, la CIBC, la Banque Scotia et la Banque Nationale du Canada sont considérées comme surévaluées par Morningstar avec des cotes de 2 étoiles, tandis que la BMO est juste évaluée. Parmi les actions des banques canadiennes couvertes par Morningstar, seule la Banque TD est sous-évaluée avec une cote de quatre étoiles.

Voici un aperçu des thèmes clés à surveiller lors de la prochaine saison des résultats des banques. Le point de vue de Morningstar sur six grandes banques canadiennes est plus détaillé plus bas dans l’article.

Quelle est la qualité du crédit au Canada?

L’augmentation du coût du crédit a été un vent contraire pour le groupe au cours des derniers trimestres, mais une certaine stabilisation sur ce front est peut-être en vue. « La détérioration de la qualité du crédit à la consommation aux États-Unis est à l’origine d’une part disproportionnée de l’augmentation des pertes sur prêts pour les banques, alors que la qualité du crédit au Canada a étonnamment bien résisté aux taux d’intérêt élevés et à la hausse du chômage », explique Michael Miller.

Notamment, les pertes sur prêts à la consommation des entreprises américaines se sont stabilisées récemment. Selon Michael Miller, une tendance similaire pourrait être observée dans les activités américaines des banques canadiennes. « En outre, la baisse des taux d’intérêt devrait apporter un certain soulagement en matière de crédit dans l’ensemble des entreprises », ajoute-t-il

Le niveau d’endettement n’est pas une menace existentielle

Les taux d’intérêt étaient élevés au premier semestre de l’année, avant que la Banque du Canada n’entame son cycle d’assouplissement monétaire, ce qui a entraîné une croissance modeste des prêts pour les prêteurs canadiens. La baisse des taux d’intérêt devrait apporter un soutien sur ce front, en stimulant une croissance significative des actifs dans le secteur, selon Michael Miller.

« Bien qu’il existe des incertitudes liées au niveau d’endettement des consommateurs et au marché hypothécaire, nous les considérons comme une menace pour la croissance future et non comme un risque existentiel pour le système bancaire canadien », affirme-t-il.

La Banque TD pourrait faire exception à cette règle en raison de l’imposition d’un plafond d’actifs sur ses activités aux États-Unis. La banque a récemment été condamnée à une amende de 3 milliards de dollars américains, une rare application d’un plafond d’actifs aux États-Unis en raison d’accusations de blanchiment d’argent.

«Toronto Dominion fait l’objet d’enquêtes réglementaires sérieuses concernant la conformité de la banque à la loi sur le blanchiment d’argent et le secret bancaire, ce qui entraînera probablement des amendes et des restrictions potentielles sur ses activités aux États-Unis», déclare Michael Miller.

En outre, le prêteur prévoit de «restructurer son portefeuille pour se concentrer sur des actifs à rendement élevé [et] pourrait être confronté à des vents contraires», ajoute-t-il.

Cette stratégie vise à améliorer la rentabilité d’une banque à long terme, mais elle implique des coûts, des perturbations et la possibilité d’une exposition à des actifs plus risqués à court terme.

La répercussion des baisses des taux d’intérêt

Les marges d’intérêt nettes, un indicateur clé pour surveiller les résultats des banques, seront un autre point à surveiller. La marge nette d’intérêt reflète la manière dont une banque gère ses activités de prêt et d’emprunt dans un contexte de baisse des taux.

«Nous avons assisté à de multiples baisses de taux d’intérêt au Canada, ce qui aura un effet positif sur les coûts de financement, mais, de manière générale, les banques ont tendance à préférer des taux d’intérêt plus élevés», explique Michael Miller, tout en soulignant qu’il s’agit d’un «truisme et non d’une règle absolue», et que l’avenir nous dira comment les choses se déroulent.

Bénéfices du secteur des banques d’investissement

Sur une note plus positive, les revenus des services de banque d’investissement, de négoce et de conseils ont connu une croissance régulière en 2024. « Les revenus des marchés des capitaux ont été assez solides cette année et la baisse des taux d’intérêt [qui rend les emprunts moins chers] devrait apporter un certain soutien à la poursuite de la dynamique [mise en évidence par] les solides niveaux d’émission et l’activité du marché à l’échelle mondiale cette année », note Michael Miller.

Bien que les performances dans ce domaine aient tendance à fluctuer fortement d’un trimestre à l’autre, ce qui rend toute extrapolation inutile, « les conditions générales du marché sont favorables pour les banques en ce moment », ajoute Michael Miller, justifiant ainsi ses perspectives optimistes pour les marchés des capitaux des banques.

À SUIVRE-> Banques canadiennes: à quoi s’attendre

(Photo: Adobe Stock)

Banques canadiennes: à quoi s’attendre

Voici un aperçu des commentaires de Michael Miller, analyste d’actions chez Morningstar, mettant en lumière les tendances et développements notables pour les principales banques canadiennes.

Banque TD (TD)

  • Estimation de juste valeur : 88,00$
  • Prix/Juste valeur : 0,89
  • Bastille économique : Élevée
  • Cote Morningstar : 4 étoiles

« En octobre, les détails des amendes et pénalités spécifiques imposées à la société pour ses problèmes de lutte contre le blanchiment d’argent ont été rendus publics. Nous ne nous attendons pas à d’autres surprises, mais il s’agit d’un problème permanent pour la société. Ses activités aux États-Unis sont soumises à un plafond d’actifs jusqu’à ce que les régulateurs soient satisfaits, ce qui perturbe ses plans de croissance dans le pays, et elle devra supporter des coûts d’exploitation supplémentaires pour améliorer ses contrôles réglementaires.

[Le plafond d’actifs ne s’applique pas à Valeurs mobilières TD ni à ses activités canadiennes].

Banque Royale du Canada (RY)

  • Estimation de juste valeur : 139,00$
  • Prix/Juste valeur : 1,26
  • Bastille économique : Élevée
  • Cote Morningstar : 2 étoiles

«Pour la Banque Royale du Canada, l’accent sera mis sur la qualité de l’intégration de HSBC Canada et sur sa capacité à réaliser les synergies attendues en termes de coûts et de revenus. Cela dit, la banque a été l’une des plus performantes du groupe du point de vue de l’exécution et les premiers signes ont été positifs, de sorte qu’il n’y a pas beaucoup d’inquiétude active au sujet de l’acquisition.»

BMO Groupe financier BMO

  • Estimation de juste valeur : 133,00$
  • Cours/Juste valeur : 1,0
  • Bastille économique : Modérée
  • Cote Morningstar : 3 étoiles

«Récemment, la Banque de Montréal a été moins performante, à la fois en termes de prix de l’action et de performance commerciale. La banque a connu un mélange malheureux de faible croissance des revenus, de mauvaise performance du crédit et de réduction des marges d’intérêt nettes. L’objectif sera de voir si la banque peut inverser cette tendance, en particulier aux États-Unis où les problèmes ont été plus aigus.»

Banque Canadienne Impériale de Commerce (CM)

  • Estimation de juste valeur : 70,00 $CA
  • Prix/Juste valeur : 1,3
  • Bastille économique : Modérée
  • Cote Morningstar : 1 étoile

«Il n’y a rien de très excitant pour la Banque Canadienne Impériale de Commerce, mais la croissance de leurs dépenses ajustées au dernier sommet a été plus rapide que prévu et plus élevée que leurs prévisions pour 2024. Elle a réitéré ses prévisions pour le trimestre, mais nous surveillerons ce que sera la croissance des coûts.»

Banque Scotia (BNS)

  • Estimation de juste valeur : 71,00$
  • Prix/Juste valeur : 1,11
  • Bastille économique : Modérée
  • Cote Morningstar : 2 étoiles

«Il pourrait y avoir des mises à jour sur l’approbation réglementaire de l’entreprise pour compléter la deuxième tranche de l’investissement minoritaire de Key Corp. À l’époque, l’acquisition de 14,9% de l’entreprise semblait purement financière avec une valeur stratégique limitée, bien que BNS ait réussi à obtenir un prix décent pour les actions. La société a fait allusion à la valeur stratégique de l’investissement, mais des détails sur les avantages tangibles contribueraient à réduire considérablement mes réserves.»

Banque Nationale du Canada (NA)

  • Estimation de juste valeur : 109,00 $CA
  • Prix/Juste valeur : 1,26
  • Bastille économique : Modérée
  • Cote d’allocation du capital : Standard
  • Cote Morningstar : 2 étoiles

«Bien qu’il n’y ait pas de nouvelles informations à venir de la part de la Banque Nationale du Canada, son projet d’acquisition de la Banque Canadienne de l’Ouest est probablement le sujet le plus important pour la banque à l’heure actuelle. Nous avons également des sentiments mitigés au sujet de cette transaction, mais le processus d’approbation réglementaire de l’opération a progressé.»

Par Vikram Barhat