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Réunion de la BCE: la porte va-t-elle (enfin) s’ouvrir?

John Plassard|Mis à jour le 16 avril 2024

Réunion de la BCE: la porte va-t-elle (enfin) s’ouvrir?

La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde (Photo: Getty Images)

EXPERT INVITÉ. Soyons très clairs, il n’y avait hier qu’une seule véritable question qui taraudait les investisseurs: Christine Lagarde allait-elle enfin ouvrir la porte à une future baisse des taux d’intérêt? On se souvient que lors de la dernière réunion la présidente de la BCE avait affirmé que les membres de l’institution monétaire n’avaient pas discuté d’un assouplissement monétaire, en sera-t-il différent cette fois-ci ? Synthèse et analyse d’une réunion cruciale.

 

Les faits

La Banque centrale européenne a maintenu ses taux d’intérêt à des niveaux historiquement élevés, les responsables politiques ayant trouvé un équilibre entre les inquiétudes concernant une récession imminente et les pressions inflationnistes sous-jacentes toujours élevées.

Le taux des opérations principales de refinancement est resté à 4,5 %, son plus haut niveau depuis 22 ans, et le taux de la facilité de dépôt est resté inchangé à un niveau sans précédent de 4%.

Christine Lagarde a affirmé ne pas avoir discuté de baisse de taux tout comme la réunion précédente.

En fin de compte, une grande partie de la déclaration a été une réitération de la précédente, avec les mêmes orientations pour la politique et le même langage concernant APP/PEPP, sans aucune indication explicite d’un assouplissement de la politique.

Peu de surprise donc, à part des prévisions de croissance largement rabotées à la baisse… (voir plus bas).

 

Le changement ce n’est pas maintenant…

Alors que certains analystes s’attendaient à ce que la BCE modifie ses orientations, elle ne l’a pas fait: « Le Conseil des gouverneurs est déterminé à faire en sorte que l’inflation revienne rapidement à son objectif de 2 % à moyen terme », ajoutant que « sur la base de son évaluation actuelle, le Conseil des gouverneurs considère que les taux d’intérêt directeurs de la BCE se situent à des niveaux qui, maintenus pendant une période suffisamment longue, apporteront une contribution substantielle à la réalisation de cet objectif. Les décisions futures du Conseil des gouverneurs garantiront que les taux directeurs seront fixés à des niveaux suffisamment restrictifs aussi longtemps que nécessaire. »

En outre, le conseil des gouverneurs a réaffirmé que « les décisions relatives aux taux seront fondées sur son évaluation des perspectives d’inflation à la lumière des données économiques et financières disponibles, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la vigueur de la transmission de la politique monétaire ».

 

Qu’en est-il concrètement de l’APP et du PEPP?

Le portefeuille APP diminue à un rythme mesuré et prévisible, l’Eurosystème ne réinvestissant plus les paiements en principal des titres arrivant à échéance.

Le Conseil des gouverneurs a l’intention de continuer à réinvestir intégralement les paiements en principal des titres arrivant à échéance achetés dans le cadre du PEPP au cours du premier semestre 2024. Au cours du second semestre, il a l’intention de réduire le portefeuille PEPP de 7,5 milliards d’euros par mois en moyenne. Le Conseil des gouverneurs a l’intention d’interrompre les réinvestissements dans le cadre du PEPP à la fin de 2024.

Le Conseil des gouverneurs continuera à faire preuve de souplesse dans le réinvestissement des rachats arrivant à échéance dans le portefeuille PEPP, afin de contrer les risques liés à la pandémie qui pèsent sur le mécanisme de transmission de la politique monétaire.

 

À SUIVRE -> Quelles sont les projections économiques?

Quelles sont les projections économiques?

Selon les nouvelles projections économiques, les conditions de financement sont restrictives et les augmentations passées des taux d’intérêt continuent de peser sur la demande, ce qui contribue à faire baisser l’inflation.

La BCE a indiqué qu’elle avait revu à la baisse ses prévisions d’inflation, en particulier pour 2024, ce qui reflète principalement une contribution plus faible des prix de l’énergie.

Les services de la BCE prévoient désormais une inflation moyenne de 2,3 % en 2024, de 2,0 % en 2025 et de 1,9 % en 2026. Les projections de l’inflation hors énergie et alimentation ont également été revues à la baisse et s’établissent en moyenne à 2,6 % pour 2024, 2,1 % pour 2025 et 2,0 % pour 2026.

Outre la révision à la baisse de l’inflation, la BCE a également revu à la baisse sa projection de croissance pour 2024 à 0,6 %, « l’activité économique devant rester modérée à court terme. Par la suite, les services de la BCE s’attendent à une reprise de l’économie et à une croissance de 1,5 % en 2025 et de 1,6 % en 2026, soutenue dans un premier temps par la consommation et, plus tard, par l’investissement. »

En résumé:

Projections d’inflation de l’IPCH :

• 2024 : 2,3 % (avant 2,7 %)

• 2025 : 2,0 % (avant 2,1 %)

• 2026 : 1,9 % (avant 1,9 %)

 

Projections du PIB :

• 2024 : 0,6 % (préc. 0,8 %)

• 2025 : 1,5 % (avant 1,5 %)

• 2026 : 1,6 % (avant 1,6 %)

SUIVANT -> Alors on baisse quand les taux?

Alors on baisse quand les taux?

La BCE n’a pas donné d’indications sur une baisse des taux à court terme (« nous n’avons pas discuté de baisse de taux pour cette réunion (mars) »), et les indications verbales sont restées inchangées, mais le marché a considéré comme un signal pessimiste la révision par la BCE de ses prévisions d’inflation pour 2025 de 2,1 % à 2,0 %, ce qui est conforme au mandat de la BCE en matière d’inflation.

Si les révisions à la baisse de l’inflation ont déclenché une réaction «dovish» sur l’EURUSD par exemple, le «calme» est rapidement revenu, les investisseurs pariant maintenant sur une baisse des taux en juin. Si tel devait être le cas, Christine Lagarde devrait absolument dire, lors de la prochaine réunion du 11 avril, que les discussions concernant une baisse de taux avaient débuté au sein de la BCE…

Synthèse

La réunion d’hier est très difficilement interprétable. En effet, très peu d’éléments clés ont filtré, car il n’y a pas eu de changements dans l’orientation de la BCE. Si la baisse drastique des prévisions d’inflation est un signal important, il n’est pas à même aujourd’hui, de justifier une baisse des taux lors de la prochaine réunion du 11 avril prochain. De nombreuses statistiques économiques seront cependant au rendez-vous d’ici là…

 

 

 

Ce texte est tiré de l’infolettre quotidienne de John Plassard, gracieuseté de Mirabaud

 

** Veuillez prendre note que les visuels de notre expert sont présentés en anglais à titre informatifs et ne peuvent être traduits par notre équipe. Merci de votre compréhension.