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SNC-Lavalin: l’essaimage de WS Atkins au menu?

Julien Arsenault, PC|Publié le 08 mai 2019

«Ils disposent d'actifs de qualité qui ne sont pas valorisés correctement.»

Alors que des accusations criminelles continuent de peser à son endroit, la direction de SNC-Lavalin évalue ses options, qui pourraient éventuellement mener à un essaimage de certaines activités.

Vendredi dernier, le président et chef de la direction de la firme d’ingénierie, Neil Bruce, ainsi que le chef de la direction financière, Sylvain Girard, ont participé à une rencontre avec des investisseurs institutionnels organisée par Valeurs mobilières TD, à Toronto, à laquelle participait notamment David Taylor, de Taylor Asset Management. Le quotidien Globe and Mail a été le premier à éventer l’événement.

M. Taylor a raconté, mardi, au cours d’un entretien téléphonique, que certains scénarios, comme l’essaimage de la britannique WS Atkins, acquise par SNC-Lavalin pour 3,6 milliards $ en 2017, ont été abordés.

«On y a fait référence, a-t-il dit. Ils disposent d’actifs de qualité qui ne sont pas valorisés correctement. Ils ont donc évoqué, de manière hypothétique, la possibilité d’en cristalliser la valeur, et la seule façon de le faire est de vendre.»

La rencontre s’est déroulée au lendemain de l’assemblée annuelle des actionnaires, où la firme avait annoncé son intention de mettre fin à ses activités dans 15 pays et affiché une perte de 17 millions $ au premier trimestre.

Plus important actionnaire de SNC-Lavalin avec une participation d’environ 20 pour cent, la Caisse de dépôt et placement du Québec n’a pas voulu dire si elle était présente à l’événement.

«Ils (les dirigeants de la compagnie) reconnaissent que la valeur de l’action n’est pas élevée, ils reconnaissent qu’il y a de bons actifs mais qu’ils y a des difficultés à surmonter», a dit M. Taylor.

L’automne dernier, SNC-Lavalin avait déjà prévenu les procureurs fédéraux qu’elle pourrait se scinder en deux, déménager ses bureaux aux États-Unis et démanteler ses activités canadiennes si elle n’obtenait pas une entente lui permettant d’éviter une poursuite au criminel.

Cette mise en garde figurait dans des documents obtenus par La Presse canadienne à propos de ce qui était présenté comme un «Plan B» _ ce que la société montréalaise pourrait devoir faire si elle ne réussissait pas à convaincre le gouvernement fédéral de lui accorder un accord de réparation afin d’éviter les poursuites pénales dans une affaire de fraude et de corruption liée à des projets en Libye.

En vertu de ce plan, SNC déménagerait, d’ici un an, son siège social montréalais et ses bureaux d’entreprises situés en Ontario et au Québec, ramenant ainsi son effectif de 8717 à 3500 personnes, avant d’éventuellement mettre fin à ses activités au Canada.

Par courriel, SNC-Lavalin n’a pas voulu commenter la rencontre de vendredi dernier, indiquant qu’elle continuait à évaluer tous les scénarios possibles dans le but de générer le plus de valeur pour ses actionnaires.

«Nous avons exprimé clairement et publiquement que l’entreprise avait une obligation fiduciaire auprès de ses actionnaires et de ses employés d’avoir un Plan B en place, retenant ainsi les services de conseillers légaux et financiers externes pour aider à développer les différents scénarios à considérer», a-t-on fait valoir.

Parallèlement aux difficultés qu’elle doit surmonter, la multinationale québécoise pourrait voir l’un des autres actionnaires de l’Autoroute 407 exercer son droit de premier refus sur son projet de vendre la majeure partie de sa participation de 16,77 pour cent dans l’exploitant d’autoroute à péage pour 3,25 milliards $, une transaction qui pourrait être finalisée avant la fin juin.

Si cela se produit, SNC devra alors verser à OMERS _ le régime de retraite qui devrait lui racheter une participation de 10,01 pour cent du capital de 407 International _ une indemnité de rupture correspondant à 2,5 pour cent du prix d’achat, soit environ 75 millions $, ont estimé des analystes.

À la Bourse de Toronto, l’action de SNC-Lavalin a clôturé mardi à 27,83 $, en recul de 4,13 pour cent, ce qui constitue un creux de 10 ans.