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SNC-Lavalin perd toujours de l’argent sur des contrats de trains

La Presse Canadienne|Publié le 04 novembre 2022

SNC-Lavalin perd toujours de l’argent sur des contrats de trains

La société a précisé que le REM «continuait de bien progresser» et que la «grande partie des travaux physiques» sur les deux projets ontariens serait terminée d’ici la fin de l’année 2022. (Photo: La Presse Canadienne)

Les contrats clés en main continuent de plomber les résultats de SNC-Lavalin, mais la firme d’ingénierie croit toujours que les dépassements de coûts n’excéderont pas l’enveloppe de 300 millions de dollars (M$) qu’elle avait prévue à cet effet.

Dans ce segment d’activité, la société montréalaise a enregistré une perte de 43,9M$ au plus récent trimestre. Depuis le début de l’année, la perte atteint 77M$.

Trois projets continuent de gruger la rentabilité de l’entreprise, soit le Réseau express métropolitain (REM) dans la grande région de Montréal, la ligne de train léger Trillium, à Ottawa, et celle d’Eglinton, à Toronto.

La société a précisé que le REM «continuait de bien progresser» et que la «grande partie des travaux physiques» sur les deux projets ontariens serait terminée d’ici la fin de l’année 2022.

Le président et chef de la direction, Ian Edwards, a expliqué, vendredi, que les pertes étaient attribuables aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement, à l’inflation, à la rareté de la main-d’œuvre et à une grève en Ontario.

La firme compte récupérer une partie des coûts additionnels auprès de ses clients.

«Ces facteurs macro-économiques, à notre avis, sont majoritairement recouvrables en vertu des contrats que nous avons signés. Nos négociations progressent afin de récupérer nos pertes», a dit M. Edwards lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre avec les analystes financiers.

Le dirigeant n’était pas en mesure de donner un échéancier sur le moment où les dépenses excédentaires pourraient être remboursées par ses clients en Ontario. «Ce ne sont pas de petites sommes et c’est une situation complexe. […] C’est frustrant pour nous. Tout le temps qui s’écoule avant de trouver une entente se fait à nos dépens. Nous terminons les travaux à nos frais. Nous ne parlons pas seulement des pertes de 2022, mais aussi de celles des années précédentes.»

SNC-Lavalin a annoncé en 2019 son intention d’abandonner les contrats clés en main. La société ne soumissionne plus sur ce type de projets, qui connaissent souvent des dépassements de coûts. Elle doit toutefois compléter les réalisations des contrats déjà signés.

Inflation et Royaume-Uni

Au cours de l’appel, M. Edwards s’est voulu rassurant au sujet des conséquences de l’inflation et des bouleversements politiques au Royaume-Uni.

Pour les activités de services dans le secteur d’ingénierie sur lesquels mise désormais la société, la durée de contrats est relativement courte, ce qui fait en sorte que les prix peuvent suivre l’inflation, a expliqué le dirigeant. «En moyenne, notre carnet de commandes se renouvelle sur une période de neuf mois.»

Le grand patron de SNC-Lavalin croit que l’entreprise sera relativement épargnée par les conséquences du virage plus austère de la politique fiscale du Royaume-Uni.

«Nos activités sont très diversifiées au Royaume-Uni. Certains gros projets d’infrastructure pourraient être retardés, mais il y aura toujours des besoins pour l’entretien et l’exploitation. Il y a également un engagement envers la transition énergétique, vers le nucléaire qui est encourageant.»

Un impact plus grand que prévu

Les difficultés avec les contrats clés en main ont eu un impact sur l’ensemble des résultats de SNC-Lavalin. La société prévoit ainsi brûler plus de liquidités que prévu en 2022. Elle anticipe une perte de trésorerie liée à l’exploitation de 300M$, alors qu’elle prévoyait une perte d’entre 50M$ et 150M$ avant la publication des résultats.

La direction a toutefois réitéré à plus d’une reprise que l’enveloppe de 300M$ prévue pour les dépassements de coûts liés aux contrats clés en main, annoncée plus tôt cette année, serait suffisante pour éponger les pertes.

Pour l’ensemble de ses activités, SNC-Lavalin a dévoilé un bénéfice net de 44,7M$, comparativement à 18,6M$ à la même période l’an dernier.

Le bénéfice net ajusté dilué par action s’établit à 30 cents. Les revenus, pour leur part, progressent de 4,4% à 1,86 milliard $.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 33 cents et des revenus de 1,78 milliard $, selon la firme de données financières Refinitiv.

Michael Tupholme, de Valeurs mobilières TD, voit des éléments encourageants dans les résultats. Il souligne le fait que la société a révisé à la hausse ses prévisions pour la division des services d’ingénierie.

«Nous jugeons que les résultats sont légèrement négatifs, commente l’analyste. Toutefois, les services continuent de démontrer une croissance interne et des marges saines.»

L’action perdait 32 cents, ou 1,35%, à 23,44$ à la fin de la séance à la Bourse de Toronto.