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S&P envisage d’abaisser Boeing en catégorie spéculative à cause de la grève

AFP|Publié le 09 octobre 2024

S&P envisage d’abaisser Boeing en catégorie spéculative à cause de la grève

Plus de 33 000 adhérents du syndicat des machinistes IAM sont en grève dans la région de Seattle depuis le 13 septembre. (Photo: Jason Redmond Getty Images)

New York — L’agence d’évaluation financière Standard and Poor’s a annoncé mardi avoir placé sous surveillance négative les notes de Boeing (BA) à cause de la grève lancée mi-septembre, signifiant que l’avionneur américain pourrait entrer dans la catégorie des emprunteurs spéculatifs.

Plus de 33 000 adhérents du syndicat des machinistes IAM sont en grève dans la région de Seattle (nord-ouest), berceau de Boeing, depuis le 13 septembre dans le cadre de la négociation du nouvel accord social de quatre ans.

Les deux principales usines du groupe à Renton (produisant le 737, son avion le plus vendu) et à Everett (produisant le 777 et plusieurs programmes militaires) font partie des sites totalement à l’arrêt. Boeing a pris des mesures pour préserver sa trésorerie, y compris du chômage technique partiel.

La grève «est entrée dans sa quatrième semaine, augmentant le risque financier pour l’entreprise», a relevé S&P, dans un communiqué, estimant que le groupe allait puiser dans sa trésorerie à hauteur d’environ 10 milliards de dollars américains (G$US) en 2024 du fait des capitaux nécessaires à sa production et du coût du débrayage.

Selon l’agence, l’avionneur va avoir besoin d’une injection extérieure de fonds pour faire face à ses obligations, dont ses échéances de remboursement de sa dette (environ 4G$US en avril 2025, d’après S&P).

Il pourrait mener une augmentation de capital, relève-t-elle.

Pour ces raisons, elle a placé les notes de Boeing sous surveillance négative et pourrait les abaisser « si la grève persistait jusque vers la fin de l’année, ce qui ajouterait de la pression sur la reprise » de l’entreprise, malmenée notamment à cause de problèmes de qualité de production.

Elle prendra une décision « avant la fin de l’année », indique-t-elle.

À risque, en particulier, la note d’émetteur de dette actuellement située à «BBB-», soit le dernier cran avant d’entrer dans la catégorie spéculative.

Sollicité par l’AFP, Boeing a renvoyé aux propos de son directeur financier Brian West lors d’une conférence mi-septembre.

« Nous évaluons en permanence la structure de notre capital et nos niveaux de liquidités pour nous assurer que nous pouvons couvrir les échéances de notre dette pour les dix-huit mois suivants tout en restant confiants que notre note reste en catégorie d’investissement », avait-il indiqué.

Une troisième ronde de négociations sous l’égide d’une médiation fédérale a commencé lundi, et se poursuivait mardi, pour tenter de débloquer la situation.

Les discussions achoppent sur les salaires — le syndicat veut une augmentation de 40%, la dernière offre de Boeing prévoit 30%, après le rejet d’une revalorisation de 25% — et les retraites.

S&P estime que la grève va coûter un milliard de dollars par mois et repousser à mi-2025 l’objectif de Boeing de fabriquer 38 avions 737 MAX — son avion-vedette — par mois.