Taux directeur inchangé: 3 analystes donnent leur avis sur la BdC
lesaffaires.com|Publié le 25 octobre 2023Si le taux de chômage augmente, surveillez le ton de la Banque du Canada, qui deviendra plus accommodant lors de sa prochaine réunion», selon Brooke Thrackray, analyste en recherche, Horizons ETFs Management. (Photo: 123RF)
Voici ce que trois experts ont à dire sur la décision de la Banque du Canada de maintenir son taux directeur à 5%.
Brooke Thrackray, analyste en recherche, Horizons ETFs Management:
«La Banque du Canada a suspendu la hausse de son taux directeur, le maintenant à 5%. Il s’agit de la deuxième pause consécutive et elle était largement attendue.
Le maintien du taux actuel à 5% par la Banque du Canada est restrictif et aura pour effet de ralentir l’économie. Lorsque l’inflation a augmenté en 2022, la Banque du Canada a dû prendre de l’avance et a commencé à augmenter rapidement les taux. L’inflation a culminé à 8,1% pour le mois de juin. Il a ensuite diminué au cours de l’année suivante jusqu’en juin 2023, où il a atteint un plancher à 2,8%, et a récemment augmenté modérément pour atteindre 3,8% en septembre.
Maintenant que l’inflation montre des signes de modération —à des niveaux inférieurs à ceux d’il y a un an— la Banque du Canada maintiendra le taux d’intérêt de 5% longtemps et ce taux aura un impact sur le ralentissement de l’économie.
L’économie bégaie déjà, le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre étant inchangé par rapport au trimestre précédent. La Banque du Canada s’efforce de lutter contre l’inflation sans faire basculer l’économie dans une récession.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, pourrait adopter une position plus conciliante lors de la prochaine réunion, si le taux de chômage commence à augmenter. Le taux de chômage est resté inchangé à 5,5% pour les mois de juillet, août et septembre. La prochaine série de données sur le chômage au Canada devrait être publiée le vendredi 3 novembre.
Si le taux de chômage augmente, surveillez le ton de la Banque du Canada, qui deviendra plus accommodant lors de sa prochaine réunion. Rendez-vous le 6 décembre.»
À SUIVRE: Phil Mesman, gestionnaire de portefeuille et responsable des obligations, Picton Mahoney Asset Management:
Phil Mesman, gestionnaire de portefeuille et responsable des obligations, Picton Mahoney Asset Management:
«La Banque du Canada a maintenu le taux cible du financement à un jour à 5%, comme prévu. Les attentes du marché concernant une hausse ont sensiblement diminué après la publication de l’Indice des prix à la consommation (IPC) du 17 octobre, qui s’est révélé moins élevé que prévu.
La Banque centrale du Canada a déjà augmenté ses taux de manière agressive dans le but de lutter contre l’inflation et le marché du travail.
Cela prendra du temps, l’inflation diminuera et le marché du travail se normalisera. La politique des taux est un instrument efficace, et l’impact des augmentations agressives se fera sentir en temps voulu, sans hâte.
Il s’agit d’acheter et de vendre moins et pour moins cher. Les entreprises et les consommateurs canadiens modifieront leur comportement à mesure que les répercussions de la hausse des tarifs se feront sentir. C’est juste une question de temps.
Nous avons averti les investisseurs que des hausses prolongées constituent un risque majeur pour les marchés obligataires et c’est exactement ce qui vient de se produire cet automne, alors que les obligations à plus long terme se sont vendues de manière agressive.
En termes simples, c’est un cercle vicieux, plus longtemps les taux restent élevés et plus les indicateurs économiques restent élevés, ce qui oblige la Banque du Canada à maintenir ses taux plus élevés que ce que prévoit le marché obligataire.»
À SUIVRE: Jay Zhao-Murray, analyste du marché des changes (Forex), Monex Canada:
Jay Zhao-Murray, analyste du marché des changes (Forex), Monex Canada:
«La Banque du Canada a maintenu aujourd’hui ses taux à 5% pour la deuxième réunion consécutive, conformément à notre prévision ainsi qu’au consensus du marché et des économistes. La Banque a noté que même si l’inflation a dépassé ses projections au troisième trimestre en raison d’une hausse imprévue des prix de l’énergie, le ralentissement de la croissance et l’émergence d’un ralentissement du marché du travail ont largement compensé le risque pesant sur ses projections d’inflation à moyen terme.
Les projections des services du Fonds monétaire international (FMI) maintenaient donc l’opinion selon laquelle l’inflation reviendrait à l’objectif de 2% de la Banque d’ici le milieu de 2025. Même si la BdC a reconnu des signes de ralentissement de la demande, des progrès en matière de désinflation dans des sous-composantes telle que les services hors logement, et un rétrécissement de l’ampleur des pressions inflationnistes, la persistance des indicateurs d’inflation sous-jacente —qui se situent entre 3,5% et 4% en rythme annualisé— ainsi que la forte croissance des salaires, les ont conduits à maintenir leur biais de hausse, exprimant leurs inquiétudes quant à l’augmentation des risques inflationnistes.
Cette persistance de l’inflation est dûe à la hausse des coûts du logement et à une légère hausse des prix du carburant. Même si la Banque du Canada examinera probablement l’impact de ce dernier point, elle note que contrairement aux cycles précédents, la hausse des coûts hypothécaires n’est pas compensée par la baisse des composantes liées aux prix de l’immobilier, qui ont également gagné en sympathie cette fois-ci en raison des contraintes structurelles entre l’offre et une forte demande.
Même si nous nous attendons à ce que ces pressions inflationnistes se modèrent à mesure que l’économie se dirige vers une offre excédentaire, il n’est pas surprenant que la BdC n’ait pas beaucoup confiance en ce point de vue. Cela alimenterait probablement les attentes d’un assouplissement plus rapide et plus agressif sur les marchés. Cependant, à mesure que les conditions de croissance s’assouplissent et rendent le processus désinflationniste plus clair, ce message belliciste deviendra de plus en plus difficile à convaincre les marchés.
En réaction immédiate à la publication, le huard s’est affaibli d’un quart de pour cent pour atteindre son plus bas niveau depuis mars, tandis que les rendements à court terme ont chuté d’environ 5 points de base tout en restant plus élevés sur la journée.
De toute évidence, le marché a considéré cette situation comme plus conciliante que prévu, notamment en raison de la reconnaissance de pressions à la baisse plus nettes sur la demande. Même si une légère faiblesse du dollar canadien était prévisible en raison du risque résiduel d’une hausse intégré dans les marchés, le huard s’est affaibli davantage que prévu puisque les marchés avaient évalué une probabilité de maintien de 95% aujourd’hui.
En outre, la mention de risques inflationnistes plus élevés et l’insistance persistante pour que de nouvelles hausses restent sur la table auraient sans doute dû atténuer le côté accommodant du débat sur la demande.
Jusqu’à présent, les marchés ont partiellement retracé la réaction instinctive. Et si les responsables restent fidèles à leur message pendant la conférence de presse, nous pensons que le taux de change entre le dollar canadien et américain pourrait continuer à revenir vers son niveau d’avant la réunion.»