Cette décision laisserait présager une baisse des taux rapidement. Quand ? Les prévisions diffèrent.
La Banque de Canada (BdC) a maintenu son taux directeur à 1,75 %, donnant raison à plus de 90 % des analystes sondés par la firme Bloomberg. Plusieurs observateurs sont convaincus que cette décision laisse présager une baisse des taux rapidement. Quand ? Les prévisions diffèrent.
La banque centrale a revu à la baisse de 0,2 point de pourcentage ses prévisions pour le produit intérieur brut (PIB). Celui-ci devrait croître de 1,7 % en 2020, et de 1,8 % en 2021. Elle justifie sa révision en soulignant que « les perspectives de l’économie mondiale se sont encore affaiblies » depuis la parution de son rapport de juillet.
« La clé de l’évolution future de la politique monétaire réside dans la résilience de l’économie canadienne », fait remarquer l’économiste principal chez Desjardins, Benoit P. Durocher.
En effet, malgré la croissance des tensions commerciales à travers le monde, la création d’emplois est demeurée forte au pays, de même que le secteur des services. Les salaires ont augmenté, et les taux d’intérêt ont même baissé, ce qui soutient les secteurs de la consommation et de l’habitation. Le taux d’inflation s’est d’ailleurs maintenu près de la cible de 2%.
Il serait donc permis de demeurer optimiste, selon l’économiste principal de Desjardins, puisque le marché du travail demeure « vigoureux » et que les ménages canadiens demeurent confiants.
Toutefois, une coupure nette entre ce qui se passe au Canada et dans le reste du monde est impossible, soutient l’économiste principal chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, Sébastien Lavoie.
Alors que Stephen Brown, économiste principal chez Capital Economics, mise sur une baisse du taux lors de la prochaine réunion de la banque centrale prévue en décembre, Benoit P. Durocher se veut plus prudent.
Même son de cloche du côté de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, qui croit que la Banque du Canada devra observer d’importants changements dans l’économie canadienne avant d’apporter des modifications à sa politique monétaire. Sébastien Lavoie minimise d’ailleurs la signification de la baisse de 0,2 point de pourcentage des prévisions annuelles de la croissance économique canadienne, en soulignant toutefois le ton légèrement plus prudent de la BdC que celui utilisé lors de sa réunion de septembre. Un changement de ton aussi observé par Josh Nye, l’économiste principal chez RBC Economics, qui estime que cela ouvre la porte à une baisse des taux lors de la première moitié de 2020.
Qu’est-ce qui devrait accélérer la décision de la Banque du Canada? Si une baisse des exportations et des investissements résidentiels et non résidentiels s’intensifiait croit Desjardins. Sébastien Lavoie mise plutôt sur une détérioration importante des rapports sino-américains.
Une chose est claire, selon Josh Nye, la banque centrale tolèrera beaucoup moins les déceptions.