C’est la deuxième vague de suppressions d’emplois de Tesla en six mois.
Le constructeur Tesla (TSLA) va supprimer environ 7 % de ses effectifs, soit plus de 3 000 emplois, pour faire des économies au moment où il baisse les prix de ses voitures pour répondre à la diminution progressive des aides accordées aux véhicules électriques aux États-Unis.
Dans une lettre transmise à son personnel et publiée vendredi sur son site internet, le cofondateur et patron de Tesla, Elon Musk, explique que cette cure d’austérité est nécessaire car « l’avenir s’annonce compliqué ».
« Nous sommes confrontés à une difficulté extrême: produire nos voitures, batteries et produits solaires à des coûts compétitifs (…). Si nous avons fait des progrès, nos produits demeurent encore trop chers pour la plupart des gens », écrit M. Musk.
Ces informations étaient mal accueillies à Wall Street, où le titre Tesla dévissait de 9,22 % vers 12H10.
« Les investisseurs se demandent s’il n’y a pas un problème de demande pour les voitures Tesla », a résumé Garrett Nelson, analyste au cabinet CFRA Research.
« Tesla reconnaît officiellement que le crédit d’impôt est important pour les acheteurs, ce qui suggère que la demande pour le Model 3 est en train de décliner », renchérit Jessica Caldwell chez Edmunds.com.
Le nombre exact d’emplois devant être supprimés n’est pas connu, mais Tesla employait 45 000 personnes en octobre, avait indiqué à l’époque Elon Musk. Sur la base de ce chiffre, environ 3 150 emplois devraient être supprimés.
C’est la deuxième vague de suppressions d’emplois de Tesla en six mois. En juin dernier, le constructeur californien, fondé en 2003, avait déjà décidé de réduire ses effectifs de 9 % pour faire des économies alors qu’il rencontrait des difficultés pour produire le Model 3.
Livraisons en Europe et en Asie
M. Musk fait le pari que cette voiture va transformer Tesla en constructeur automobile de masse.
Promise à 35 000 dollars, la version la moins chère vaut actuellement à la commande 44 000 dollars, selon M. Musk, même après une baisse de 2 000 dollars du prix en janvier.
L’entreprise avait justifié cette baisse par sa volonté de rendre ce modèle abordable après la réduction du crédit d’impôt de 7 500 dollars accordé par le gouvernement fédéral aux véhicules électriques.
« Le besoin de versions de Model 3 à prix réduit va devenir plus pressant au 1er juillet quand le crédit d’impôt de l’État fédéral va encore diminuer de moitié, rendant notre voiture 1 875 dollars plus chère et ça va empirer en fin d’année quand ce crédit va complètement disparaître », insiste vendredi Elon Musk.
Le dirigeant, fondateur également de la société aéronautique SpaceX en pleine cure d’amaigrissement, indique par ailleurs que Tesla va commencer à livrer, à partir de ce trimestre, le Model 3 en Asie et en Europe.
Il y livrera d’abord les versions les plus chères, soit un prix moyen de 59 000 dollars, calculent les analystes. Cette stratégie mise en place en Amérique du Nord lui avait permis d’être rentable au troisième trimestre 2018.
Ceci « va, espérons-le, nous permettre, avec grande difficulté et efforts et une certaine chance, de viser un petit bénéfice » au premier trimestre en cours, développe-t-il.
Bénéfice moindre
M. Musk indique que Tesla devrait dégager un bénéfice au quatrième trimestre 2018 mais bien moins que les 311,5 millions de dollars gagnés au troisième.
Le jeune constructeur va rester sous pression car il prévoit de débuter, dans les prochains mois, les livraisons des versions les moins chères du Model 3 en Amérique du Nord, en Europe et en Asie.
La disparition progressive des bonus écologiques et la concurrence de constructeurs automobiles classiques devraient également être des casse-tête.
Mercedes-Benz vient de lancer un crossover électrique, la EQC, Audi va commercialiser la E-Tron, tandis que sa maison mère Volkswagen et General Motors annoncent des dizaines de modèles de véhicules électriques dans les prochaines années.
En mai dernier, Elon Musk avait prévenu que Tesla « perdrait de l’argent et disparaîtrait » s’il vendait le Model 3 au prix de 35 000 dollars.
Vendredi, le chef d’entreprise a réitéré cette menace: « Des volumes élevés et des améliorations dans la production et la conception sont cruciaux pour que Tesla réalise des économies d’échelles nécessaires pour fabriquer un Model 3″ de base vendu à 35 000 dollars « et demeure une entreprise viable », insiste-t-il.
« Il n’y a pas d’autre moyen ».
Les difficultés de production du Model 3 ont affecté M. Musk, qui a révélé en août être dans un état d’intense fatigue et de stress.