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Toshiba confirme son projet de scission en trois entreprises

AFP|Publié le 12 novembre 2021

Toshiba confirme son projet de scission en trois entreprises

Le projet doit être validé par les actionnaires de Toshiba lors d'une assemblée générale extraordinaire début 2022, d'ici fin mars prochain, en vue de réaliser la scission dans la seconde moitié de son exercice 2023-24. (Photo: 123RF)

Tokyo — Le conglomérat industriel et technologique japonais Toshiba a confirmé vendredi qu’il prévoyait de se scinder en trois entreprises indépendantes d’ici deux ans, alors que le groupe est pressé depuis longtemps par ses actionnaires de maximiser sa valeur.

Deux nouvelles entreprises devraient être créées et introduites en Bourse, l’une regroupant les activités de Toshiba dans l’énergie et les infrastructures, et l’autre dans les appareils électroniques et le stockage de données, selon un communiqué.

La troisième société serait formée par le reste de Toshiba, pour gérer la part de 40% environ qu’il détient actuellement dans Kioxia, géant nippon des puces-mémoires, et ses parts dans sa filiale cotée séparément Toshiba Tec (appareils de bureautique et systèmes pour le commerce de détail).

«Afin d’améliorer notre compétitivité, chacune de nos activités a besoin à présent d’une plus grande flexibilité pour saisir les opportunités et relever les défis de leurs marchés respectifs», a commenté le PDG de Toshiba Satoshi Tsunakawa, cité dans le communiqué.

Cette scission «va libérer une immense valeur en supprimant la complexité, en permettant aux activités d’avoir une direction plus resserrée et en facilitant la prise de décision», a-t-il ajouté.

Ce projet, approuvé à l’unanimité par les membres du conseil d’administration de Toshiba, avait fuité dans la presse japonaise dès mardi et a suscité des réactions contrastées.

 

Une stratégie à la mode

Selon le Financial Times vendredi, des investisseurs représentant environ 30% du capital de Toshiba ont jugé cette proposition décevante. Nombre d’entre eux espéraient que le groupe cherche plutôt à se faire racheter.

Le projet doit être validé par les actionnaires de Toshiba lors d’une assemblée générale extraordinaire début 2022, d’ici fin mars prochain, en vue de réaliser la scission dans la seconde moitié de son exercice 2023-24.

Ce projet est le résultat de «la forte pression» exercée par les nombreux actionnaires activistes de Toshiba, qui réclament depuis des années que le groupe s’active pour améliorer sa valeur d’entreprise, insuffisante à leurs yeux, a rappelé vendredi à l’AFP Mio Kato, analyste de LightStream Research publiant sur la plateforme Smartkarma.

Cependant «d’un point de vue opérationnel, je ne pense pas que cela fera une grande différence», car tout dépend de la qualité des dirigeants d’une entreprise, a estimé cet analyste.

Les scissions sont tendance actuellement: le conglomérat américain General Electric a aussi annoncé cette semaine qu’il allait séparer ses activités en trois entreprises distinctes.

 

Crise de gouvernance

Ancien fleuron industriel et technologique japonais, Toshiba a beaucoup perdu de sa superbe depuis un énorme scandale de maquillage de ses comptes révélé en 2015. Le groupe s’était ensuite retrouvé au bord du gouffre après la faillite de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse en 2017.

Pour survivre, Toshiba a dû vendre de nombreux actifs dont sa perle Toshiba Memory, son entité de puces-mémoires rachetée en 2018 par un consortium mené par le fonds américain Bain Capital pour environ 18 milliards d’euros et rebaptisée depuis Kioxia.

Plus récemment, Toshiba a aussi connu une profonde crise de gouvernance. Son directeur général Nobuaki Kurumatani puis son président Osamu Nagayama ont été limogés cette année sous la pression des actionnaires, très remontés contre les méthodes troubles de la direction pour assurer le vote de ses résolutions lors de l’assemblée générale ordinaire du groupe en 2020.

Les responsables de Toshiba incriminés par une enquête indépendante sur l’affaire de l’AG de 2020, dont M. Kurumatani, «n’ont pas agi illégalement», mais ont «violé des règles éthiques», a conclu un rapport de Toshiba publié vendredi.

Le groupe se cherche actuellement un nouveau directeur général ainsi qu’un nouveau président, Satoshi Tsunakawa n’étant que PDG par intérim.

Toshiba a également publié vendredi ses résultats pour son premier semestre 2021/22 (avril-septembre 2021), avec un bénéfice net de 59,8 milliards de yens (458 millions d’euros), en très fort rebond sur un an.

Son bénéfice opérationnel semestriel s’établit à 45 milliards de yens et ses ventes à 1 546,4 milliards de yens (11,8 milliards d’euros), en hausse de 12,7%.

Sa prévision de bénéfice net annuel est passée de 110 à 130 milliards de yens, ce qui représenterait une progression de 14% sur un an.

Toshiba a laissé inchangé son objectif annuel de bénéfice opérationnel à 170 milliards de yens, mais relevé sa prévision de chiffre d’affaires à 3,350 milliards de yens (25,7 milliards d’euros), ce qui signifierait une hausse de 9,7% sur un an.