Le projet doit être validé par les actionnaires de Toshiba lors d'une assemblée générale extraordinaire début 2022, d'ici fin mars prochain, en vue de réaliser la scission dans la seconde moitié de son exercice 2023-24. (Photo: 123RF)
Tokyo — Les nominations de deux représentants d’actionnaires activistes au conseil d’administration de Toshiba ont été approuvées mardi lors de l’assemblée générale ordinaire du conglomérat japonais, un symbole qui pourrait faciliter son éventuel rachat ultérieur, même si la voie semble encore longue.
Tous les 13 administrateurs proposés par le groupe ont été approuvés par une majorité des actionnaires, parmi lesquels deux cadres des fonds activistes américains Farallon Capital et Elliott.
La nomination de ces deux derniers et l’avenir incertain du groupe — lequel a reçu fin mai dix offres non contraignantes, dont huit offres de rachat et deux proposant des alliances — ont dominé les questions des actionnaires avant le vote, dans une ambiance agitée.
«L’un des plus grands problèmes que nous avions était un manque de confiance entre nos principaux actionnaires et la direction», a rappelé Raymond Zage, responsable du comité des nominations au sein du conseil d’administration de Toshiba.
La direction du groupe avait longtemps lutté contre ses remuants actionnaires activistes, avant de finir par céder en plusieurs étapes, avec une valse de ses dirigeants depuis l’an dernier et une approche plus ouverte à la possibilité d’un rachat depuis quelques mois.
«Le Japon et le monde ont besoin d’un Toshiba fort, et un Toshiba fort ne peut survenir que par une transformation radicale», a plaidé mardi un autre administrateur du groupe, Jerry Black, président du «comité spécial» du conseil chargé d’évaluer les offres.
Une administratrice réfractaire s’en va
Une autre administratrice de Toshiba, Mariko Watahiki, s’était toutefois récemment exprimée contre l’entrée d’actionnaires activistes au conseil, ce qui faisait redouter le risque de tensions à venir en son sein.
Mme Watahiki, une ancienne juge, a préféré démissionner du conseil à l’issue de l’AG, a annoncé Toshiba dans la soirée heure japonaise.
Le gros fonds américain Bain Capital est ouvertement intéressé par un rachat Toshiba, et d’autres comme CVC Capital Partners et Blackstone seraient aussi sur les rangs, pour un montant qui pourrait s’élever à une vingtaine de milliards de dollars selon la presse.
Le fonds KKR aurait lui jeté l’éponge, affirmait mardi le Financial Times en citant des sources proches du dossier. Sollicité par l’AFP, KKR a décliné tout commentaire.
Une vente à des acteurs étrangers de Toshiba, cet ancien fleuron industriel et technologique japonais tombé en disgrâce après un énorme scandale de maquillage de ses comptes à partir de 2015 et des déboires financiers, serait un événement historique dans le pays.
Les analystes s’accordent à dire qu’un éventuel rachat s’annonce complexe et devrait nécessairement associer des acteurs nippons pour convaincre les autorités du pays, du fait de diverses activités du groupe très sensibles pour Tokyo (nucléaire, défense, semi-conducteurs, cryptographie quantique).