«Il serait plus facile pour WestJet d’acquérir Transat une fois que la société sera intégrée à Onex», dit un analyste.
L’analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, croit qu’Onex pourrait aussi chercher à acquérir Transat A.T. Le voyagiste, propriétaire d’Air Transat, fait concurrence à WestJet pour les destinations soleil et a lancé en 2017 un plan de 750 millions $ pour développer une chaîne d’hôtels au Mexique et dans les Caraïbes.
« Nous pensons qu’il serait plus facile pour WestJet d’acquérir Transat une fois que la société sera intégrée à Onex, car libérer tout le potentiel de Transat pourrait prendre quelques années (de trois à cinq ans), ce qui pourrait être moins approprié pour une entité cotée à la Bourse », a fait valoir M. Poirier dans une note.
La société de voyages établie à Montréal a engagé des discussions de rachat avec plusieurs prétendants depuis août dernier, notamment avec le chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, la société montréalaise Groupe Mach et la société de services financiers FNC Capital.
La croissance actuelle de WestJet pourrait également générer des bénéfices qui contrebalanceraient la hausse des coûts de la main-d’œuvre.
Les quelque 4000 agents de bord de WestJet et de WestJet Encore se sont syndiqués au cours de la dernière année. Entre-temps, les pilotes d’Encore ont entériné un accord de cinq ans qui prendra fin le 1er janvier 2024 et les pilotes de WestJet se sont mis d’accord sur un processus de règlement en mai dernier, annonçant une « paix syndicale », a souligné M. Kokonis.
L’analyste Doug Taylor de Canaccord Genuity a noté que l’accord avec Onex ne « modifierait probablement pas » le paysage concurrentiel.
« WestJet était généralement bien financée et se lançait déjà dans un vaste plan d’expansion très concurrentiel. À notre avis, le propriétaire d’une entreprise de capital-investissement dans le secteur des capitaux propres restera probablement rationnel quant à son approche en matière de rendements et de rentabilité par rapport à sa part de marché », a-t-il expliqué dans une note à ses clients.
La finalisation de la transaction est assujettie à un certain nombre de conditions, notamment l’approbation des tribunaux, des autorités de réglementation et des actionnaires.
Le conseil d’administration de WestJet a recommandé à l’unanimité aux actionnaires de voter pour l’opération lors d’une assemblée qui devrait se tenir en juillet.
31$ pour pour chaque action de WestJet
Le fonds d’investissement Onex (ONEX) a signé un accord amical portant sur l’acquisition du transporteur WestJet Airlines (WJA) dans le cadre d’une transaction entièrement en espèces de 3,5 milliards $.
En vertu de l’accord dévoilé lundi, Onex allongera 31 $ par action pour WestJet, qui sera exploitée en tant que société privée.
Ce prix représente une prime d’environ 67 % par rapport au cours de l’action de WestJet, qui a clôturé à 18,52 $ vendredi. Le titre a grimpé lundi de 11,09 $, soit 59,9 pour cent, pour clôturer à 29,61 $ à la Bourse de Toronto.
Les deux sociétés ont indiqué que l’accord, dont la valeur grimpe à environ 5 milliards $ en tenant compte de la dette, devrait être finalisé dans la deuxième moitié de 2019 ou au début de 2020.
Le fondateur et président de WestJet, Clive Beddoe, a estimé qu’Onex était un partenaire idéal pour la ligne aérienne.
« Je suis particulièrement heureux que WestJet conserve son siège social à Calgary et continue de miser sur le succès créé par nos 14 000 WestJetters », a affirmé M. Beddoe dans un communiqué.
Onex, une société de capital-investissement établie à Toronto, avait d’abord contacté la compagnie aérienne en mars.
« WestJet est l’une des marques les plus fortes au Canada et nous respectons énormément ce que Clive Beddoe et tous (ses employés) ont bâti au fil des années », a souligné Tawfiq Popatia, un directeur général chez Onex.
Au cours des six dernières années, WestJet a créé des lignes aériennes régionales et à bas prix, WestJet Encore et Swoop, et s’est concentrée sur les liaisons long-courriers en commandant 10 avions de ligne Boeing 787 qui doivent être livrés avant 2022. WestJet a reçu le premier de ces avions plus tôt cette année.
« WestJet a été mise au défi par toute cette diversification qui s’est produite sur une très courte période de temps », a observé Robert Kokonis, président de la société de conseil AirTrav, de Toronto. « Les actionnaires se demandaient si WestJet pourrait exécuter toutes ces tâches. »
La transition actuelle du transporteur aérien, qui passe d’un transporteur régional à bas prix à une compagnie internationale de transport aérien à service complet et destiné aux passagers d’affaires lui confère un potentiel qui rend la prime raisonnable, a fait valoir M. Kokonis.
« Onex a un portefeuille bien garni. (…) Si cela fait en sorte que WestJet connaît une croissance plus rapide à l’international et acquiert davantage de flottes long-courriers pour ses vols à l’étranger, il s’agit de bonnes choses qui vont créer un environnement de prix positif pour les consommateurs. »
Ce n’est pas la première fois qu’Onex tente d’acquérir une compagnie aérienne. Il y a vingt ans, l’entreprise s’associait à la société mère d’American Airlines, AMR, pour lancer une offre hostile de 1,8 milliard $, en plus de la prise en charge de la dette, pour acquérir et fusionner Canadian Airlines, alors le deuxième transporteur au pays, et Air Canada. Le plan a été abandonné après avoir été jugé illégal par un tribunal québécois.
Onex a également échoué dans ses efforts, en 2007, avec un consortium, pour acquérir la société australienne Qantas Airways.
À l’exception d’un trimestre l’an dernier, WestJet a enregistré des bénéfices trimestriels pendant les 14 dernières années.