Dans ce cadre, Le Monde s'est intéressé aux liens entre la société américaine et Emmanuel Macron à l'époque où il était ministre de l'Économie (2014-2016). (Photo: 123RF)
Crolles — Il «assume à fond» et est «hyperfier»: Emmanuel Macron a vertement répliqué mardi aux critiques sur ses échanges privilégiés dans le passé avec Uber, insistant sur «les milliers d’emplois» créés.
«Moi je suis extrêmement fier (…), il est très difficile de créer des emplois sans entreprises ni entrepreneurs», a renchéri le chef de l’État. «Je le referais demain et après-demain», a-t-il insisté après une visite du site de l’entreprise STMicroelectronics près de Grenoble.
Dans le cadre des «Uber Files», une enquête reposant sur des milliers de documents internes à Uber, Le Monde a conclu à l’existence d’un «deal» secret entre Uber et Emmanuel Macron quand il était ministre de l’Économie.
Les oppositions ont continué mardi d’accuser le chef de l’État d’avoir défendu les intérêts d’Uber à l’époque où l’entreprise développait son implantation en France, alors que lui-même était ministre de l’Économie de François Hollande (2014-2016).
Les formations constituant l’alliance de gauche Nupes vont demander une commission d’enquête parlementaire, a ainsi confirmé le patron du Parti socialiste (PS) Olivier Faure.
«Voilà un ministre qui (…) a en douce, en cachette, bâti un accord avec l’entreprise dont tout le monde sait qu’elle a été celle du moins-disant social, qui a été le cheval de Troie de la destruction d’une partie de notre code du travail», a-t-il critiqué sur LCI.
Chirac
Le Rassemblement national veut, lui, lancer une mission d’information, a annoncé son président Jordan Bardella, selon qui M. Macron a été à Bercy «le point d’entrée d’intérêts privés en France».
«On introduit une espèce d’ambiance qui consisterait à dire que voir des chefs d’entreprise, en particulier étrangers, ce serait mal. Mais je l’assume à fond, et en vous regardant!», a riposté M. Macron. «J’ai vu des chefs d’entreprise, l’horreur! Je les ai vus, ça a toujours été officiel, avec des collaborateurs. J’en suis fier! S’ils ont créé des emplois en France, je suis hyperfier de cela».
«Comme le dirait un de mes prédécesseurs, cela m’en touche une sans faire bouger l’autre», a insisté le chef de l’État en référence à une phrase attribuée à Jacques Chirac.
L’enquête publiée par le journal Le Monde dimanche fait partie d’une vaste investigation autour d’Uber associant une quarantaine de journaux internationaux.
S’appuyant sur différents témoignages et documents, dont de nombreux échanges de SMS, le quotidien fait état de réunions dans le bureau du ministre, de nombreux échanges (rendez-vous, appels ou SMS) entre les équipes d’Uber France et M. Macron ou ses conseillers, citant notamment des comptes-rendus de réunions rédigés par le lobbyiste Mark MacGann
«Dérégulation»
«J’ai fait venir des entreprises, j’ai aidé des entrepreneurs français, j’ai surtout aidé des jeunes, à qui on n’offrait pas d’emplois, qui venaient de quartiers difficiles, qui n’avaient pas d’opportunités de job à en trouver pour la première fois de leur vie, et pour des milliers d’entre eux», a plaidé mardi le président Macron.
«Ensuite», a-t-il poursuivi devant quelques journalistes, «nous avons régulé ces emplois, en fermant, en verrouillant au niveau français et européen. (…) Quand je suis devenu président, on a régulé le secteur sans aucune complaisance. On est le premier pays qui a régulé les plates-formes et ensuite on l’a poussé au niveau européen».
Le système de VTC qui a fait la fortune d’Uber et d’autres acteurs apparus dans les années 2010 avait suscité à l’époque la fronde des taxis.
«On a aidé les taxis comme pas possibles pendant la crise», a assuré mardi M. Macron. «J’ai toujours respecté ce métier-là, mais on avait un système qui était fermé administrativement. On ne donnait pas assez de licences».
«“Hyperfier” de piétiner le droit du travail, d’encourager la dérégulation et de soutenir une firme championne de l’évasion fiscale: le Président persiste et signe», a tweeté le communiste Fabien Roussel après les propos présidentiels.
«N’est pas Chirac qui veut… les bons mots ne suffisent pas toujours à cacher les mauvaises manières», a réagi Boris Vallaud, chef de file des députés PS.