En mars 2023, UBS avait accepté de racheter son ancienne rivale sous la pression des autorités suisses pour empêcher qu’elle ne fasse faillite. (Photo: Getty Images)
Zurich — UBS continue d’avancer dans l’intégration de Credit Suisse, même s’il reste du travail à faire selon le patron du géant bancaire, qui a publié mercredi un bénéfice bien meilleur qu’attendu pour le deuxième trimestre.
Pour la période allant d’avril à juin, le bénéfice net a dépassé 1,1 milliard de dollars américains (G$US), dépassant nettement les prévisions des analystes interrogés par l’agence suisse AWP qui l’attendaient en moyenne à 608 millions de dollars américains (M$US).
Les analystes savaient d’emblée que ce bénéfice ne serait pas comparable à celui du deuxième trimestre 2023 puisque les résultats avaient alors été déformés par le rachat forcé de Credit Suisse, ce qui s’était traduit par un gain comptable exceptionnel et avait fait bondir le résultat à 29G$US.
Au deuxième trimestre 2024, le chiffre d’affaires a en revanche reculé de 7% à près de 11,1G$US, plombé par un repli des revenus d’intérêts. Celui-ci a en partie été compensé par la bonne tenue des marchés de capitaux, au profit de la banque d’investissement dont les revenus ont augmenté de 38%, détaille UBS dans un communiqué.
La banque a en revanche quelque peu déçu dans la gestion de fortune. Si les revenus de cette division, en hausse de 15%, se situent «dans la lignée» des attentes, ses coûts ont dépassé les prévisions sous l’effet de rémunérations «plus élevées des conseillers financiers», ont relevé les analystes de Jefferies dans une note de marché.
L’action a néanmoins terminé la séance en hausse de 5,29% à 26,45 francs suisses, portée par les progrès dans l’intégration de Credit Suisse. Par comparaison, le SMI, l’indice de référence de la Bourse suisse, a gagné 1,20%.
« Je suis très satisfait des progrès réalisés », a déclaré le patron d’UBS, Sergio Ermotti, lors d’une conférence téléphonique.
« Il y a toujours du travail à faire » et il faudra « du temps » pour que la première banque helvétique renoue complétement avec son niveau de rentabilité d’avant la fusion, a-t-il ajouté, expliquant que le chemin « ne sera pas linéaire ».
Mais les risques de mise en œuvre dans l’intégration de Credit Suisse ont été « dramatiquement réduits », a-t-il souligné.
Cession aux États-Unis
En mars 2023, UBS avait accepté de racheter son ancienne rivale sous la pression des autorités suisses pour empêcher qu’elle ne fasse faillite.
Au cours des derniers mois, UBS a avancé sur de nombreux fronts, notamment au niveau des litiges qui avaient fait chanceler Credit Suisse. Mi-juin, UBS a proposé une solution pour indemniser les investisseurs lésés lors de la faillite de la société britannique Greensill, dans laquelle 10G$US avaient été investis par le biais de quatre fonds.
La banque a également réalisé 900M$US d’économies supplémentaires durant le deuxième trimestre. Compte tenu des économies déjà réalisées, UBS vise donc la barre des 7G$US d’économies d’ici fin 2024, soit 55% de l’objectif de 13G$US fixé pour 2026.
Durant le troisième trimestre, le rythme des économies devrait toutefois « ralentir légèrement », précise le communiqué.
Dans son rapport trimestriel, la banque précise également qu’elle a terminé de rembourser les derniers fonds mis à disposition par la banque centrale suisse lors du sauvetage de Credit Suisse. La banque a aussi progressé sur le front des actifs de Credit Suisse qu’elle souhaite céder en scellant mardi un accord pour vendre des activités de prêts hypothécaires aux Etats-Unis.
Mais UBS a surtout franchi des étapes importantes au niveau légal en procédant fin mai à la fusion des sociétés de holding qui chapeautaient les deux banques, puis à la fusion des branches helvétiques début juillet.
Ces étapes bouclées, UBS va maintenant « être en mesure d’intensifier ses efforts d’intégration », estime Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, dans une note de marché. Il s’attend à des synergies de coûts « significatives » au cours des « 18 à 24 prochains mois ».
De leur côté, les analystes de Deutsche Bank jugent que la réduction des coûts est « en bonne voie, voire « même plus rapide qu’attendu ».