Un candidat sérieux à la succession de Jean-Guy Desjardins
Dominique Talbot|Publié le 10 janvier 2024En janvier 2023, Jean-Guy Desjardins était revenu à la tête de la firme de gestion d’actifs qu’il a lui-même fondé.
Aussitôt nommé, aussitôt partis en tournée. Après l’annonce lundi de l’embauche de Maxime Ménard au poste de président et chef de la direction de Fiera Canada et Gestion privée mondiale, le fondateur de Fiera Capital, Jean-Guy Desjardins, était déjà à Toronto mardi pour y présenter le nouveau candidat à sa succession.
«L’accueil [en interne] est excellent», lance Jean-Guy Desjardins en entrevue avec Les Affaires, visiblement heureux de cette nouvelle embauche.
«Ce n’est pas une “grosse prise” par le statut qu’il avait, mais par la qualité, le professionnalisme, l’expérience et le respect qu’il a acquis au cours des 20 dernières années. […] Fiera a acquis un partenaire qui est très bien vu et extrêmement respecté dans la communauté», poursuit-il à propos de Maxime Ménard, qui a quitté son poste de président et chef de la direction de Jarilowsky Fraser pour le rejoindre.
Les deux hommes d’affaires se connaissent depuis peu de temps, à peine deux ans, et ils n’entretenaient pas nécessairement de contacts réguliers, raconte Jean-Guy Desjardins. Mais les choses se sont accélérées au cours des dernières semaines.
«Nous nous sommes croisés récemment, dit le fondateur de Fiera Capital. Ça circulait que je cherchais quelqu’un pour prendre le leadership de la division canadienne.»
«Et puis, il m’a dit qu’il était sur une voie de départ avec la Banque (la Banque Scotia, qui a acheté Jarilowsky Fraser en février 2018). Il m’a dit qu’il aimerait avoir une discussion avec moi pour en parler. Ça s’est fait pas mal dans le dernier mois», confie Jean-Guy Desjardins.
Maintenant aux commandes des activités canadiennes de Fiera Capital, qui représente un peu plus de 60% des activités de Fiera Capital, dont les actifs sous gestion sont de 155 milliards de dollars, Maxime Ménard aura notamment comme mission de rehausser les actifs en baisse de cette division. Et aussi, directement et indirectement, de rehausser la valeur de l’action de Fiera Capital, qui a chuté de près de 30% en 2023.
«La venue de Maxime fait disparaître le nuage qui était relié à la succession de Jean-Guy. Malgré que ce soit un nuage qui n’existait pas vraiment. Mais dans l’esprit de beaucoup de gens, qui ne sont pas au courant du plan de succession déposé au conseil [en janvier 2023], ça apparaît comme un élément de solution à cette préoccupation. Donc ça, c’est positif.»
«Deuxièmement, l’arrivée de Maxime introduit un élément de dynamisme et de leadership dans notre division canadienne où l’on considère que nous sommes loin d’avoir la part de marché que l’on devrait avoir, étant donné la plateforme de placement que nous avons qui est unique et extrêmement compétitive dans le marché canadien. On avait une faiblesse évidente dans notre capacité de représenter et de distribuer nos stratégies de placements. L’arrivée de Maxime va avoir un impact sur ça, c’est certain.»
Rappelons qu’en janvier 2023, Jean-Guy Desjardins est revenu à la tête de la firme de gestion d’actifs qu’il a lui-même fondé, un an seulement après avoir laissé son siège à son dauphin Jean-Philippe Lemay. Au cours des dernières années, d’autres départs à la haute direction avaient également fait couler beaucoup d’encre, notamment celui de Nadim Rizk, gestionnaire vedette qui supervisait près de 60 milliards de dollars d’actifs. Ce dernier est parti pour ouvrir sa propre firme de gestion. «La poussière retombe et ça fait du bien», dit Jean-Guy Desjardins.
À la demande du conseil d’administration à son retour en 2023, Jean-Guy Desjardins a déposé un plan de succession qui inclut des professionnels de l’organisation, des gens qui sont sur le comité exécutif. «Entretemps, j’ai décentralisé l’organisation au niveau régional en quatre divisions globales (Londres, Asie, États-Unis, Canada). Sur papier, ces dirigeants sont tous de grande qualité, affirme Jean-Guy Desjardins. [Ma succession] chez Fiera est loin d’être un problème. J’ai une longue liste de candidats potentiels pour éventuellement me remplacer.»
Tout en insistant qu’une réelle compétition s’installe en interne pour prendre sa place, le gestionnaire bientôt âgé de 80 ans, bien que prudent, n’hésite pas à dire que Maxime Ménard possède de nombreux atouts dans son jeu qui sauront séduire le conseil d’administration lorsque viendra le temps de prendre sa décision. «Parce qu’il est Canadien, Québécois, parfaitement bilingue et qu’il a déjà été président d’une firme de placement. […] Dans la longue liste, Maxime est un candidat très sérieux à ma succession, c’est clair. Mais il n’est pas seul et il n’y a aucun engagement qui a été pris en ce sens par le conseil d’administration, ça aussi c’est clair.»