Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Unilever: chiffre d’affaires propulsé par la hausse de ses prix

AFP|Mis à jour le 16 avril 2024

Unilever: chiffre d’affaires propulsé par la hausse de ses prix

L'entreprise est notamment connue pour les savons Dove, les déodorants Axe, les soupes Knorr et les glaces Magnum. (Photo: 123RF)

Londres — Le géant de l’agroalimentaire et des produits d’hygiène Unilever a publié mardi un bénéfice en baisse de 6,9% à 2,9 milliards d’euros au premier semestre, avec des coûts en augmentation qui pèsent sur sa marge, mais son chiffre d’affaires a bondi de 14,9%, tiré par les hausses de prix.

Le chiffre d’affaires a été «tiré par des prix élevés pour atténuer la hausse des coûts» affectant l’entreprise «ce qui, comme prévu, a eu un impact sur les volumes», qui déclinent légèrement sur la période, a résumé le directeur général Alan Jope dans un communiqué.

Le groupe aux plus de 400 marques, connu pour les savons Dove, les déodorants Axe, les soupes Knorr ou les glaces Magnum, a vu son chiffre d’affaires monter à 29,6 milliards d’euros, soit presque 4 milliards d’euros de plus qu’un an plus tôt.

L’inflation s’envole dans de nombreux pays et tandis que «de nombreux consommateurs se tournent vers les promotions, Unilever a profité de sa taille et d’une clientèle fidèle (à ses marques) pour augmenter ses prix», relève Richard Hunter, analyste chez Interactive Investors.

L’entreprise «est sur un chemin étroit entre la hausse (de ses revenus) et l’exclusion de certains de ses clients» en raison de prix trop élevés, «mais pour le moment, la stratégie tient la route», selon l’analyste.

L’action de l’entreprise a grimpé de 2,95% à 4 032 pence mardi à la Bourse de Londres.

Alan Jope est depuis plusieurs mois sous pression d’actionnaires qui remettent en question sa stratégie. En cause notamment: sa tentative de rachat à 50 milliards de livres sur GSK Consumer Healthcare, unité de parapharmacie du laboratoire britannique, finalement avortée en janvier.

GSK a scindé cette filiale la semaine dernière, introduite à la Bourse de Londres sous le nom d’Haleon avec une valorisation, bien plus faible, de 30 milliards de livres.

«Avec le recul, vu la valorisation actuelle beaucoup plus faible d’Haleon, on peut considérer que [Alan Jope] l’a échappé belle», a commenté Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

Le groupe avait annoncé fin mai la nomination du milliardaire américain Nelson Peltz au conseil d’administration et la confirmation de l’entrée au capital de son fonds activiste Trian.

«Avec Peltz à bord, les investisseurs pourront avoir plus confiance dans une cure d’amaigrissement d’Unilever, aujourd’hui assez enrobée», selon Russ Mould, analyste chez AJ Bell, jugeant que cela permettrait au groupe «de se montrer sous son meilleur jour».

Le groupe a aussi annoncé mardi le lancement d’une deuxième tranche de 750 millions d’euros d’un programme de rachat d’actions de trois milliards.

«La forte inflation des coûts s’est généralisée sur nos marchés et devrait rester élevée au second semestre», a toutefois prévenu Unilever, ce qui fera progresser le chiffre d’affaires plus vite que prévu, mais mettra aussi une pression accrue sur les volumes.

Selon Alex Smith, analyste de Third Bridge, «l’inflation continuera d’éroder les marges d’Unilever au cours des 12 à 18 prochains mois», et le groupe continuera d’augmenter ses prix pour atténuer le phénomène.

Unilever a lancé début juillet un plan de réorganisation, avec la suppression d’environ 1 500 postes d’encadrement et la segmentation «autour de cinq types d’activité» : beauté et bien-être, hygiène personnelle, entretien de la maison, nutrition et glaces.

Une nouvelle structure qui «peut accélérer l’innovation, améliorer les performances sur ses marchés et générer des économies substantielles», ajoute Alex Smith, qui note cependant que la segmentation des activités du groupe pourrait aussi pénaliser sa force d’achat.