«On ne devrait pas être trop confiants du le fait que l'économie va bien, ni de celui qu'une récession est inévitable.»
Un responsable de la Banque centrale américaine, qui a voté contre la dernière décision de la Fed de baisser les taux d’intérêt, a estimé que si la croissance américaine se poursuivait, une autre réduction des taux n’était pas nécessaire.
Si les données continuent «de montrer que l’économie des États-Unis suit son potentiel de croissance avec des hausses graduelles de prix et de salaires, il n’y a pas besoin d’agir immédiatement sur les taux à mon avis», a déclaré le président de la Fed de Boston, Eric Rosengren, dans un discours prononcé à Easton (Massachusetts), deux semaines avant une réunion du Comité monétaire de la Fed.
Il est plutôt temps d’«observer» les données économiques que d’ajuster la politique monétaire, a-t-il laissé entendre, apparaissant peu pressé de baisser les taux d’intérêt.
M. Rosengren était un des deux membres du FOMC à voter contre un assouplissement de la politique monétaire fin juillet, soulignant notamment que la Bourse, dopée par les taux bas, commençait à atteindre des records, faisant craindre pour la stabilité financière.
Sous la houlette de son président, Jerome Powell, la Banque centrale a abaissé les taux d’intérêt d’un quart de point de pourcentage pour prolonger la croissance.
Les marchés s’attendent à une large majorité à une autre baisse modeste du coût du crédit lors du rendez-vous monétaire du 18 septembre.
Si M. Rosengren estime qu’il y a «des risques élevés» pour que l’économie des États-Unis ralentisse, il insiste sur le fait que «ces risques ne se sont pas encore matérialisés».
Pour l’instant, selon lui, les économistes prévoient toujours une croissance dans le voisinage de 2%, comme au deuxième trimestre (rythme annuel).
Ces risques de ralentissement sont liés aux tensions commerciales et au ralentissement économique à l’étranger.
«Les tarifs douaniers sont des taxes sur les produits importés qui (…) vont accroître le risque d’affecter les résultats financiers des entreprises tournées vers l’international», explique M. Rosengren.
Si les risques de déprime de l’économie deviennent réalité, «la politique monétaire appropriée sera de baisser les taux de façon agressive», concède-t-il.
Mais, ajoute-t-il, «on ne devrait pas être trop confiants ni dans le fait que l’économie se porte bien, ni dans celui qu’une récession est inévitable».
Il doute notamment de l’interprétation générale de l’inversion de la courbe des taux qui voit ce phénomène comme le signe avant-coureur d’une récession.
Pour lui, le fait que les taux à long terme sur les bons du Trésor sont passés sous le niveau de ceux des bons à court terme traduit plutôt l’intérêt des investisseurs pour les actifs à long terme américains alors que la conjoncture se ternit dans les autres pays industrialisés, faisant plonger leurs propres taux à long terme.