Air Canada: des investisseurs inquiets, des analystes confiants
Jean Gagnon|Mis à jour le 18 juin 2024Le titre d'Air Canada tente de se reprendre en mains après une sévère culbute qui a vu le cours de l’action passer de 26$ à 16$ en trois mois entre juillet et octobre. (Photo: 123RF)
La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
Depuis novembre, le titre d’Air Canada tente de se reprendre en mains après une sévère culbute qui a vu le cours de l’action passer de 26$ à 16$ en trois mois entre juillet et octobre. De cette situation nettement survendue, le titre a amorcé une reprise qui semble réjouir les analystes fondamentaux qui suivent l’état et les perspectives du marché du transport aérien.
D’un oeil plus technique toutefois, cette reprise constitue un joli début de tendance, mais elle demeure néanmoins non-significative tant que le titre n’aura pas réussi à surpasser sa moyenne mobile de 200 jours (ligne grise), explique Monica Rizk, analyste technique senior pour les publications Phases & Cycles.
«Ce n’est que lorsque le cours de l’action excédera 21$ que la situation deviendra vraiment intéressante», dit-elle. Pour l’instant, le titre semble en quelque sorte pris en sandwich entre ses moyennes mobiles de 50 jours (ligne noire) et de 200 jours. On peut croire que le cours de l’action est possiblement engagé dans une période de consolidation entre 16$ et 20$ qui pourrait durer quelques temps, souligne-t-elle.
Des investisseurs trop pessimistes
Les investisseurs ont une vue beaucoup trop pessimiste envers les perspectives d’Air Canada à un mois de la divulgation de ses résultats du 4e trimestre, le 16 février, confiait récemment Cameron Doerksen, analyste à la Financière Banque Nationale, à David Leeder du Globe and Mail. Dans une note à ses clients, Doerksen souligne que les investisseurs s’inquiètent du risque grandissant d’une récession au Canada, des résultats de ses négociations avec ses pilotes, d’une hausse de ses dépenses en capital au cours des prochaines années, ainsi que d’une augmentation de la concurrence.
Même si ces inquiétudes s’avéraient fondées, l’évaluation boursière du titre reflète déjà cette vision extrêmement pessimiste des perspectives du transporteur aérien, selon l’analyste. Le titre montre actuellement une sous-performance significative comparativement à ses concurrents, estime-t-il.
Il croit que la principale préoccupation des investisseurs envers Air Canada est la durabilité de la demande et des prix devant les contraintes financières grandissantes des consommateurs alors que le risque de récession persiste. Pour sa part, il croit pourtant que la demande pour le transport aérien au Canada se maintient très bien.
Un sondage probant
La même impression se dégage des propos de Fadi Chamoun, analyste à BMO Marchés des capitaux. Ils ont mené une enquête tout récemment auprès de 750 voyageurs canadiens, et 85% des répondants disaient prévoir voyager au moins autant sinon plus cette année qu’en 2023.
De ces répondants, 78% affirmaient qu’ils choisiraient Air Canada comme transporteur parmi les 12 choix qui s’offrent à eux. Nul doute que cela souligne le fossé qui existe entre Air Canada et ses concurrents sur le marché canadien, souligne l’analyste.
Autant Chamoun que Doerksen émettent des recommandations de «surperformance» pour le titre au cours des prochains 12 mois. Leurs cours cible se situent respectivement à 32$ et 31$.