(Photo: Nathan Denette / La Presse Canadienne)
Air Canada a vu ses bénéfices chuter de moitié même si ses revenus ont augmenté au cours de son dernier trimestre, alors que la plus grande compagnie aérienne du pays peinait à achever les dernières étapes de sa reprise après la COVID-19.
Le transporteur aérien a rapporté un bénéfice de 410 millions de dollars (M$) lors de son deuxième trimestre, en baisse par rapport à 838M$ pour la même période l’an dernier, alors que ses revenus d’exploitation ont légèrement augmenté.
Ils ont totalisé 5,52 milliards de dollars (G$), en hausse par rapport à 5,43G$ un an plus tôt.
«Nos résultats du deuxième trimestre ont été solides, même s’ils n’ont pas répondu à nos attentes à l’interne», a affirmé mercredi le président et chef de la direction Michael Rousseau aux analystes lors d’une conférence téléphonique.
Les revenus par siège ont toutefois chuté par rapport à l’année dernière, lorsque la forte demande post-pandémique et la diminution de la capacité dans l’industrie ont entraîné des avions bondés, des tarifs plus élevés et des marges bénéficiaires plus larges.
Les dépenses d’exploitation, qui sont de 9% supérieures à celles de l’année dernière, contribuent également à expliquer cette chute, alors que le coût du carburéacteur et de la main-d’œuvre a augmenté, a affirmé le directeur financier John Di Bert.
Reprise incomplète
Malgré une croissance continue, la reprise post-COVID-19 d’Air Canada reste incomplète quatre ans et demi après la fermeture des frontières et le début des confinements.
«Nous ne sommes toujours pas revenus au niveau de 2019 en termes d’échelle et de taille de la compagnie aérienne», a indiqué John Di Bert.
Le bénéfice ajusté d’Air Canada était légèrement plus élevé au deuxième trimestre de 2019 par rapport à cinq ans plus tard. La taille de la flotte du transporteur est également plus petite, avec 356 avions au 30 juin, contre 400 au deuxième trimestre de 2019, même si la plupart des avions mis au rebut étaient plus petits, plus vieux et moins efficaces.
Vendredi dernier, le cours de l’action de la société a chuté à 14,90$, le prix de clôture le plus bas depuis octobre 2020. L’action pointait à 14,91$ mercredi midi.
«Comme nos actionnaires, nous sommes déçus de la performance du cours de nos actions (…) surtout après notre record de 2023 et après avoir complètement remis sur pied le bilan. Nous savons également que la plupart des actions des compagnies aériennes mondiales sont confrontées à des défis similaires», a déclaré Michel Rousseau.
Cameron Doerksen, analyste à la Banque Nationale, a affirmé que les actions d’Air Canada resteraient probablement sous pression jusqu’à ce que l’entreprise trouve une nouvelle entente avec ses pilotes, tout en ajoutant que le cours de l’action reflète des «perspectives très pessimistes».
Plus tôt cette année, les dirigeants ont déclaré que les voyages d’affaires contribueraient à augmenter les bénéfices en 2024, même si les habitudes pandémiques de travail à distance sont bien ancrées.
Les produits haut de gamme — tarifs cabine affaires et classe économique haut de gamme — ont représenté 30% de la croissance des revenus sur les billets au premier trimestre. Ces billets génèrent des marges bénéficiaires plus importantes que les sièges de niveau inférieur.
La dynamique sur ce front s’est poursuivie, en particulier dans les voyages entre le Canada et les États-Unis, a déclaré Mark Galardo, responsable de la planification des revenus et du réseau. «Cela étant dit, nous sommes toujours environ 25 à 30% en dessous d’où nous étions en 2019.»
Plus de vols vers l’Asie
Alors que ses concurrents se concentrent vers les liaisons transatlantiques, Air Canada a réduit sa capacité de ces voyages d’environ 8% et a augmenté son volume de vols vers l’Asie d’un tiers. Deux nouvelles liaisons — de Toronto à Séoul, en Corée du Sud, et de Montréal à Osaka, au Japon — ont «extrêmement bien fonctionné», a affirmé Mark Galardo.
Toutefois, des obstacles subsistent dans le Pacifique. Il s’agit notamment des restrictions strictes imposées par la Chine sur les visites de groupes touristiques au Canada et d’une interdiction de l’espace aérien russe qui oblige les transporteurs canadiens à emprunter une route plus longue vers l’Asie, ce qui augmente considérablement les coûts de carburant et de main-d’œuvre.
«Il est trop tôt pour dire ce que nous verrons en 2025, car certaines variables échappent à notre contrôle, comme la capacité d’aller et de revenir de la Chine. Mais je pense que l’on peut s’attendre à ce que le secteur du Pacifique continue à être relativement robuste jusqu’à la fin de l’année», a dit Mark Galardo.
La compagnie aérienne établie à Montréal prévoit de poursuivre une «approche mesurée» en matière d’expansion, a-t-il ajouté. Sa flotte n’avait que deux avions de plus au dernier trimestre par rapport à l’année précédente. Air Canada a loué huit Boeing 737 Max 8, qui devraient arriver sur le tarmac l’été prochain.
Air Canada a précisé que son bénéfice s’est élevé à 1,04$ par action au cours du trimestre qui a pris fin le 30 juin, comparativement à 2,34$ par action au même trimestre l’an dernier.
Cette augmentation est survenue alors que la compagnie aérienne a augmenté sa capacité exploitée de 6,5% par rapport à il y a un an.
Sur une base ajustée, Air Canada a indiqué avoir gagné 98 cents par action, en baisse par rapport à un bénéfice ajusté de 1,85$ par action au trimestre correspondant de l’exercice précédent.
Dans ses perspectives, le transporteur a souligné qu’il prévoit d’augmenter sa capacité en sièges-miles disponibles de 4 à 4,5% au troisième trimestre par rapport au même trimestre en 2023.
Par Christopher Reynolds