(Photo: Jenny Kane La Presse Canadienne)
San Francisco — Portée par le nuage et l’IA, Amazon a doublé ses profits trimestriels, mais a déçu sur son cœur de métier alors que le marché attend des performances solides des groupes technologiques qui investissent des milliards dans l’intelligence artificielle (IA) générative.
Le géant du commerce en ligne a annoncé jeudi avoir réalisé 148 milliards de dollars américains (G$ US) de chiffre d’affaires au deuxième trimestre, en hausse de 10% sur un an, mais légèrement inférieur aux prévisions des analystes.
Son bénéfice net est ressorti à 13,5G$ US, le double d’il y a un an, grâce aux fortes marges de son activité de nuage (informatique à distance).
L’action Amazon perdait plus de 5% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York jeudi.
«Nous continuons à progresser dans de nombreux domaines, mais surtout dans la réaccélération continue de la croissance d’AWS», l’activité de nuage d’Amazon, a déclaré le patron du groupe Andy Jassy, cité dans le communiqué de résultats.
Les revenus d’AWS ont cru de 19% à 26,3G$ US, dont la filiale a dégagé 9,3G$ US de bénéfice opérationnel (indicateur clef de la rentabilité), soit les deux tiers du total du groupe, 14,7G$ US.
Numéro un mondial du nuage, Amazon a cependant pris du retard dans l’IA générative sur les deux autres géants du secteur, Microsoft et Google.
Les deux sociétés mènent la course en matière de conception de modèles et d’applications capables de produire textes, images et autres contenus sur simple requête en langage courant.
Nuage gourmand
Le nuage est essentiel dans le déploiement de ces outils pour les entreprises et les particuliers, d’où des investissements massifs dans de nouveaux centres de données ad-hoc, toujours plus gourmands en énergie.
Mais ces dépenses faramineuses inquiètent les actionnaires, soucieux de voir rapidement des retours commerciaux à la hauteur.
En avril, Amazon avait prévenu que les investissements allaient augmenter, au-delà des 14G$ US déjà dépensés au premier trimestre, principalement pour AWS et l’IA générative.
Mais la technologie «représente déjà des revenus annuels de plusieurs milliards de dollars», avait assuré Andy Jassy.
«Les investissements stratégiques dans l’IA d’AWS, pour défendre son avance sur Microsoft et Google dans le nuage, sont bien accueillis par le marché», estime Sky Canaves de Emarkerter.
Microsoft, roi de la révolution de l’IA pour certains analystes, a trébuché mardi malgré des revenus et profits meilleurs qu’attendu, car les ventes trimestrielles de son nuage ont progressé de 29% sur un an, moins que les 31% escomptés.
Son patron Satya Nadella a réussi à rassurer un peu Wall Street en évoquant notamment les 60.000 clients que compte désormais Azure AI, sa plateforme de nuage avec services d’IA générative, soit 60% de plus qu’il y a un an.
Google avait aussi tout pour plaire, à l’exception du chiffre d’affaires de YouTube, inférieur aux attentes.
Seul Meta (Facebook, instagram) a véritablement tiré son épingle du jeu mercredi, grâce à ses ventes de publicité ciblée, toujours plus attractives grâce à l’IA.
Le bénéfice net du géant des réseaux sociaux s’est envolé de 73% sur un an, à 13,5G$ US au deuxième trimestre.
Cœur de métier
«Si une entreprise affiche des résultats solides dans son activité principale, ses investissements dans l’IA sont perçus de manière plus positive», a commenté Debra Aho Williamson de Sonata Insights.
«Mais si l’activité principale montre des signes de faiblesse, comme nous l’avons vu la semaine dernière avec YouTube, la démarche peut sembler plus risquée.»
Le cœur de métier d’Amazon, sa plateforme de cybercommerce, a de son côté vu ses recettes progresser de 9% à 90G$ US en Amérique du Nord, dont 5 milliards de bénéfice opérationnel.
L’entreprise continue de séduire largement grâce notamment aux temps de livraisons ultra rapides. Mais elle est menacée par les plateformes de vente chinoises à prix cassés Temu et Shein.
Selon la chaîne CNBC, le groupe envisagerait de lancer une nouvelle section sur sa plateforme, dédiée à la mode à bas prix et d’autres produits bon marché fabriqués en Chine, pour permettre à des commerçants chinois de vendre directement aux consommateurs américains.