À surveiller : BCE, TFI International et Jamieson Wellness
Dominique Beauchamp|Publié le 28 mars 2023Que faire avec les titres de BCE, TFI International et Jamieson Wellness? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
BCE (BCE, 60,70$): le premier trimestre reflétera les deux faces de l’inflation
Les prévisions d’Adam Shine de la Financière Banque Nationale pour le premier trimestre de BCE, qui sera dévoilé le 4 mai, sont assez conformes au consensus. Le principal fournisseur de télécommunications au pays aura bénéficié de vents favorables dont l’immigration, la hausse de certains tarifs et une petite accalmie de la concurrence.
L’augmentation des coûts aura toutefois empêcheront toutefois les marges de la société de profiter de ces coups de pouce.
L’analyste prévoit une hausse de 2,6% des revenus (à 6 milliards de dollars), un repli de 1,9% du bénéfice d’exploitation (à 2,5 G$) et une baisse de 12% du bénéfice par action (à 0,78$).
Les revenus auront bénéficié de la nouvelle hausse des tarifs internet imposée en janvier. Sans l’effet de cette inflation, la hausse des revenus aurait été de 0,4%.
Par contre, le bénéfice d’exploitation aura souffert d’une augmentation de 25 M$ des coûts ce qui fait passer la marge d’exploitation de 44,2 à 42,3%. Adam Shine prévient que le bénéfice d’exploitation pourrait rater légèrement sa cible.
Les revenus des services filaires résidentiels croîtront d’au moins 9% grâce aux tarifs plus élevés et à des gains de parts de marché, malgré les rabais de certains forfaits et les promotions pour les contrats de deux ans offerts. Les services filaires aux entreprises devraient pour leur part avoir bénéficié de l’amélioration de la chaîne d’approvisionnement et des ventes accrues de services de données.
Le nombre d’abonnés au service internet devrait avoir crû de 30 000, un peu plus que l’ajout de 26 000 nouveaux abonnés d’un an plus tôt. Par contre, le service de télé Fibe aura perdu 10 000 abonnés tandis que Bell Canada aura perdu encore 45 000 abonnés au service téléphonique résidentiel.
Le service sans-fil, qui procure 35% des revenus totaux, sera encore une fois la vedette, avec une hausse prévue de 7% des revenus à 2,35 G$. Adam Shine attribue cette performance à la croissance persistante de l’immigration au pays et à la compétition moins aiguë qu’au trimestre précédent. «Le premier trimestre a vu plus d’efforts ciblés de rétention et de récupération de clients que d’efforts énergiques pour acquérir de nouveaux clients», explique l’analyste.
Cette performance se soldera par une augmentation de 0,8% du revenu moyen mensuel par abonné sans fil (à 58,41$) tandis que le taux de désabonnement du service postpayé aura avancé de 4 points de pourcentage à 0,83%. Au final, le bénéfice d’exploitation du service sans-fil aura progressé de 5,9% à un peu plus d’un milliard de dollars bien que la marge d’exploitation aura rétréci de 45,9 à 45,4%.
Le premier trimestre verra également la société regrouper les résultats de ses services filaires et sans-fil, sous le segment services de communications et de technologie. Il ne sera donc plus possible d’isoler le bénéfice d’exploitation de chacun de ces services.
Enfin, les dépenses en immobilisations auront augmenté de 13% à 1,08 G$ si bien que les flux de trésorerie disponibles auront fléchi de 0,9%, à 709 M$.
Le trimestre sans surprise ne change pas les perspectives pour le titre dont Adam Shine ne recommande pas l’achat. Son cours cible reste à 63$, ce qui offre un rendement total potentiel de 10%, en incluant le dividende de 6,37%.
La remontée abrupte des taux a déprécié l’action de BCE de 18% depuis le sommet annuel atteint en avril 2022.
TFI International (TFII, 156,34$): le potentiel reste intact, malgré le ralentissement actuel
TFI International (TFII, 156,34$): le potentiel reste intact, malgré le ralentissement actuel
Lors d’une conférence sur l’industrie du transport organisée par Desjardins Marché des capitaux, le chef de la direction financière du camionneur, David Saperstein, a indiqué que le premier trimestre s’annonce plus difficile en termes de volume de transport, corroborant les perspectives de plusieurs acteurs de l’industrie.
Les détaillants ont encore des stocks de marchandises élevés et TFI International doit en plus composer avec l’impact de sa propre décision d’élaguer certains services de transport de lots brisés qui ne cadraient pas avec sa stratégie, rapporte l’analyste Benoit Poirier. La baisse du volume sera donc plus prononcée que celle de son industrie.
Malgré tout, les tarifs encore «robustes» devraient en partir en pallier au déclin du volume de marchandises transportées, lors du trimestre qui s’avère le plus faible de l’année.
Plus important aux yeux de l’analyste est le fait que la filiale américaine de transport de lots brisés TForce Freight, peut encore améliorer son efficacité et ses marges puisqu’elle consacre l’année 2023 à l’optimisation de l’ex-UPS Freight acquise en 2021. Le camionneur vise toujours un ratio d’exploitation (les dépenses d’exploitation en proportion des revenus) de 80 à 85%.
Les nouveaux camions-remorques commandés «arrivent à un rythme de 60 par semaine», ce qui pourrait améliorer le ratio d’exploitation de 200 à 300 points de pourcentage une fois qu’ils auront tous été renouvelés à la fin de 2023, entrevoit l’analyste.
De plus, les coûts annuels élevés de 72 millions de dollars américains du logiciel de gestion de UPS Freight pourraient baisser de moitié une fois que cette filiale aura migré sur la plateforme de TFI.
À plus long terme, la gestion plus rigoureuse des actifs de TForce Freight, incluant la revente de bâtiments redondants, pourrait aussi améliorer le ratio d’exploitation de 200 à 300 points de pourcentage, imagine Benoit Poirier.
Enfin, TFI se dit toujours à l’affût d’acquisitions d’actifs de transporteurs qui offrent aussi des services de logistique, mais «les investisseurs ne devraient pas s’attendre à l’achat de fournisseurs purs de logistique», rapporte l’analyste de Desjardins.
Benoit Poirier croit que l’acquéreur en série bénéficie d’un certain avantage lorsqu’un transporteur syndiqué est à vendre puisque les prétendants potentiels se font plus rares.
Au final, l’analyste continue de recommander l’achat de TFI parce que le transporteur peut encore exploiter de multiples leviers pour «créer de valeur» qui dépendent peu de la conjoncture.
Son cours cible de 189$ offre un gain potentiel de 21%. Cet objectif représente un multiple de 16 fois le bénéfice ajusté de 8,50$US par action prévu en 2024.
Jamieson Wellness (JWEL, 32,03$): des revers temporaires procurent un bon point d’entrée
Jamieson Wellness (JWEL, 32,03$): des revers temporaires procurent un bon point d’entrée
Tania Armstrong-Whitworth, de Canaccord Genuity, estime que le fabricant de vitamines et de suppléments a bien expliqué aux investisseurs réunis à Montréal que de récents revers s’avéreront temporaires et ne changent pas ses perspectives de croissance à moyen terme.
Cette rencontre organisée par le courtier survient un mois après que l’entreprise ontarienne ait dévoilé un quatrième trimestre et des orientations pour 2023 jugés décevants par certains analystes. Le 24 février, son action avait dévalé de 8%.
Les revenus de la marque américaine youtheory ne sont pas à la hauteur des attentes, depuis son acquisition en juillet 2022, mais le lancement au deuxième trimestre d’une nouvelle version de son produit vedette, le collagène en comprimés, devrait bientôt rétablir la situation.
Un gros marchand a cessé d’acheter la version originale en prévision du lancement, ce qui a temporairement affaibli les revenus, rapporte l’analyste.
Jamieson a aussi reporté au deuxième trimestre le lancement d’une nouvelle gamme de suppléments de marque youtheory sous forme de bonbons gélifiés afin de s’assurer que la chaîne de logistique puisse répondre à la demande.
Les investisseurs craignaient aussi que l’interdiction du dioxyde de titane dans les denrées alimentaires en Europe ait nui aux ventes dans ce marché, mais il n’en est rien. Jamieson aura bientôt modifié la majorité de ses suppléments pour se conformer aux nouvelles restrictions. Par contre, les ventes dans les pays limitrophes à la Russie et à l’Ukraine ont baissé.
Le fabricant a aussi donné un aperçu des perspectives en Chine où elle vend des douzaines de produits au prix de gros par le biais du distributeur local Shanghai Healthway qui prend en charge le marketing et la mise en marché. Jamieson offre aussi ses suppléments directement aux magasins Costco et Sam’s Club en Chine, en vertu de contrats internationaux.
Maintenant qu’elle a mieux apprivoisé ce marché, grâce à un noyau d’employés et de conseillers locaux, Jamieson veut mettre la main sur le distributeur local Shanghai Healthway au cours prochains mois afin de gérer directement toute la chaîne d’approvisionnement. Ensuite, la filiale chinoise pourra offrir la marque Jamieson à d’autres détaillants locaux.
Les marges brutes chinoises devraient être similaires qu’à celles du reste du groupe, mais initialement les dépenses d’exploitation seront plus élevées le temps d’implanter sa plateforme.
Enfin, la société se dit bien positionnée pour naviguer une récession potentielle parce que sa marque de commerce bénéficie d’une « prime d’estime » auprès des clients qui sont disposés à payer 20 à 30% de plus pour la « qualité » des produits. Le fabricant réalise aussi la même marge que ses suppléments soient vendus dans les hypermarchés au rabais ou dans les supermarchés conventionnels.
À moyen terme, Jamieson vise toujours une croissance annuelle de ses revenus de 20% et vise atteindre la marque d’un milliard de dollars par rapport à 547 M$ réalisés en 2022.
Une fois que les investissements nécessaires à son expansion américaine et chinoise seront achevés, les marges devraient en bénéficier, a conclu la société dans sa présentation.
«Les récents pépins ont déprimé le cours du titre qui est le moins chèrement évalué depuis son entrée en Bourse en 2017, à l’exception d’une période de trois mois en 2019», indique l’analyste.
L’action s’échange à un multiple de seulement 11,7 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2023, ce qui est nettement inférieur à la moyenne de 12,9 fois pour les fournisseurs de vitamines et de suppléments.
Son plus proche comparable, l’Australienne Blackmores (BKL, 71,61 dollars australiens) se négocie à un multiple de 14,7 fois.
Satisfaite des explications fournies, Tania Armstrong-Whitworth, de Canaccord Genuity, renouvelle sa recommandation d’achat et son cours cible de 42$.