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À surveiller : CGI, Alphabet et Cascades

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller : CGI, Alphabet et Cascades

(Photo: La Presse Canadienne)

Que faire avec les titres de Groupe CGI, Alphabet et Cascades? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

 

Groupe CGI (GIB.A, 135,48$): la croissance et les marges surpassent les attentes de Desjardins

Groupe CGI surpasse les prévisions de Jérome Dubreuil de Desjardins Marché des capitaux sur toute la ligne au deuxième trimestre, une performance qui sanctionne l’appréciation de 42% du titre depuis juin 2022.

Les revenus de 3,7 milliards de dollars se comparent au consensus de 3,56 G$, soit une croissance de 11,4% en devises constantes, et de 9,5%, sans l’effet des acquisitions.

Cette performance surpasse de loin la hausse prévue de 6,5% par l’analyste qui semble agréablement surpris étant donné la conjoncture incertaine.

Le bénéfice avant intérêts et impôts de 601 millions de dollars (en hausse de 13.2%) et les marges de 16,2% dépassent aussi le consensus de 573 M$ et de 16,1%, respectivement. Cette marge se compare à celle de 16,1% au premier trimestre et de 16%, il y a un an, souligne l’analyste.

Le bénéfice de 1,82$ par action (en hausse de 19%) est aussi plus élevé que le consensus de 1,72$.

Jérome Dubreuil voit d’un bon œil la capacité de CGI de préserver ses marges. Les solides résultats valident pour l’instant l’argument de CGI qui fait valoir que sa croissance a peu à voir avec la modération des plus gros fournisseurs infonuagiques («hyperscalers») , ajoute-t-il, dans une notre préliminaire.

Les nouveaux contrats signés d’une valeur de 3,8 G$ et le ratio de 103,3%, qui compare ces nouveaux contrats aux revenus déjà facturés, sont «acceptables». Ce ratio s’est aussi amélioré par rapport à celui de 100% il y a un an.

Enfin, le carnet de commandes de 25,2 G$ représente 1,8 fois les revenus annuels.

Seule ombre au tableau, les flux de trésorerie générés de 469 M$ sont inférieurs au consensus de 503 M$. Le recul de 0,7% serait attribuable à l’ajout au fonds de roulement.

Jérome Dubreuil ne s’en formalise pas puisque CGI a d’importantes ressources financières à sa disposition et bénéficie d’un bilan très solide.

D’ailleurs, la société a racheté 400 M$ de ses propres actions, au cours du trimestre.

Avant la téléconférence matinale, l’analyste ne touche pas à sa recommandation d’achat ni à son cours-cible de 140$.

Alphabet (GOOGL, 104,52$ US): un premier trimestre satisfaisant, sans plus

Alphabet (GOOGL, 104,52$ US): un premier trimestre satisfaisant, sans plus

Les résultats du premier trimestre du propriétaire de Google sont assez satisfaisants pour que Brad Erickson de RBC Marchés des capitaux relève légèrement ses prévisions de revenus et son cours-cible.

Les revenus de 69,8 milliards de dollars américains ont augmenté de 2,6% et ont surpassé ses prévisions de 68,4 G$US. Le bénéfice de 1,17$US par action a surpassé le consensus de 1,11$US, bien qu’il baisse de 4,7%.

Malgré des annonceurs plus frileux, l’analyste se dit impressionné par la performance de son moteur de recherche. Les recherches pour les voyages et la consommation ont compensé le déclin de la demande pour les services financiers et le divertissement. «Cela démontre la résilience de la recherche et aussi le rendement que procurent les nouveaux outils d’automatisation de la publicité», dit-il. Les recettes publicitaires de YouTube montrent aussi de légers signes de stabilisation.

Google Cloud a produit son premier bénéfice avant intérêts et impôts grâce à la «reclassification» de certaines dépenses, mais sa croissance a ralenti de 32% à 28% du quatrième au premier trimestre.

Néanmoins, l’analyste juge que la société n’a pas complètement rassuré ceux qui craignent que les dépenses nécessaires au déploiement de l’intelligence artificielle générative resteront structurellement élevées à moyen terme.

La société prévoit notamment ériger de nouveaux centres de données et implanter des serveurs additionnels. Brad Erickson croit que ces dépenses additionnelles ont tempéré la réaction initiale aux résultats

«La hausse des dépenses en capital au cours des trois prochains trimestres est en contradiction avec le discours des dirigeants qui ont répété plusieurs fois qu’ils visaient des gains d’efficacité dans toute l’organisation pendant la téléconférence», indique l’analyste de RBC.

L’intelligence artificielle sera également mise à profit à l’interne afin de gagner en productivité

À ce titre, la réduction des effectifs et des espaces de travail a entraîné des charges de 2,6 milliards de dollars américains qui ont amputé 0,16$ US par action au bénéfice.

Il semble que les bénéfices de cette rationalisation seront plus visibles à partir de 2024, ajoute l’analyste.

En même temps, Alphabet n’a pas annoncé de grandes nouveautés au sujet de l’intelligence artificielle, ce qui fait dire à l’analyste que son plan d’action sera plus «évolutif» que «révolutionnaire».

Au final, les meilleurs résultats que prévu des services de recherche et infonuagiques justifient un nouveau cours cible de 132 $US, par rapport au précédent de 130$ US, soit 22 fois le bénéfice prévu en 2024.

Alphabet s’échange à un multiple de 17 fois ce bénéfice. Brad Erickson continue donc de croire qu’Alphabet est un bénéficiaire «sous-estimé» de l’intelligence artificielle à long terme qui devrait graduellement stimuler l’usage de ses services et ajouter des revenus.

«Des investissements fondamentaux sont toutefois nécessaires à ce stade-ci pour construire et protéger son avantage concurrentiel au fil du temps. Nous gardons donc le cap», évoque-t-il.

Entretemps, les activités principales de Google, soit les recettes de publicité de son moteur de recherche et de YouTube ainsi que les services infonuagiques, devraient tirer leur épingle du jeu.

L’analyste maintient sa recommandation d’achat bien que l’évaluation du titre risque peu d’augmenter, étant donné la forte croissance connue pendant la pandémie, le niveau encore inconnu des dépenses ultimes en intelligence artificielle et la loi des grands nombres.

Cascades (CAS, 10,75$): nouvel effort pour rentabiliser le papier tissu

Cascades (CAS, 10,75$): nouvel effort pour rentabiliser le papier tissu

Afin de renverser le déficit du groupe de papier tissu, Cascades fermera progressivement deux usines ainsi qu’une machine à papier vierge aux États-Unis, à partir du début de juillet.

Le groupe de papier tissu a affronté de multiples défis depuis 12 mois, indique Zachary Evershed de la Financière Banque Nationale. «La hausse des coûts et les volumes inférieurs aux prévisions ont éradiqué l’effet sur la rentabilité de l’augmentation des prix de vente et de l’amélioration opérationnelle», explique-t-il.

Le nouvel effort de redressement coûtera de 20 à 25 millions de dollars, mais la société de Kingsey Falls n’a pas chiffré les économies attendues, indique l’analyste qui espère en apprendre plus lors du dévoilement des résultats du premier trimestre le 11 mai.

Étant donné la perte d’exploitation de 13 M$ pour le groupe de papier tissu en 2022, au lieu du bénéfice initialement prévu de 60 à 80 M$, la décision de fermer des usines qui fonctionnaient de 50 % à 61% de leur capacité devrait aider les marges, dit-il.

Le déplacement de la production de papier tissu (environ 16% de la capacité) dans les autres usines devrait en théorie relever le taux d’utilisation des autres usines à une fourchette de 84 à 97% selon les produits, mais l’absence d’usine de papier tissu sur la Côte Ouest signifie que Cascades ne pourra pas préserver toute la production, précise l’analyste.

«Nous ne croyons que la direction aurait pris une telle décision à la légère, ce qui suggère que toute autre option de redressement aura été préalablement écartée», évoque-t-il. L’inadéquation géographique entre les usines et leurs marchés a gonflé le coût par caisse expédiée, amplifiant ainsi l’impact de la hausse de 170 M$ des coûts sur les marges, élabore l’analyste.

Zachary Evershed rappelle qu’en février 2022, Cascades visait un bénéfice d’exploitation de 150 M$ pour le groupe papier tissu en 2024 (des marges de 9 à 10%). Cet objectif risque d’être revu.

Puisqu’il y a encore beaucoup à faire pour redresser le groupe de papier tissu, et accélérer la production de l’usine Bear Island, en pleine incertitude économique, l’analyste reste neutre envers le titre et maintient son cours cible de 11$.