Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

À surveiller: Dialogue, Aritzia et Cargojet

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Dialogue, Aritzia et Cargojet

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Dialogue, Aritzia et Cargojet ? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

 

Dialogue Technologies de la Santé (CARE, 3,53$): le premier trimestre devrait atteindre la borne supérieure des attentes

La principale plateforme virtuelle intégrée de soins de santé et de bien-être au pays dévoilera les résultats du premier trimestre le 9 mai après la clôture des marchés.

Les prévisions de Nick Agostino de Valeurs mobilières Banque Laurentienne sont légèrement supérieures au consensus tant pour les revenus que la perte d’exploitation.

Les revenus de 24,5 M$ prévus correspondent au haut de la fourchette des orientations fournies par l’entreprise de Montréal mieux connue pour son service d’aide aux employés Optima.

Il s’agit d’une hausse de 25,3% par rapport au même trimestre un an plus tôt. Cette progression diminue à 10,3% toutefois si on exclut la plateforme de bien-être britannique Tictrac acquise en avril 2022.

Le nombre de membres mensuels devrait augmenter de 38% à 2,8 millions par rapport à l’an dernier. Ils totalisaient 2,4 millions au quatrième trimestre, abstraction faite de Tictrac.

Le taux d’attachement, ou le nombre moyen de programmes utilisé par chaque membre, devrait s’établir à 1,6, soit un peu mieux que le taux de 1,55 du trimestre précédent.

Les unités membres-services (UMS), soit le nombre total de membres uniques multiplié par le taux d’attachement, devraient afficher une hausse de 46% à 4,5 millions, prévoit aussi l’analyste.

Les revenus récurrents et répétés contractuels devraient augmenter de 13 M$ grâce à l’ajout de 170 nouveaux clients au quatrième trimestre de 2022 et de 125 000 nouveaux membres au premier trimestre. Le segment des services de santé, de santé mentale et de bien-être contribuera le plus à cette amélioration puisque le service d’aide aux employés Optima a perdu un important client l’an dernier qui amputera 20% aux revenus.

La marge brute devrait s’établir à 55,9%, à mi-chemin de la fourchette visée de 55 à 56,5%, grâce à l’effet des économies d’échelle, à l’adoption de services plus rentables de bien-être et à la hausse des tarifs.

L’analyste prévoit donc une perte d’exploitation de 1,8 M$, soit au bas de la fourchette de 1,8 à 2,1 M$ prévue grâce au contrôle plus assidu des coûts. La société reste en bonne voie pour dégager un premier bénéfice d’exploitation au quatrième trimestre, tel que promis.

Dialogue dispose de liquidités de 52,5 M$ et d’emprunts inutilisés de 10 M$ qui suffisent à éponger son déficit et à envisager d’autres acquisitions. «La société veut ajouter à son offre de services, mais rien n’est imminent. Étant donnés les revenus récurrents et répétés ont franchi le cap de 100 M$, il faudra des acquisitions de plus grande envergure pour faire une différence», soutient l’analyste.

Nick Agostino renouvelle sa recommandation d’achat et son cours cible de 6,25$, soit 77% de plus que le cours actuel. L’analyste fait valoir note que le titre est moins chèrement évalué que des sociétés de technologie médicales malgré sa croissance et ses marges supérieures.

Aritzia (ATZ, 33,31$): 2024 démarre à reculons, l’action plonge

Aritzia (ATZ, 33,31$): 2024 démarre à reculons, l’action plonge

Le détaillant de vêtements à la mode pour femmes a terminé 2023 en force, avec un bond de 44% des revenus, de 32% des ventes comparables et de 20% des profits au quatrième trimestre. Par contre, les perspectives pour 2024 risquent fort de décevoir les investisseurs, prévient Martin Landry de Stifel GMP, à cause d’un décalage prononcé entre les revenus et la flambée des coûts.

Le verdict des investisseurs n’a pas tardé: l’action plonge de 22% à mi-séance à 33,31$.

Les « dirigeants ont bien essayé de rassurer les investisseurs en évoquant le rebond prévu» de 12,5 à 16% des marges d’exploitation de 2024 à 2025, mais ces «prévisions sont trop éloignées pour soutenir l’action à court terme», craint l’analyste qui charcute son cours cible de 62 à 50$

L’inflation gonfle les dépenses d’approvisionnement en marchandises ainsi que les salaires, si bien que la marge brute reculera de 200 points de pourcentage en 2024 alors que les dépenses générales et administratives grimperont de 150 points de pourcentage en proportion des revenus, précise l’analyste.

Ces pressions sur les coûts se feront surtout sentir au premier semestre, et feront chuter le bénéfice de 76% au premier trimestre (à 0,08$ par action) et de 79% au deuxième (à 0,09$ par action).

La chaîne de 115 boutiques «a été trop lente à relever ses prix pour les ajuster à l’inflation ce qui affaiblira les marges brutes de 600 points de pourcentage au premier semestre », croit-il. Les dépenses générales et administratives grimperont aussi de 400 points de pourcentage pendant ces deux trimestres.

En cause, le maintien de deux chaînes parallèles d’approvisionnement et de logistique en attendant l’ouverture en août du nouveau centre de distribution de 500 000 pieds carrés à Vaughan en Ontario. L’entrepôt devrait être pleinement fonctionnel en 2025.

Une fois la transition logistique complétée, le commerçant vise toujours une marge d’exploitation de 19% en 2027, soit l’objectif chiffré lors de la journée des investisseurs d’octobre 2022.

«Nous croyons que ces cibles sont atteignables, mais la grande volatilité des marges avant d’y parvenir nous surprend», admet Martin Landry.

L’analyste de Stifel GMP réduit de 35% à 1,47$ par action le bénéfice prévu en 2024 et espère le retour de la croissance à partir du troisième trimestre (de 13,4% à 0,75$ par action) et au quatrième trimestre (de 33% à 0,54$ par action).

La volatilité des bénéfices, le risque d’exécution et la modération de la croissance des revenus abaissent le multiple qu’il est prêt à accorder au titre de 19 à 4 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2024. Le multiple passe aussi de 27 à 20 fois les bénéfices projetés en 2025.

Pour 2024, Aritzia prévoit une hausse de 12% des revenus (2,4 à 2,5 milliards de dollars), soit légèrement en deçà  des attentes de l’analyste.

À long terme, Aritzia conserve un bon potentiel grâce à son expansion aux États-Unis et à l’étranger. «Les difficultés de croissance sont de nature temporaire. Le détaillant devrait renouer avec sa rentabilité historique, mais dans l’intervalle la confiance des investisseurs est ébranlée», conclut Martin Landry

Cargojet (CJT, 106,59$): le chouchou du fret aérien réagit avec urgence au ralentissement

Cargojet (CJT, 106,59$): le chouchou du fret aérien réagit avec urgence au ralentissement

Le ralentissement du fret s’accentue, mais le transporteur aérien réagit avec un sentiment d’urgence afin de traverser la tempête. Les revenus de fret canadiens sont restés stables, au premier trimestre, soit leur pire performance en huit ans.

La réduction des frais d’exploitation et des dépenses en capital déjà annoncée font dire à Kevin Chiang, de CIBC Marchés des capitaux que Cargojet saura tirer son épingle du jeu.

 Tout bien considéré, les revenus inchangés (de 232 millions de dollars au du premier trimestre) ont mieux résisté que prévu. Les investisseurs craignent que les marges d’exploitation souffrent fortement du déclin du volume, mais la société s’est engagée à les protéger même si la conjoncture devient plus incertaine», explique l’analyste. Cet engagement exclut les revenus de nolisement non récurrents de fret aérien réalisés pendant la pandémie.

Cargojet a mis en branle un train de mesures pour réduire ses coûts, dont le rapatriement à l’interne de la formation des pilotes, la location d’avions sans équipage, la gestion plus serrée de l’entretien des appareils et l’élimination des employés temporaires et des heures supplémentaires.

En plus, le transporteur ontarien réduit ses investissements tout en s’assurant d’avoir les actifs qu’il lui faudra lors de la reprise, ajoute l’analyste. Cargojet repousse l’expansion de sa flotte d’avions et revend même deux des huit appareils Boeing 777 commandés. «La revente des deux appareils récoltera 100 millions de dollars qui financeront une partie du budget des dépenses en capital prévues en 2023», précise Kevin Chiang.

Au final, l’analyste estime que l’entreprise peut encore aspirer à un bénéfice d’exploitation d’au moins 500 M$ bien que la durée du vol pourrait repousser l’atterrissage initialement prévu en 2026.

«Les mesures prises pour aligner la structure de coûts (aux revenus) mettent au jour la flexibilité sous-estimée de la société pour affronter le ralentissement du fret», soutient l’analyste de CIBC.

La résilience des revenus, le positionnement concurrentiel et les termes de ses contrats qui refilent la hausse des coûts et imposent des volumes minimum, justifient une plus-value pour le titre, renchérit-il.

Au cours actuel, l’action offre un bon point d’entrée à long terme, car son multiple et des bénéfices sont dépréciés. Le titre s’échange à un multiple de 7 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2024.

À court terme cependant, Kevin Chiang ajuste ses prévisions à la conjoncture plus difficile : le bénéfice prévu en 2023 passe de 343 à 316 millions de dollars, celui pour 2024 de 374 à 367 M$.

L’analyste maintient sa recommandation d’achat, mais réduit son cours cible de 193 à 180 $.