La saga de gouvernance entourant le fabricant de t-shirts et de chandails risque de se prolonger. (Photo: courtoisie)
Que faire avec les titres de Gildan, FirstService et Enghouse? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Gildan Vêtements de sport (NYSE, GIL, 34,68$ US): la saga se complexifie, Stifel préfère rester à l’écart
La saga de gouvernance entourant le fabricant de t-shirts et de chandails risque de se prolonger, craint Martin Landry de Stifel qui retire sa recommandation d’achat et abaisse son cours cible sur un an, qui passe de 37$US à 34$US.
Le remplacement abrupt du fondateur et PDG Glen Chamandy à la tête de Gildan, le différend sur la stratégie à adopter et surtout la confrontation entre plusieurs actionnaires institutionnels et privés «risquent de créer des distractions majeures pour le conseil d’administration et l’équipe de dirigeants au cours des prochains mois et pourraient même dégénérer en guerre de procurations», explique l’analyste.
Il s’attend désormais à ce que le titre évolue en dents de scie tant que la situation ne sera pas éclaircie.
Depuis le départ inattendu de Glen Chamandy, qui accuse le conseil de l’avoir expulsé en raison d’une mésentente sur le processus de succession, un nouveau membre a été élu au conseil d’administration qui appuie les membres actuels du conseil et leurs décisions. Christopher Shackelton est associé directeur de Coliseum Capital Management, qu’il a co-fondé en 2005.
«C’est le premier actionnaire à dire publiquement qu’il appuie les récents changements à la tête de Gildan, ce qui suggère qu’il devient peu probable que le conseil actuel réintègre Glen Chamandy» surtout à la lumière de la détérioration médiatisée des relations entre lui et le conseil, indique l’analyste.
Coliseum a déjà 6% des actions de Gildan et compte augmenter son actionnariat afin de se hisser en tête des actionnaires et ainsi se faufiler devant Jarislowsky Fraser qui aurait un bloc de 7%.
Martin Landry estime qu’au moins le quart des actionnaires appuient l’ex-PDG Glen Chamandy et veulent qu’il réintègre son poste. Le bras de fer entre ce groupe, le conseil et Coliseum pourrait mener à une guerre de procurations par laquelle chaque clan tenterait d’imposer ses candidats au conseil d’administration dans l’espoir d’imposer leur agenda.
La récente nomination de Vince Tyra au poste de PDG de Gildan, à partir du 12 février, soulève aussi des questions, mentionne l’analyste, parce qu’il a peu d’expérience pour diriger une société en Bourse et de surcroît une entreprise manufacturière, deux compétences clés pour Gildan.
Avant cette saga, la cible de 37$ de Martin Landry reposait sur un multiple de 12,7 fois le bénéfice prévu en 2024, en prévision de l’amélioration continue des marges avant intérêts et impôts (à 20,3%) et de 15% du bénéfice (à 2,92$ par action).
La situation fluide se répercute sur les fluctuations du titre qui est tombé de 11% entre le 8 et 11 décembre et qui a regagné 5% depuis.
FirstService (Nasdaq, FSV, 164,63$ US) : une incursion complémentaire dans les toitures plaît
FirstService (Nasdaq, FSV, 164,63$ US) : une incursion complémentaire dans les toitures plaît
Frédéric Bastien de Raymond James était déjà un partisan du vaste groupe de services essentiels aux propriétaires immobiliers FirstService et la prise de contrôle du fournisseur de toitures Roofing Corp. of America (RCA) d’Atlanta (Georgie) est une raison de plus d’apprécier la société.
«Vue d’ici, la transaction de 413 millions de dollars américains coche toutes les bonnes cases en ajoutant des services complémentaires au portefeuille de services essentiels du groupe et une nouvelle plateforme pour réaliser d’autres acquisitions» dans un créneau fragmenté, une stratégie répétée maintes fois par le groupe, résume l’analyste.
Mieux connu pour ses filiales California Closets, CertaPro Painters ou Century Fire, FirstService ajoute ainsi une nouvelle corde à son arc, l’entretien et le renouvellement de toitures pour les propriétaires d’immeubles, les gestionnaires de parcs immobiliers, les associations de propriétaires résidentiels et les entrepreneurs en construction dans onze états américains. Seulement le tiers des revenus de 400 M$ US provient de l’installation de toits neufs.
Le fait que l’équipe de direction actuelle, dont le PDG de RCA, reste en poste et seront des actionnaires plaît aussi à l’analyste. «RCA a trouvé en FirstService le partenaire parfait pour réaliser ses ambitions de devenir un chef de file dans les toitures commerciales», indique l’analyste qui précise que RCA était dans le giron du fonds privé de New York Soundcore Capital Partners, depuis 2020.
L’achat de taille surpasse de loin les prévisions du modèle financier de Frederic Bastien. Pour 2024, il avait prévu que les acquisitions ajouteraient 200 M$ US aux revenus annuels alors que RCA à elle seule apporte quelque 400 M$ US. Malgré cette surprise, l’analyste s’attend à ce qu’une autre transaction potentielle ajoute 100 M$ US de plus à ce total, à partir du troisième trimestre de 2024.
Au final, l’analyse hausse les revenus prévus pour 2025 de 4,7 à 4,9 milliards de dollars américains, le bénéfice d’exploitation de 461 à 493 M$ US et le bénéfice par action de 5,50 à 5,60 $US.
Son cours cible passe aussi de 180 à 185 $US, soit 12% de plus que le cours actuel et un multiple 19 fois le bénéfice d’exploitation prévu.
Enghouse (ENGH, 35,03$) : RBC croit au pivot de l’acquéreur en série de fournisseurs de logiciels
Enghouse (ENGH, 35,03$) : RBC croit au pivot de l’acquéreur en série de fournisseurs de logiciels
L’évaluation affaiblie du fournisseur de logiciels spécialisés pourrait être revue à la hausse puisque le déclin de sa croissance interne s’amenuise tandis que les perspectives transactionnelles s’améliorent pour l’acquéreur en série, fait valoir Paul Treiber de RBC Marchés des capitaux.
L’entreprise ontarienne Enghouse, que l’on compare parfois au consolidateur Constellation Software (CSU, 3231,96$) pour sa stratégie active d’acquisitions, estime que le climat est devenu plus attrayant qu’avant pour réaliser des transactions. La remontée des taux et le test de rentabilité des investisseurs calme un peu l’évaluation des fournisseurs indépendants de logiciels, explique l’analyste.
Étant donné la longue feuille de route d’intégration rentable d’acquisition d’Enghouse, des conditions plus favorables pour réaliser des transactions lui donnent la chance de mettre à profit son savoir-faire, renchérit-il.
Paul Treiber s’attend d’ailleurs à ce que Enghouse double à 120 millions de dollars le capital qu’elle consacrera aux acquisitions d’ici 2025. La société cible des transactions d’une taille de 5 à 50 millions de dollars chacune et vise un rendement financier interne de plus de 20% sur le capital investi.
L’analyste donne en exemple l’achat récent de Lifesize dont les marges d’exploitation ajustées ont atteint la cible interne de 30% en moins d’un trimestre, soit beaucoup plus rapidement que prévu. «Toutes les sociétés acquises en 2023 dégagent des marges qui rencontrent les objectifs de la société», note-t-il.
L’analyste s’attend d’ailleurs à ce que la marge d’exploitation consolidée passe de 29,5% en 2023 à 30,4% en 2025.
Parallèlement, la société redouble d’efforts pour améliorer sa rentabilité interne, souligne Paul Treiber. Enghouse réinvestit notamment pour capter plus de mandats de logiciels en tant que service (SaaS) et réduire le taux de roulement des clients.
Les bons résultats du quatrième trimestre en témoignent. Le bénéfice d’exploitation ajusté a avancé de 6% malgré des revenus totaux un peu moins robustes que prévu.
L’analyste rappelle que le déclin des revenus internes, sans les acquisitions, continue de s’améliorer, un facteur dont les investisseurs n’ont pas encore pris note. La baisse de ces revenus devrait passer de 7% en 2023, à 5% en 2024 puis à 4% en 2025, prévoit-il.
Pour cette raison, Enghouse est 42% moins chèrement évaluée que ses semblables en Bourse par rapport à un écart historique de 13% précise l’analyste.
Le titre s’échange à un multiple de 11 fois le bénéfice d’exploitation prévu alors que le cours cible de 43$ de Paul Treiber s’appuie sur un multiple de 14 fois, soit sa moyenne depuis cinq ans.
L’analyste renouvelle donc sa recommandation d’achat du titre qui reprend du poil de la bête avec un rebond de 26% depuis le 3 août.