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À surveiller: Québecor, Sleep Country et CCL Industries

Dominique Beauchamp|Publié le 12 avril 2023

À surveiller: Québecor, Sleep Country et CCL Industries

Québecor devra initialement stabiliser la performance de Freedom Mobile. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Québecor, Sleep Country et CCL Industries? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

 

Québecor (QBR.B, 34,57$): une première mesure du potentiel hors Québec

Maintenant que Québecor a conclu l’achat du fournisseur sans-fil Freedom Mobile, au coût de 2,85 milliards de dollars et que l’entreprise se dise fin prête à saisir l’occasion de croître hors du Québec, Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, tente d’en jauger le potentiel.

Le propriétaire de Vidéotron dévoilera les résultats du premier trimestre le 11 mai, mais l’analyste ne s’attend pas à ce qu’il fournisse d’orientations financières au sujet de cet achat. Toutefois, la société pourrait présenter les contours de l’opportunité de croissance ailleurs au pays et aussi indiquer comment elle entend réduire la dette qui grimpe à 4 fois le bénéfice d’exploitation.

D’entrée de jeu, Adam Shine indique que l’achat de Freedom Mobile arrive à point nommé étant donné que la croissance des revenus de télécommunications de Vidéotron avait ralenti d’un rythme de 3,1% au premier semestre de 2021 à 0,4% au deuxième semestre de la même année, si on ampute les ventes d’équipements du service Hélix du calcul. En 2022, les revenus avaient reculé de 0,4%, ou de 0,8% sans l’achat de VMedia.

«Bref, il était temps d’explorer une expansion géographique bien nécessaire», écrit-il. Adam Shine mentionne aussi que cette diversification survient au moment où les autres provinces profitent davantage que le Québec du nombre record de nouveaux immigrants au pays.

Québecor devra initialement stabiliser la performance de Freedom Mobile, dit-il, mais elle pourra bonifier les perspectives avec ses plans pour la revente de services d’accès internet achetés en gros (accès internet de tiers ou AIT), le lancement d’offres groupées (internet et sans-fil), le lancement de sa marque à bas prix Fizz Mobile dans l’Ouest et la percée du marché manitobain d’ici trois ans, entrevoit Adam Shine.

«Québecor peut tirer profit de son accès au réseau de Rogers pour le service internet à des tarifs intéressants, incluant un bon volume de frais d’itinérance gratuits», signale l’analyste.

Une première analyse du potentiel sans-fil et d’accès internet hors du Québec, en fonction d’hypothèses pour les tarifs, les marges et le nombre d’abonnés, lui fait dire que les revenus sans-fil additionnels d’ici 2027 représentent au moins 4$ par action de Québecor. Le service d’accès internet ajouterait un autre 4$ à cette valeur en présumant que la société capte 5% du marché de l’Ontario, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, individuellement.

Adam Shine prévient que ces prévisions préliminaires pourraient changer, car elles n’incluent pas tout le potentiel de la revente d’accès internet (IAT) ni celui des offres groupées hors du Québec ou encore la possibilité que le nombre de nouveaux abonnés soit meilleur que prévu en Ontario et dans l’Ouest.

Bien qu’il prévoie relever la valeur accordée aux activités sans-fil, l’analyste augmente pour l’instant de 6,5 à 7 fois le multiple d’évaluation du bénéfice d’exploitation de la division de câblodistribution.

Son cours-cible passe donc de 36 à 40$, soit un potentiel de rendement total de 15,7% incluant le dividende de 3,5%. Il renouvelle sa recommandation d’achat.

L’action de Québecor a rebondi de 45% depuis le creux d’octobre 2022.

 

Sleep Country/Dormez-vous (ZZZ, 23,73$): la marque Casper complète bien l’écosystème du sommeil de détaillant

Sleep Country/Dormez-vous (ZZZ, 23,73$): la marque Casper complète bien l’écosystème du sommeil de détaillant

Après l’achat d’Endy, de Hush Blankets et de Silk & Snow, voilà que le principal détaillant de matelas au pays s’offre les actifs canadiens de la marque emblématique des matelas en boîte Casper Sleep.

Stephen MacLeod de BMO Marchés des capitaux voit cet achat de 27,7 millions de dollars canadiens d’un bon œil. La marque de référence des matelas compressés et roulés dans les boîtes et livrés directement aux consommateurs Casper complète bien l’écosystème du sommeil de Sleep Country, au Canada.

«Cet achat témoigne de la force de frappe de Sleep Country au Canada quand on sait que Casper a déjà été perçue comme une menace à sa croissance», évoque l’analyste.

Depuis sa fondation en 2016, «Casper a déboursé un milliard de dollars mondialement pour bâtir la notoriété de sa marque de commerce qui est l’une des plus reconnues en Amérique du Nord dans le créneau du sommeil», indique Stephen McLeod.

Le détaillant paie aussi un prix attrayant de seulement 0,4 fois les ventes canadiennes réalisées en 2022 pour les actifs canadiens de Casper qui incluent le site web casper.ca, les baux de six magasins, les inventaires de 2 à 3 M$ US et les ententes de distribution en gros ainsi que d’autres avantages.

Sleep Country obtient en effet des frais de transition de marketing de 6 M$ de la part de Casper qui seront versés au cours des quatre prochaines années ainsi que des bons de souscription de trois ans qui peuvent convertis en participation de 1% dans la société mère Casper Sleep.

En plus, le marchand de matelas achète une débenture convertible de cinq ans portant un taux de 7% qui pourra être converti dans une participation de 5% dans Casper Sleep qui a fermé son capital en janvier 2022. Sleep Country se trouve ainsi à financer l’expansion de la société-mère, une première pour le détaillant canadien.

La transaction est mutuellement bénéfique puisque Casper pourra exploiter l’infrastructure de Sleep Country tandis que le détaillant pourra capter de nouveaux marchés et clients, fait valoir l’analyste de BMO.

Malgré ce potentiel, l’achat est mineur financièrement puisque les ventes canadiennes de 40 M$ de Casper en 2022 se comparent à celles de 929 M$ de Sleep Country. L’analyste estime que Casper ajoutera 2% au bénéfice de 2024, lorsque la marque aura été entièrement intégrée à son arrière-guichet.

Tout comme les autres marques offertes directement aux consommateurs, Casper restera une marque indépendante. Les synergies proviendront du partage des meilleures pratiques en matière d’approvisionnement, de marketing, de logistique et de mise en marché, explique l’analyste.

Sleep Country pourra aussi mieux segmenter ses marques de matelas en boîte Endy, Bloom et Casper ainsi que leurs prix.

Ses prévisions de bénéfices passent de 2,97 à 3,02$ par action en 2024 tandis que le cours cible reste à 34$, soit 43% de plus que le cours actuel.

Stephen MacLeod renouvelle donc sa recommandation d’achat.

Après être tombée à 10$ au pire de la pandémie en mars 2020, l’action de Sleep Country a regagné 37,53$ en décembre 2021, avant de rechuter.

Le titre est encore loin du zénith de 41,15$ touché en juin 2017.

 

CCL Industries (CCL.B, 67,98$): des attentes élevées incitent à la prudence

CCL Industries (CCL.B, 67,98$): des attentes élevées incitent à la prudence

Même s’il ne change pas ses prévisions ni son cours-cible pour le fabricant mondial d’étiquettes et d’emballages spécialisés, Michael Glen de Raymond James invite ses clients à la prudence, car il craint que les attentes soient trop élevées à court terme.

L’analyste mentionne notamment que les ventes en unités des clients de CCL, dont Procter and Gamble, Unilever et Colgate-Palmolive baissent tandis que la croissance interne de ses filiales Avery Dennison et Graphic Materials affiche des changements abrupts.

Lors du dévoilement des résultats du quatrième trimestre, CCL avait indiqué que les commandes d’étiquettes étaient «solides». Le fabricant avait aussi signalé que le contexte pour réaliser des acquisitions s’améliorait. Ces deux observations ont soulevé les attentes et le titre de 16% en Bourse, depuis le début de l’année.

Michael Glen est plus circonspect et estime que les résultats risquent de décevoir.

Alors que le titre se rapproche de son cours-cible de 71$, Michael Glen suggère à ses clients de faire preuve de patience et d’opportunisme pour choisir le bon moment d’acheter le titre parce que les résultats auront du mal à soutenir la comparaison par rapport à ceux d’un an plus tôt, jusqu’au troisième trimestre.

D’ailleurs, le bénéfice de 3,49$ par action qu’il prévoit pour 2023 est inférieur au consensus de 3,70$.

CCL devrait néanmoins bénéficier de certains facteurs favorables – dont l’impression par CCL Secure d’une partie des nouveaux billets britanniques à l’effigie du Roi Charles ainsi que les multiples transactionnels plus intéressants pour réaliser des acquisitions – mais l’analyste opte pour la prudence.

En tenant compte de tous ces éléments, ainsi que la nature peu «cyclique» des activités de CCL et sa gestion éprouvée, Michael Glen continue de croire que les prochains trimestres s’avéreront plus exigeants pour la multinationale.

L’analyste retire en quelque sorte sa recommandation d’achat. Il prévoit désormais pour le titre une performance égale à son secteur au lieu de le surpasser.

Le cours cible de 71$ représente un multiple inchangé de 11 fois le bénéfice d’exploitation prévu à la mi-2024, soit un peu plus que la moyenne de 10,6 fois depuis dix ans.

CCL dévoilera les résultats du premier trimestre lors de la première semaine de mai.