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À surveiller: Couche-Tard, Brookfield et First Capital

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Couche-Tard, Brookfield et First Capital

Alimentation Couche-Tard s'est montré intéressé à acquérir l'épicier français Carrefour SA. (Photo: Getty Images)

Que faire avec les titres de Couche-Tard, Brookfield et First Capital? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Couche-Tard (ATD.B, 38,05$): l’achat entier de Carrefour serait toute une transaction à digérer, l’action perd 8%

Bien qu’Alimentation Couche-Tard ait démontré dans le passé sa capacité à réaliser de grands coups d’éclat tout en préservant sa discipline financière, les avances préliminaires pour acquérir l’épicier français Carrefour SA risquent de «jeter de l’ombre» sur son titre jusqu’à ce que le marché ait une meilleure idée de la «destination» de ce détour inattendu, explique Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux.

L’effet de surprise fait d’ailleurs reculer l’action de 8% à l’ouverture des marchés. Pour connaître l’opinion de plus d’analystes, lisez notre texte : L’achat potentiel de Carrefour sème le doute, Couche-Tard perd 10%

De prime abord, ces discussions exploratoires surprennent puisque jusqu’ici Couche-Tard s’était entièrement concentrée sur les dépanneurs. Carrefour comptait toutefois 7 729 magasins d’accommodation à la fin du troisième trimestre, parmi un total de 12 775 établissements, précise l’analyste, soit environ 10% des revenus.

Il est toutefois possible d’imaginer que les parties puissent stratégiquement tirer profit de la mise en commun de leur chaîne d’approvisionnement, leurs relations clients et leurs pratiques de vente omni-canal même si les deux détaillants servent des marchés distincts, dit-elle.

Après tout, fait valoir Irene Nattel, la démarcation entre les commerçants est de plus en plus fluide parce que les formats de magasins grandissent et rapetissent sans cesse. Elle donne en exemple l’achat en octobre 2020 pour l’exploitation des stations d’essence EG Group et le fonds TDR Capital des hypermarchés britanniques Asda qui appartenaient à Walmart (WMT, 148,97 $US) pour 9,2 milliards de dollars américains.

Le PDG de Couche-Tard, Brian Hannasch, a répété dans une rencontre en novembre qu’il était un acquéreur d’actifs et de dirigeants de première qualité, rappelle Irene Nattel. En même temps, la société s’est retirée de transactions trop chères telles que Speedway et Cumberland Farms.

Couche-Tard a l’habitude d’exiger que les acquisitions offrent le potentiel d’ajouter de 30 à 50% au bénéfice d’exploitation. De plus, la société réussit à dégager un rendement de l’avoir des actionnaires de 25,7% et un rendement du capital de 17%, ce qui témoigne de la discipline financière de sa stratégie d’acquisition, renchérit Mme Nattel.

Étant donné la nature préliminaire des pourparlers entre Couche-Tard et Carrefour, l’analyste de RBC ne touche pas pour l’instant à ses prévisions ni à son cours cible de 55$.

 

Brookfield Asset Management (BAM.A, 38,71$): la privatisation du fonds immobilier devra convaincre

Brookfield Asset Management (BAM.A, 38,71$): la privatisation du fonds immobilier devra convaincre

La décision par le gestionnaire d’actif de fermer le capital de sa plus importante filiale dans une offre de 16,50$ par action ne convainc pas les investisseurs.

L’action de Brookfield a en effet perdu 5% et le titre performe moins bien que ses semblables américains et le secteur financier, note Mario Saric, de Banque Scotia.

À ce stade, l’analyste n’est pas trop surpris puisque les investisseurs concentrent leur attention sur les préoccupations que soulèvent la transaction plutôt que sur ses avantages à long terme.

Ce décalage procure une «bonne occasion d’acheter un titre de premier ordre susceptible d’accroître ses flux de trésorerie excédentaires de façon notable sur une période de deux ans et plus», fait valoir Mario Saric.

L’analyste ne croit pas que la transaction de 5,9 milliards de dollars affaiblira pour la peine les honoraires de gestion que Brookfield Property Partners (BPY, 21,39$) versaient à sa société-mère, surtout si des partenaires institutionnels se joignent à la transaction.

Brookfield pourrait en effet former de nouveaux fonds privés pour mettre en valeur certains actifs de Brookfied Property et prélever des honoraires.

L’analyste ne se soucie pas non plus du fait que la société-mère se prive de la valeur marchande que la Bourse accordait à sa filiale immobilière, qui représente 15% de la valeur d’actif nette de Brookfield.

La transaction ne réduira pas la flexibilité de Brookfield à réaliser quatre projets d’expansion sans avoir à émettre d’actions. Le gestionnaire récolte des capitaux de partenaires externes qui co-investissent à ses côtés et prévoit aussi revendre des immeubles dans un marché privé réceptif.

Ceci dit, Mario Saric s’attend à ce que Brookfield majore son offre à une fourchette de 17 à 17,50$ et augmente de 50 à 60% la part qui sera versée au comptant pour apaiser les actionnaires de Brookfield Property.

Brookfield rachète essentiellement sa filiale immobilière au moment où ses centres d’achats régionaux et ses tours à bureaux sont en défaveur. Elle pourra réinvestir les fonds requis pour les repositionner dans l’espoir de les remettre en valeur en privé à long terme.

Mario Saric renouvelle sa recommandation d’achat et son cours cible de 58,14 $.

First Capital (FCR.UN, 14,09$): le propriétaire de centres d’achats charcute sa distribution

First Capital (FCR.UN, 14,098$): le propriétaire de centres d’achats charcute sa distribution

Un mois après RioCan (REI.UN, 17,11$) c’est au tour du fonds immobilier à capital fermé First Capital de réduire sa distribution de moitié, à 0,43$, afin d’économiser 95 millions de dollars par année.

Le rendement de la distribution de 6% passe ainsi à 3%.

C’est un signe que les dommages collatéraux de la pandémie n’ont pas fini de se faire sentir, sur les centres d’achat en particulier.

Les dirigeants espèrent pouvoir rétablir la distribution d’ici deux ans.

«Le remède goûte rarement bon, mais normalement, il devrait accélérer la guérison» du patient, évoque Pammi Bir, de RBC Marchés des capitaux.

Ultimement, cette décision accélérera la réduction de la dette et devrait soutenir une évaluation structurellement plus solide à long terme, espère l’analyste. Les fonds économisés financeront aussi les projets en développement de 150 millions de dollars prévus en 2021.

«Le fonds prend la bonne décision. La vente d’immeubles fait toujours partie de la stratégie, mais réduire la dette améliore la flexibilité financière», ajoute Pammi Bir.

Ainsi, la nouvelle distribution représente dorénavant 46% des fonds générés par l’exploitation par rapport à 93% auparavant. Cette proportion est nettement inférieure à la moyenne de 84% pour les fonds de centres d’achat, précise l’analyste.

Le titre ne devrait pas trop souffrir en Bourse, croit-il, puisque cette coupe était en partie anticipée, le cours du titre est déjà 26% inférieur à sa valeur d’actif nette et le conseil d’administration du fonds immobilier prévoit le rétablir d’ici deux ans. L’action fléchit de 2% mercredi.

Cet écart d’évaluation se compare au rabais de 11% auquel s’échange le secteur des fonds immobilier en Bourse.

En conséquence, Pammi Bir recommande encore l’achat du titre et réitère son cours cible de 28$.